Industrie

Quand l’innovation marquée se transforme en Première usine

Spécialisée dans la conception et la production de solutions innovantes d’assemblage, la start-up Gaming Engineering installée à Lérouville amorce une étape clef de son développement avec le lancement prochain des travaux de construction de sa première usine. C’est à Commercy que la pépite industrielle posera ses valises. Objectif printemps 2026 pour le démarrage de ce nouvel outil industriel.

© Laurence Deleau- Partenariat réussi entre la CCI et Gaming engineering
© Laurence Deleau- Partenariat réussi entre la CCI et Gaming engineering

Partir de zéro dans l’industrie sans capacité d’investir. Est-ce encore possible ? À cette question, Maxime Grojean a une certitude : «C’est impossible sans innovation marquée.» Alors en 2016 quand il décide de se lancer dans la création d’entreprise, il affiche l’ambition de créer de la valeur grâce à la R&D pour apporter des nouveautés techniques, économiques et qualitatives au secteur de l’automobile. Avant même de créer Gaming Engineering, il déposera d’ailleurs des brevets. Après avoir créé une première solution de fixation pour les matériaux composite à l’heure où le marché de l’automobile cherchait à alléger le poids des véhicules en vue de limiter les émissions polluantes, il présente son innovation à des constructeurs et des équipementiers. Tous sont intéressés par son savoir-faire mais le secteur n’était pas encore prêt à prendre ce virage. Lui, ne peut pas les attendre. De ces premières rencontres, le jeune entrepreneur repartira avec une conviction et une nouvelle idée en tête pour répondre au problème des assemblages multi-matériaux. Si deux mastodontes se sont positionnés pour répondre au cahier des charges des constructeurs, lui revient avec une solution innovante, un an plus tard. Innovante parce qu’il ne répondait pas au cahier des charges mais aux réels besoins grâce à une solution de fixation basée sur le soudage par points baptisée ERWin (Electric Resistance Welding Insert). C’est le début de l’aventure.

Lever les verrous technologiques

Si sa conviction est forte, il se trouve alors confronté à la méfiance des professionnels qui ont dû faire face, par le passé, à des problématiques de stabilité liées au soudage. Pour lever les résistances et les verrous technologiques, il enchaîne les essais et identifie un partenaire en Lorraine, pour le soutenir, en l’occurrence l’institut de recherche technologique (IRT) M2P de Metz. Depuis quasiment sept ans, ce sont des millions qui ont été investis pour améliorer l’innovation. Et pour financer ce projet, le dirigeant a fait le choix de vendre des études aux constructeurs ainsi que son savoir-faire industriel. Les banques ont été sollicitées dans un second temps pour financer l’établissement pilote, après avoir décroché un premier contrat de frappe à froid avec Volvo. À partir de 2020, il lance un processus de recrutements composé d’apprentis ingénieurs désormais diplômés et en CDI, contrat cadre. Après avoir remporté en décembre 2023 l’appel à projets porté par Bpifrance dans le cadre de la reconquête industrielle France 2030, Gaming Engineering accélère le pas. Avec une technologie reconnue et une première application série en 2024 par Maserati qui constitue certes «un faible volume» mais «une superbe vitrine», l’effet boule de neige va inévitablement suivre. D’ailleurs, vingt constructeurs sont intéressés par l’innovation de Gaming Engineering qui est actuellement installée à Lérouville dans son bâtiment pilote.

Première usine

La prochaine étape est, pour la start-up qui s’appuie sur vingt personnes, le passage à l’échelle industrielle grâce à sa première usine. Ce sera le cas à Commercy, zone de Seugnon, rue de l’innovation (ça ne s’invente pas), face à l’usine Safran. Voilà pour l’environnement. Ce choix d’une implantation en Meuse tenait à cœur du dirigeant originaire de Commercy, dont sa mère tient la boutique À la Cloche Lorraine de la cité de la Madeleine. 15 millions d’euros vont être engagés dans ce projet avec la construction d’un bâtiment de 2 500 m2 sur un terrain d’1,7 hectare, l’acquisition de machines et dans la R&D qui se poursuit. Véritable signe de crédibilité, cette usine est essentielle pour la prise de commandes. C’est la CCI Meuse Haute-Marne qui va assurer le portage immobilier. «Nous sommes convaincus par ce projet innovant. Nous devons l’accompagner à passer à l’ère industrielle ce qui permettra à Maxime de concentrer ses investissements sur les machines, la R&D et les recrutements», confie Richard Papazoglou, le président de la chambre consulaire. L’usine devra être opérationnelle dans un an. Tous les partenaires financeurs seront sollicités (GIP objectif Meuse, Région) sachant que le projet bénéficiera d’un soutien de 5,5 millions d’euros de l’État au titre de France 2030.

Reconnaissance Mondiale

Au-delà du gain en poids, de la sécurité passager, Maxime Grojean met en avant également le rôle de ses innovations pour baisser le coût de production des véhicules et les rendre plus accessibles. «Tous les
savoir-faire sont disponibles en interne, des composants jusqu’aux installations robotiques pour une offre made in Meuse
» qui devrait partir à la conquête des constructeurs français et internationaux. Après avoir reçu l’adoubement d’un expert américain et avoir accueilli en mars une délégation japonaise, la start-up meusienne s’apprête à changer de statut. Le compte à rebours est désormais lancé.