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Économie

Meuse Attractivité : «Repartir sur des bases viables et solides»

Après avoir contrôlé les comptes et la gestion de Meuse Attractivité, la chambre régionale des comptes du Grand Est a rendu des conclusions sévères. Philippe Mangin, son nouveau président joue la carte de la transparence, en pleine refonte de la gouvernance de l’association créée en 2019. Rencontre.

© Région Grand Est. «Je suis dans une période de transition et de refondation qui demandent du temps», confie Philippe Matin, le président de Meuse Attractivité.
© Région Grand Est. «Je suis dans une période de transition et de refondation qui demandent du temps», confie Philippe Matin, le président de Meuse Attractivité.

Alexandra Marquet : Les conclusions de la chambre régionale des comptes se sont soldées par deux recommandations et un rappel du droit. Quelle est votre réaction ?

Philippe Mangin : Le rapport met le doigt sur un périmètre d'action qui n’est pas suffisamment délimité par rapport à la région Grand Est, au GIP Objectif Meuse, les EPCI ou les chambres consulaires, à juste titre. Depuis que je suis président, j’ai beaucoup écouté les différents acteurs, c’est vrai que l’action de l’agence est parfois ambiguë : on la rencontrait là où on ne l’attendait pas toujours et on ne la trouvait pas quand on en avait besoin, alors que l’agence doit être un ensemblier des acteurs du développement économique. Dans un département rural comme la Meuse, il est indispensable que ces acteurs puissent avoir un lieu de concertation, définissent entre eux des complémentarités et travaillent ensemble notamment dans le domaine de l’attractivité, nous ne pouvons pas agir de façon dispersée. C’est le premier rôle de l’agence. Or, cette mission n’a pas été clairement effectuée.

Face à ce constat, quelles décisions avez-vous prises ?

Je suis dans une période de transition et de refondation qui demandent du temps. Le directeur n’est plus dans nos murs et une procédure individuelle est en cours. La directrice de l’agence voisine, Marne Développement, assure l’intérim, de façon à retracer une feuille de route avec tous les acteurs. On verra ensuite si sa mission se prolonge. En parallèle, la gouvernance est en refondation totale. Plutôt que d’évoquer les dossiers trois fois par an en conseil d’administration comme c’était le cas auparavant, j’ai mis en place deux COPIL (un sur l’activité touristique et l’autre sur le développement économique) qui auront une fréquence de réunions soutenues. La gouvernance sera davantage participative et plus ouverte.

Avez-vous été surpris par ces manquements ?

Pas du tout, je ne pouvais pas me satisfaire de son fonctionnement en prenant la présidence de l’agence. D’ailleurs, la région avait lancé une alerte en commandant un audit de Meuse Attractivité avec des conclusions rendues en novembre 2024, conclusions qui n’ont jamais été présentées au conseil d’administration. Je vais donc jouer la transparence et nous allons nous pencher sur ces deux rapports (audit de la région et rapport de la chambre régionale des comptes) pour que chaque administrateur s’imprègne des disfonctionnements mentionnés que j’ai regroupés sous six axes critiques : la gouvernance, le financement, les ressources humaines, la comptabilité, la transparence financière, les procédures de commandes publiques. Nous sommes attendus pour accompagner les territoires, notamment des petites EPCI qui n’ont pas les moyens ou compétences. Plus que jamais, nous devons nous rassembler autour d’une même table pour travailler ensemble et combler les trous dans la raquette, ça mérite de la concertation et de la co-construction. Personne ne se sent légitime pour le faire, c’est notre rôle tant dans le développement économique que dans le domaine du tourisme. Nous avons des atouts que nous devons mieux vendre et arrêter d’avoir des offres dispersées.

Après la création en 2019 de Meuse attractivité, 2026 doit-elle marquer une étape clef ?

Tout à fait et le rapport de la chambre régionale m’aide dans ce sens. Je conteste juste un seul point sur le fait que nous n’avons pas su utiliser toutes les subventions qui nous ont été octroyées. On peut comprendre que lorsqu’on construit une agence, on a besoin de se constituer un petit trésor de guerre, ne serait-ce que pour protéger les salariés. Pour tout le reste, je suis d’accord avec les conclusions du rapport et nous allons partager ce diagnostic pour repartir sur des bases viables et solides.