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Un artisan luthier au service des musiciens

Régis Sala est luthier en guitares classiques et électriques, un art exigeant qu’il exerce avec passion depuis 20 ans. Installé depuis 2023 en centre-ville de Senlis, il y réalise aussi bien des réparations que des créations d’instruments.

Régis Sala est habité par la musique depuis l’enfance. © Aletheia Press / DLP
Régis Sala est habité par la musique depuis l’enfance. © Aletheia Press / DLP

«La musique fait partie intégrante de ma vie, mais je ne voulais pas devenir musicien. Alors, lorsqu’un copain m’a dit qu’il faisait un stage chez un luthier, il y a eu comme un déclic», se souvient Régis Sala aujourd’hui luthier à Senlis. Après un apprentissage en menuiserie/ébénisterie à Beauvais et un passage par l’école parisienne La Bonne Graine, ce natif du Val-d’Oise trouve un maître d’apprentissage à Épinay. Là, à ses côtés, il apprend «toutes les bêtises à ne pas faire», mais aussi l’exigence, la précision et la liberté que peut procurer ce métier.

«Il ne s’agit pas uniquement de fabriquer des guitares, il y a une vraie place pour l’imagination et la création», s’enthousiasme-t-il. Tout juste diplômé, il s’installe à son compte en 2004. Puis, il y a deux ans, Régis Sala fait le choix d’ouvrir une boutique-atelier en centre-ville de Senlis. «Ça a tout changé en termes de visibilité. C’est une ville très dynamique et tournée vers la culture : il y a ici au moins quatre écoles de musique et nous sommes proches de l’Île-de-France», confie le luthier qui assure en moyenne quelque 200 réparations et entre six et huit fabrications par an.

Un artisan entre deux mondes

À cheval entre deux mondes, l’artisan travaille aussi bien la lutherie classique, «la quintessence du métier, dit-il, celle où il n’existe aucun artifice et où l’on vient créer le son uniquement à partir du bois», que la lutherie électrique, notamment pour des groupes de métal, genre qu’il affectionne particulièrement. «Cette double pratique m’a permis de tisser des liens entre ces deux univers, d’améliorer ma technique et d’apporter des évolutions au monde de la lutherie classique, qui reste très conservateur», souligne Régis Sala, qui apprécie la diversité des demandes.

«Même s’il y a une part de mon activité où tout doit être fait dans le respect des règles de l’art, je ne refais jamais la même chose. C’est très stimulant», poursuit-il. S’il exerce aujourd’hui sereinement son métier, le luthier a mis 20 ans à s’épanouir pleinement. «C’est un métier très exigeant qui demande beaucoup de sacrifices», assure-t-il. Un engagement total au service de son art, qui lui a permis de se bâtir une solide réputation et de nouer des partenariats avec des revendeurs, dont un est installé à Tokyo. «Nous sommes aujourd’hui dans un marché mondialisé : il faut savoir communiquer, vendre, se faire connaître… Cela fait plus de sept ans que je fabrique une guitare par an pour ce client», indique-t-il.

Être au service des musiciens

Habité par la musique, Régis Sala s’emploie à se mettre véritablement au service des musiciens qui le sollicitent. «Ce n’est pas vous qui montez sur scène avec votre guitare. Il faut savoir écouter, comprendre les besoins de celui qui vient vous voir», souligne-t-il, alors qu’un client lui rend visite. «Il m’a fait une super réparation sur une de mes guitares, j’ai donc tout de suite pensé à lui quand j’ai eu ce projet de création», explique ce membre d’un groupe de métal. Ce dernier voulait un instrument confortable, avec une forme spécifique. «Quand vous jouez sur une bonne guitare, vous le sentez. Elle répond à ce que vous faites : ça sonne comme vous l’imagine», précise-t-il, admiratif devant ce modèle qui aura demandé près de 70 heures de travail.

«Mon dernier client m’a dit qu’il avait l’impression d’avoir cette guitare depuis toujours. C’est ça, la création, on apporte un supplément d’âme. C’est quelque chose que ne fera jamais l’industrie», sourit Régis Sala.