Artisanat
Passer la main, tout en restant actif
Quatrième génération assurée pour l’entreprise Tournois installée à Bar-le-Duc depuis 1946 et spécialisée en électricité générale. Si Alexis, le fils, est désormais à la barre, Philippe, le père n’est jamais bien loin, assurant en même temps la présidence de la chambre de métiers et d’artisanat de la Meuse ainsi que celle de la CPME 55.

Une transmission en douceur et une continuité assurée. C’est le choix assumé de Philippe Tournois et de son fils, Alexis, qui a repris officiellement la tête de l’entreprise il y a quelques mois après avoir engagé de longues démarches administratives pour changer les statuts de la société. Et pour cause, quand Philippe Tournois a, en 1998, repris l’entreprise familiale créée par son grand-père, il était alors secondé par un seul salarié contre quinze aujourd’hui. Le choix de la SAS s’est donc imposé. Bien ancrée sur son secteur géographique, la structure a suivi progressivement l’évolution des technologies et renforcé son offre. Au-delà de l’électricité générale, du chauffage et du dépannage, la domotique, les panneaux solaires, la ventilation ou encore tout le volet sécurité-alarme se sont ajoutés. En 1998, Philippe Tournois avait également ouvert sa société aux appels d’offres. «La première fois, nous avions répondu à la sollicitation d’un architecte puis nous nous sommes pris au jeu qui permettait de développer l’entreprise et sa notoriété. Au début, nous avons pu compter sur le soutien des organisations professionnelles, car ce n’est pas simple», se rappelle-t-il. Actuellement, la moitié du chiffre d’affaires est assurée par la commande publique. Le visage des clients s’est aussi diversifié entre les particuliers historiques, les collectivités, l’OPH, le tertiaire, les agences immobilières, l’entreprise a su saisir les opportunités qui se présentaient à elle.
Observer puis prendre ses marques
Arrivé dans l’entreprise familiale il y a quinze ans, Alexis Tournois, a su trouver sa place en testant tous les postes : ouvrier, chef d’équipe, administratif. Désormais seul dirigeant, il avoue que rien n’était écrit par avance pour celui qui a fait son apprentissage et ses premières armes professionnelles ailleurs. «Je ne savais pas si je reprendrais. Mais finalement en travaillant ici, j’ai apprécié l’ambiance et tout s’est fait naturellement». Si son père détient 10% de la société actuelle aux nouveaux statuts, c’est aussi un signal envoyé aux différents acteurs qui gravitent autour de l’entreprise pour les rassurer. L’heure n’est donc pas à la révolution. La continuité est un atout pour celui qui a encore des clients de son grand-père et qui a décidé de mettre deux dépanneurs à disposition sur le terrain. «Nous devons un service réactif à nos clients» mais qui fait aussi ses choix, comme celui de la spécialisation et de la qualification, comme c’est le cas pour le marché du photovoltaïque. À partir du 1er octobre, un appel d’air pourrait d’ailleurs être observé avec la baisse de la TVA à 5,5, en attendant les précisions règlementaires.
Garder un pied dans l’entreprise et l’autre dans l’engagement collectif
Si Alexis met aujourd’hui toute son énergie dans l’entreprise, Philippe Tournois y passe encore du temps même s’il ajoute «avoir su déléguer depuis longtemps» en raison de ses divers engagements d’abord comme simple adhérent aux organisations patronales et professionnelles, suivant les pas de son père. Un engagement naturel mais aussi «le signe du besoin des entreprises artisanales de recevoir un appui technique, social ou fiscal». Au fil du temps, les responsabilités se sont multipliées comme président de la CPME depuis 2022 mais également président de la chambre de métiers et de l’artisanat depuis deux mandats. Un engagement qu’il souhaite poursuivre, tout en ne masquant pas un constat amer : «la région gère tout depuis Metz. Je souhaite qu’il y ait davantage de latitude offerte aux territoires pour renforcer la proximité et mettre en avant les particularités départementales. Nous avons clairement perdu en représentativité du monde rural, nous n’avons pas les mêmes préoccupations que les Messins», analyse celui qui ne cache pas ses ambitions avec une volonté de briguer la présidence de la chambre régionale de Métiers et de l'artisanat dont les prochaines élections sont prévues en 2026 ou 2027, selon les souhaits de Bercy qui souhaite reporter la date initiale. Que ce soit un pied dans l’entreprise et l’autre dans la représentation de la profession, la retraite n’a clairement pas sonné pour Philippe Tournois.