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Violences conjugales : une convention signée à Laon avec la ministre Aurore Bergé

Aurore Bergé, ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, était à Laon vendredi 20 juin. Après un état des lieux sur la gestion des féminicides, partagé avec les autorités judiciaires, les forces de l’ordre, le secteur médico-social et les associations impliquées, un dispositif de dépôt de plainte destiné aux femmes victimes de violences conjugales, sexistes et sexuelles, directement depuis l’ensemble des établissements de santé du département, a été lancé.

Aurore Bergé a signé une convention pour permettre le dépôt de plainte destiné aux femmes victimes de violences conjugales, directement depuis l’ensemble des établissements de santé du département.
Aurore Bergé a signé une convention pour permettre le dépôt de plainte destiné aux femmes victimes de violences conjugales, directement depuis l’ensemble des établissements de santé du département.

Les victimes, le plus souvent des femmes, de violences conjugales, sexistes et sexuelles, pourront directement porter plainte depuis n'importe quel hôpital dans l'Aisne. C'est pour signer cet engagement de l’État qu'Aurore Bergé, ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, s'est déplacée au groupement de gendarmerie de l'Aisne à Laon, vendredi 20 juin. Le dispositif prévoit aussi le recueil de preuves de violences par le corps médical même si la victime ne souhaite pas porter plainte dans l'immédiat. «Porter plainte est souvent un acte difficile et douloureux, rappelle la ministre. Les victimes auront désormais trois ans avec le recueil de preuves pour se décider et savoir si elles sont prêtes ou pas à entamer cette démarche qui n'appartient qu'à elles».

41 féminicides, 2 dans l'Aisne en 2025

Si Aurore Bergé est venue signer cette convention dans l'Aisne, c'est aussi parce que le département est particulièrement touché par les violences intrafamiliales. Depuis le début de l'année, 41 féminicides ont été recensés en France dont deux dans l'Aisne. «À chaque fois, ces deux femmes qui ont été assassinées dans des conditions épouvantables, avaient décidé de partir, de reprendre leur vie en main et leur liberté, cela démontre qu'il y a encore des hommes qui considèrent que les femmes sont leur propriété et doivent se conformer à ce qu'ils attendent d'elles au quotidien, souligne Aurore Bergé. C'est tout cela contre lequel nous nous mobilisons. Je veux penser à elles aujourd'hui, à Aline et à Sonia, qui ne sont pas des statistiques, derrière il y avait des vies qui ont été interrompues et des familles brisées».

Avant de signer cette convention, la ministre s'est longuement entretenue avec les autorités judiciaires, les forces de l’ordre, le secteur médico-social et les associations impliquées dont France Victimes, afin de partager un état des lieux de la gestion des drames. Au-delà de la convention qui généralise le dépôt de plainte dans l'ensemble des hôpitaux, elle a rappelé que ce combat qui doit être celui de toute la société est mené à travers différents dispositifs. «Il y a le numéro d'écoute, d'information et d'orientation le 3919 qui permet d'accompagner les victimes 24h/24 et 7j/7 sur l'intégralité du territoire. Le parc d'hébergement d'urgence a été doublé en cinq ans sur l'ensemble du territoire et en 2024, 150 femmes et 100 enfants ont été pris en charge dans l'Aisne, rappelle-t-elle. En parallèle, les bracelets anti-rapprochement et les téléphones grave danger se déploient. Je veux souligner le travail des travailleurs sociaux qui assurent une mission essentielle».

Un travail à faire auprès des jeunes

Autre dispositif existant : l'aide universelle d'urgence qui aide les victimes de violences à quitter leur foyer. Depuis un an et demi, 50 000 personnes en ont bénéficié en France dont 446 dans l'Aisne pour un montant moyen de 892 euros. La ministre rappelle aussi la création de l'agence de recouvrement des impayés de pensions alimentaires (Aripa) en 2017. «Pendant trop longtemps, des milliers de parents isolés, le plus souvent des mères, ont dû faire face seuls à l'absence de soutien financier à l'issue d'une séparation, rappelle la ministre. Désormais, l’État intervient, les pensions alimentaires non versées sont récupérées, versées sans délai aux familles et les mauvais payeurs sont poursuivis. La pension alimentaire n'est plus un outil de chantage entre les parents et notamment pour celui qui doit la verser».

Autant de dispositifs qui doivent permettre de mieux lutter contre le «fléau» de la violence. Un travail doit également être porté auprès de la jeunesse alors que peuvent s'installer des situations de dominations dans des couples adolescents. «C'est ce qui est revenu dans nos échanges avec les associations : une violence subie de plus en plus jeune avec un contrôle absolu du téléphone portable de l'autre, de ses messages, la mise en place de traceurs GPS, un contrôle de l'habillement de l'autre ou de ses réseaux sociaux.... Il y a un travail en profondeur à mener y compris avec l’Éducation nationale pour déconstruire cela dès le plus jeune âge et instaurer un respect de l'autre».