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A Paris, la relation cyclistes-piétons en quête d'équilibre

Sur la piste cyclable du boulevard Sébastopol, dans le centre de Paris, l'arrivée des beaux jours a fait grossir les troupes: les passages y sont incessants. Pour les piétons, il est ainsi bien difficile de se frayer un chemin sur certaines artères de la...

Des cyclistes traversent une rue de Paris à l'heure de pointe, le 8 octobre 2024 © Thomas SAMSON
Des cyclistes traversent une rue de Paris à l'heure de pointe, le 8 octobre 2024 © Thomas SAMSON

Sur la piste cyclable du boulevard Sébastopol, dans le centre de Paris, l'arrivée des beaux jours a fait grossir les troupes: les passages y sont incessants. Pour les piétons, il est ainsi bien difficile de se frayer un chemin sur certaines artères de la capitale, suscitant des conflits d'usage avec les cyclistes. 

"Quand je m’arrête à un feu rouge, les piétons parfois ne comprennent pas et me disent +mais allez-y, Madame !+. Mais je respecte la priorité piétons !", dit Chantal Cousin, 73 ans, pédalant l'air goguenard sur le pont de Tolbiac enjambant la Seine, dans le sud-est de la capitale. 

"Le grand nombre de cyclistes sur une piste peut faire stresser. Parfois on peut avoir peur de s’arrêter au milieu du flux", avance Anouk, 26 ans, éducatrice dans un foyer pour jeunes, et cycliste au quotidien. 

Sur l'axe Sébastopol, le nombre de cyclistes passe de 7.000 par jour l'hiver à plus de 20.000 à partir du printemps. Des chiffres colossaux pour une infrastructure sous-dimensionnée. 

"Ce n'est pas toujours facile de savoir quand est-ce que l'on doit s'arrêter. Les feux ne sont pas clairs, je trouve, et parfois ils sont cachés par les piétons ou bien les cyclistes", poursuit la jeune femme qui fait tous ses trajets sur son vélo électrique, "qu'il pleuve ou qu'il vente". 

Après la séparation des flux, piétons d'un côté, cyclistes de l'autre, grâce à des pistes cyclables aménagées, avoir une signalisation claire est l'une des demandes de l'association Paris en Selle pour rendre la ville encore plus cyclable. 

Ses adhérents souhaitent de "grands" feux de signalisation sur les pistes cyclables, semblables à ceux des voies automobiles. Pour le moment, les "feux cyclistes" installés sont souvent de petite taille, donc moins visibles. 

Culture de la courtoisie

Par la voix de sa porte-parole Marion Soulet, l'association milite aussi pour le respect de la loi d’orientation des mobilités (LOM), qui stipule que d'ici à la fin 2026, les places de stationnement en amont des feux soient supprimées pour améliorer la visibilité. 

"C'est une question de co-visibilité", dit Marion Soulet qui voudrait que la mairie de Paris accélère sa mise en place pour respecter les délais d'application de la loi. "Beaucoup de cyclistes ralentissent quand ils voient que le feu passe au rouge, ils anticipent pour éviter de poser le pied à terre." 

David Belliard, adjoint à la mairie en charge des transports, pense qu'il faut "acquérir la culture du vélo", comme aux Pays-Bas, et "le permis vélo que nous mettons en place en CM2 va dans ce sens". 

"Côté cyclistes, en devenant nombreux on ne doit pas s'épargner de développer une culture de la courtoisie (...) en respectant les règles élémentaires avec les piétons", poursuit Marion Soulet qui prône une meilleure application du "Code de la rue". 

Ce dernier a été lancé par la mairie de Paris en juillet 2023 dans le but de pacifier les relations entre les différents usagers des rues parisiennes et de rappeler la priorité piétonne. 

Maud Gatel, élue MoDem au conseil de Paris, regrette que ce code soit intervenu si tard, car "la marche à pied est le premier mode de déplacement dans la capitale". "Après avoir fait beaucoup de sensibilisation", elle souhaite que la mairie passe à la verbalisation : "Il faut arrêter les comportements anxiogènes voire accidentogènes. Ca suffit: trop de cyclistes ne respectent pas le code de la route".

Les panneaux M12, ces petits triangles placés sous les feux qui permettent aux cyclistes de passer au rouge sauf si un piéton est engagé sur le passage, peuvent aussi parfois créer de l'incompréhension dans la relation cyclistes-piétons. Il arrive que des cyclistes ne respectent pas cette priorité et que les piétons s'en agacent. 

Depuis plusieurs mois, la mairie multiplie les opérations de contrôle des cyclistes. 

"Nous y sommes favorables", abonde Marion Soulet, tout en rappelant que "le plus gros danger pour les piétons, ça reste les voitures."

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