Alternance

Ouverture de la première formation horlogère du Grand Est

En septembre, un nouveau CAP horlogerie ouvrira ses portes au sein du lycée Saint-Louis de Bar-le-Duc. Portée par l’association l’Horlogerie des Ducs en partenariat avec le Campus des métiers Saint-Nicolas, cette formation en alternance sera accessible pour des jeunes détenteurs d’un baccalauréat. Huit à dix jeunes devraient constituer la première promotion.

© Johann Marin-Thiery
© Johann Marin-Thiery

L'idée ou plutôt le rêve est né dans la tête de Samuel Pasquier, il y a un peu plus de trois ans. Amoureux de son métier qu’il exerce à Bar-le-Duc depuis 2020, il partage le constat sans concession de la profession, dénonçant : «un niveau de formation qui ne cesse de baisser, sans oublier que chaque année plus de 600 candidats ne trouvent pas de places dans les trois plus gros centres français que sont Paris, Rennes et Morteau.» Un bilan désormais appuyé officiellement par France Horlogerie qui, après étude, révèle que ce sont bien 1 500 horlogers de plus qu’il faudra former d’ici à 2030. «Et si le Grand Est est reconnu pour ces métiers d’art, paradoxalement il n’y a aucune filière en horlogerie», ajoute le professionnel. Alors en créant il y a trois ans avec trois compagnons de route l’association l’Horlogerie des Ducs, l’objectif était tout simplement de partager sa passion en créant un pôle d’horlogerie à Bar-le-Duc autour d’un musée, d’une bibliothèque, des ateliers partagés et d’un centre de formation. L’enjeu est alors de «rendre accessible à tous l’horlogerie.» Pour assurer la pérennité du métier et lutter contre une formation qui perd de son éclat, Samuel Pasquier ne s’est tout simplement pas senti impressionné par l’ampleur du projet. Conscient du chemin à parcourir et des difficultés qu’il allait rencontrer, il a choisi d’avancer.

Avec son patron et ami, Loïc Alif, ils enchaînent les rendez-vous auprès des acteurs locaux avant de trouver une écoute bienveillante du côté de Sébastien Kieffer, le directeur du Campus des métiers Saint-Nicolas. Cette rencontre a déterminé la suite de l’aventure collective des Meusiens. Si le CFA accepte d’apporter une aide administrative, Damien Wodey, directeur de l’ensemble scolaire Jean-Paul II donne son accord pour accueillir la future formation en mettant à disposition deux salles dont l’une sera transformée en plateau technique. Initié depuis déjà dix-huit mois, ce rapprochement entre les trois partenaires a été contractualisé par une convention tripartite signée en 2024. Il reste désormais moins de trois mois pour préparer la prochaine rentrée qui devrait sonner fin septembre. Après une première salve de communication lancée tous azimuts, les candidatures se sont multipliées. «Nous en recensons une quarantaine dont certaines viennent de loin. Tous les jeunes doivent avoir leur baccalauréat puisque le CAP se fera en un an, mais le plus difficile pour eux va être de trouver un maître d’apprentissage», explique Samuel Pasquier. Un premier contrat a d’ores et déjà été signé à Metz avec le labo de l’Horloger.

L’exigence en ligne de mire

«Ce système par l’alternance nous permet de suivre le référentiel CAP horlogerie mais surtout, d’aller plus loin dans l’exigence», confie le président de l’association l’horlogerie des Ducs. Les stagiaires se retrouveront donc une semaine par mois à Bar-le-Duc pour suivre des cours prodigués par deux formateurs en horlogerie (technique et pratique) ainsi qu’un professeur en histoire de l’art. «Nous souhaitons garder la main et créer un lien ainsi qu’un suivi avec les maîtres d’apprentissage pour une meilleure continuité entre l’école et l’entreprise», assure celui qui a pour sa part déjà accompagné trois apprentis dans l’atelier qui l’emploie à Bar-le-Duc. «Le plus important est l’envie de transmettre, nous ne prenons pas des alternants pour leur demander de changer des piles mais pour les faire travailler sur des montres de prestige. C’est en tout cas mon état d’esprit.» Au-delà de la sélection des jeunes, le tout nouveau plateau technique qui est évalué à près de 400 000 euros est en cours d’aménagement. Si le campus des métiers s’est engagé à le financer, l’association multiplie les initiatives à l’image de son gala organisé à Bar-le-Duc le 17 mai dernier pour recueillir des fonds. Plusieurs mécènes se sont également manifestés à l’image du don de la manufacture française Pierre Lannier ; une reconnaissance pour les jeunes Meusiens mobilisés, qui espéraient ouvrir leur formation en 2027. Finalement, dès 2025, la première promotion sera réunie. En 2026, une seconde sera ouverte autour d’un Brevet des métiers d’art (BMA). Une réflexion est également lancée autour de la formation d’adultes en reconversion, compte tenu des demandes qui se multiplient. Avant même la coupe du ruban inaugural, le succès est déjà au rendez-vous à l’image des 200 personnes qui se sont pressées lors des journées portes ouvertes organisées en avril dernier au sein du lycée Saint-Louis de Bar-le-Duc. Les Meusiens font parler d’eux. Ils savent qu’ils seront attendus au tournant. «Nous aurons relevé le défi le jour où la profession recherchera spécifiquement les apprentis formés à Bar-le-Duc, quand notre formation sera associée à l’exigence et la qualité.» Une ambition clairement affichée.