Les Sablons vont se chauffer au miscanthus
Avec sa nouvelle chaudière biomasse, la communauté de communes des Sablons veut conjuguer économies d’énergie, préservation de la ressource en eau, soutien à l’agriculture locale et réduction de son empreinte environnementale.

Mise en service fin 2026. La communauté de communes des Sablons installe une nouvelle chaudière collective qui sera alimentée au miscanthus. Le projet s'inscrit dans le Plan Air-Energie-Climat Territorial (PAECT), dans lequel la collectivité s'est engagée depuis 2020. Avec une ambition claire : réduire ses émissions de CO2 et ses consommations d’énergie tout en développant les énergies renouvelables localement. «Il s’agit à la fois de répondre à des enjeux environnementaux et économiques mais également de renforcer l’attractivité du territoire en pensant les besoins de demain», résume Sébastien Fournier, directeur général des services de la collectivité.
Créer un petit réseau de chaleur
C’est dans ce contexte que les élus, inspirés par la visite de la chaudière biomasse alimentée par du miscanthus à l’abbaye d’Ourscamp, ont décidé en 2022 de s’équiper d’un équipement similaire. «Nous étions en pleine crise énergétique. Il est alors apparu pertinent de créer un petit réseau de chaleur pour chauffer la piscine et le gymnase, deux équipements proches et très énergivores», rappelle Vanessa Rolland, Responsable Environnement de la communauté de communes.
Défini en interne avec l’ensemble des services, le projet a ensuite fait l’objet d’un marché public, remporté par Énergy & +, une entreprise implantée dans le Morbihan. «Nous avons fait le choix de lancer un marché de conception-réalisation. Cela nous permet d’être accompagnés de A à Z ce qui est beaucoup plus sécurisant pour un projet aussi technique et qui dépasse largement nos compétences», pointe Sébastien Fournier.
Estimée à 2,5 millions d’euros, la chaudière bénéficie déjà d’une subvention de 600 000 euros de l’État. La collectivité espère atteindre 50% de financement, en mobilisant des fonds de l’ADEME et en ayant recours à des certificats d’économie d’énergie (CEE).
Le choix du miscanthus
Comme à Ourscamp, et contrairement à la majorité des initiatives de ce type, la chaudière biomasse des Sablons ne sera pas alimentée au bois, mais au miscanthus. En plus de sa valeur énergétique, cette plante vivace ne requiert aucun intrant ni traitement particulier. «Cela vient répondre à une autre de nos problématiques : celle de la protection de la ressource en eau. Depuis des années, nous constatons que le taux de nitrates présents dans les nappes augmente. En 2025, nous avons même flirté avec la limite», explique Sébastien Fournier.
Si le miscanthus peut contribuer à l’amélioration de la qualité de l’eau, encore faut-il qu’il soit implanté sur les parcelles les plus polluées. Pour les identifier, la collectivité a donc travaillé avec le syndicat des eaux potables. En parallèle, la communauté de communes a imaginé tout un montage juridique pour gérer elle-même l’exploitation de ces champs, les règles de la commande publique rendant la contractualisation directe avec les agriculteurs trop complexe. «Nous avons conclu des contrats de location avec six agriculteurs, assortis de clauses environnementales spécifiques. En échange, nous verserons un loyer et une compensation, permettant aux exploitants de maintenir leur marge sans cultiver la parcelle», pointe Sébastien Fournier. Cette approche offre la possibilité d’apporter un soutien concret au monde agricole, tout en garantissant une maîtrise totale de la chaîne de production, du champ à la chaudière.
Un territoire laboratoire
40 hectares de miscanthus seront nécessaires pour assurer l’autonomie de la chaufferie. Si la moitié a déjà été plantée, il faudra attendre deux ans pour effectuer la première récolte. «La construction de la chaudière devrait débuter cet hiver, pour une mise en service fin 2026. Nous avons donc prévu d’acheter du miscanthus pendant un an environ, avant de pouvoir compter sur nos propres ressources», précise Vanessa Rolland.
Avec cette initiative, la communauté de communes des Sablons devient un véritable laboratoire de la transition énergétique à l’échelle locale. «C’est un projet ambitieux, mais où les risques sont maîtrisés», analyse Sébastien Fournier. «Il coche beaucoup de cases, puisqu’il conjugue transition environnementale, économies d’énergie et soutien à l’économie locale». Des atouts qui n’ont pas échappé à d’autres communes et collectivités territoriales, qui se sont d’ores et déjà rapprochées des Sablons pour en savoir plus. «À notre connaissance, ce modèle n’existe pas ailleurs», constate le directeur des services.
Pionnière, la communauté de communes n’en reste pas moins prudente, préférant se concentrer sur la mise en œuvre du chantier avant d’envisager la suite. «Nous avons effectivement la possibilité d’augmenter notre capacité de production, mais nous ne sommes qu’au tout début de cette aventure. Chaque chose en son temps», sourit en conclusion Sébastien Fournier.