À Charolles, Batichêne donne un nouvel usage au chêne de qualité secondaire

Que faire du bois de chêne de seconde qualité, moins esthétique, avec plus de nœuds et plus tordu car provenant du sommet des arbres ? L’association Bois Croisés de Bourgogne, basée à Vendenesse-les-Châlles s’est fondée autour de cette problématique en réunissant des professionnels de la filière du bois, architectes, bureaux d’études, scieurs, transformateurs… Ensemble, à partir de 2012, ils ont cherché une finalité à ce bois moins sollicité. Après dix ans de recherche et développement, ils ont fini par lui trouver une utilité structurelle.

"Dans un environnement très normatif, il a fallu du temps pour concevoir le produit qui servirait au squelette du bâtiment" souligne Thibaut Louvet, chef de projet prescripteur pour Bois Croisés de Bourgogne. La solution Batichêne est un panneau CLT en chêne massif de grandes dimensions (jusqu’à six mètres sur trois), disponible en 2 épaisseurs : en 3 plis 62mm et 5 plis 104,5mm.

Pour a production à Charolles, les membres de l’association ont décidé de basculer l’association en une société réunissant six industriels. "L’association s’intéresse plutôt à la réflexion sur les usages du bois" complète Thibaut Louvet. L’outil de production de Bois Croisés de Bourgogne repose notamment sur les équipements et les compétences des différents actionnaires.

Plus proche donc plus responsable

La solution Batichêne vise non seulement à donner une finalité à un bois de seconde qualité, plus complexe à utiliser et plus singulier, mais aussi à créer un produit qui offre un mode constructif plus rapide à mettre en œuvre. Alors que les panneaux de lamellés collés se font généralement à partir de résineux, Batichêne se veut le premier en chêne à être sourcé et transformé en France. Il apporte une solution plus esthétique. "Il n’y a pas besoin de couvrir le panneau et on économise ainsi sur le second œuvre dans la finition" souligne le chef de projet.

Le chêne se révèle aussi plus résistant et le bois, plus dense, apporte une plus grande qualité thermique et acoustique. "Quand on analyse le cycle de vie de Batichêne, le chêne stocke plus de carbone. Comme nous nous approvisionnons dans un rayon de 150 kilomètres, nous avons un faible impact carbone d’autant que les sites de transformation sont à moins de cinq kilomètres les uns des autres" met en avant Thibaut Louvet.

Adapter la production

À côté des outils disponibles chez les industriels membres de Bois Croisés en Bourgogne, l’entreprise dispose d’une presse à membrane pour réaliser le collage sous-vide de bois croisés. "Nous pouvons produire 6 000 mètres carrés de panneaux CLT par an. Nous faisons de la production sur mesure car nous vendons en fonction des besoins d’utilisation pour être efficients sur la matière et ne pas avoir de chute" détaille le chef de projet.

La commercialisation a débuté en 2024. Les panneaux ont été, entre autres, utilisés dans le récent chantier de l’extension de l’IUT du Creusot. En parallèle, la Grande Exposition du Fabriqué en France qui s’est tenue à l’Élysée en novembre dernier a contribué à faire connaître le produit. "Il y a beaucoup d’inertie dans la filière mais nous voulons faire valoir le circuit court" avance le responsable. Si les commandes venaient à affluer, Bois Croisés de Bourgogne passerait sa production à 12 000 voire 18 000 mètres carrés en se dotant de presses à membrane complémentaires.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert