Agroalimentaire
Objectif «valeur ajoutée» pour Berni
Rachetée en 2022 par la coopérative agricole Cobevial, actionnaire majoritaire du groupe Alliance, l’entreprise de salaison Berni installée à Verdun vient de fêter ses soixante-dix ans. Avec un investissement de près de neuf millions d’euros engagés entre 2024 et 2025, l’industrie agroalimentaire joue la carte de la diversification et de la modernisation pour assurer sa pérennité et renforcer sa rentabilité.

Un anniversaire célébré, il y a quelques semaines, marquant une nouvelle étape pour l’entreprise verdunoise Berni, spécialisée dans la fabrication de charcuterie dont le chorizo est le produit phare. À 70 ans, l’industrie agroalimentaire regarde clairement vers l’avenir après une période difficile marquée par l’inflation entre l’augmentation du coût de l’énergie liée notamment à son atelier de séchage mais aussi du prix de sa matière première, en l’occurrence, le porc qui s’affiche à + 100 %. Autant de surcoûts qui n’ont pas été répercutés sur le prix de vente. À l’heure où le secteur de la charcuterie voit sa rentabilité s’effondrer avec, selon la dernière étude de la Banque de France, près d’un tiers des entreprises qui enregistrent un résultat négatif en 2023. Les dernières tendances n’invitent d’ailleurs pas à l’optimisme, bien au contraire. Dans ce contexte, la société verdunoise a su tirer son épingle du jeu grâce à des choix stratégiques pris au bon moment. Arrivé en 2021, avant le rachat, Jean-Noël Pourprix, l’actuel directeur général, avait engagé une réflexion tournée vers «la recherche de valeur ajoutée.» Face à des produits ayant une marge faible, le responsable a misé sur une gamme tranchée, que ce soient les classiques ou les aides culinaires (allumettes ou dés de charcuterie) qui grossissent désormais les rayons des grandes surfaces. Son projet a été validé à la suite du rachat. Et tout s’est vite enchaîné. Pour faire progresser ses volumes, le site agroalimentaire a lancé d’importants travaux avec un agrandissement de sa superficie. Le projet industriel s’appuie désormais sur un atelier de tranchage qui est ainsi passé de 250 à 1 000 m2. Le chantier s’est terminé en fin d’année avec une mise en fonctionnement en décembre 2024.
Une forte montée en puissance
Si en 2022, 4 800 tonnes de charcuterie sortaient du site de production verdunois pour un chiffre d’affaires de 29,5 millions, en 2024, ce sont 5 400 tonnes pour un chiffre d’affaires de 39,5 millions. En 2025, l’entreprise atteindra son double objectif avec un volume de 6 200 tonnes pour un chiffre d’affaires de 45 millions d’euros. Une forte et rapide progression qui a été rendue possible par le renforcement des équipes. En 2022, l’effectif était de 110 salariés contre 160 en juin. Le projet industriel s’est accompagné d’un projet commercial qui s’est structuré par l’embauche d’un directeur commercial secondé par cinq salariés gérant les grands comptes et de dix commerciaux qui sont sur le terrain. Une véritable force de frappe. Leur dynamique commerciale explique la hausse des volumes mais pas seulement. Entre 2024 et 2025, neuf millions d’euros ont été injectés dans l’agrandissement de l’atelier et dans l’acquisition de matériels visant à renforcer l’autonomisation. L’entreprise a pu profiter du soutien financier du GIP Objectif Meuse pour un montant de deux millions d’euros. Après les efforts engagés par cette hausse d’activité rapide, le spécialiste de la salaison vise à ne pas miser que sur l’augmentation des volumes, mais plutôt à «se concentrer sur les produits les plus rentables.» À l’heure où tout le secteur est fragilisé, le dirigeant ajoute qu’il va «falloir piloter la croissance. Le plus gros enjeu reste la rentabilité de l’activité qui passe par la croissance, les investissements et les orientations commerciales.»
Construire et soigner son image
Peu connue du grand public, l’entreprise de salaison qui produit avant tout les marques distributeurs souhaite aujourd’hui renforcer et développer sa gamme de produits tranchés sous le nom Berni avec un tarif unique. Dès le mois de juillet, ils pourront d’ores et déjà être en rayon avec une gamme Écofine, une très fine, une autre baptisée 1954 (année de création de la marque). La direction espère d’ici un ou deux ans faire connaître son nom Berni et l’associer auprès des consommateurs à de la production française. Depuis quelques mois, l’entreprise communique tous azimuts sur les réseaux sociaux : Instagram pour les photos des produits, Facebook pour la vie de l’entreprise et LinkedIn pour les informations plus économiques. Un alternant s’en charge au quotidien avec la volonté de changer l’image de Berni, la faire mieux connaître mais aussi séduire les futurs salariés. Actuellement des dizaines de postes sont à pourvoir dans tous les secteurs. Si l’entreprise est parvenue, non sans mal, à recruter 50 personnes en deux ans, les besoins sont encore nombreux pour trouver encore des bras même si la société peut s’enorgueillir d’avoir su séduire des jeunes cadres. Autre projet qui allie communication, économie et écologie avec l’installation au cours du second semestre de 3 000 m2 de panneaux solaires. Verdir son image, jouer la carte de la transparence, développer sa propre marque et moderniser sa production avec sa gamme tranchée, l’entreprise Berni aborde l’avenir avec sérénité et détermination.