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A Sarreguemines, l'"immense tristesse" après le suicide de Sara, 9 ans

Des roses blanches sur les grilles de l'établissement scolaire, des parents angoissés face au harcèlement: une "immense tristesse" frappe Sarreguemines (Moselle) après le probable suicide de Sara, 9 ans, qui...

Un véhicule de police devant l'école élémentaire Montagne supérieure à Sarreguemines, dans l'est de la France, le 13 octobre 2025 © Jean-Christophe VERHAEGEN
Un véhicule de police devant l'école élémentaire Montagne supérieure à Sarreguemines, dans l'est de la France, le 13 octobre 2025 © Jean-Christophe VERHAEGEN

Des roses blanches sur les grilles de l'établissement scolaire, des parents angoissés face au harcèlement: une "immense tristesse" frappe Sarreguemines (Moselle) après le probable suicide de Sara, 9 ans, qui subissait des "moqueries" à l'école. 

Les parents de l'enfant, retrouvée morte à son domicile samedi en fin de matinée, ont parlé à la police de "moqueries infligées à leur fille au sujet de sa corpulence par deux ou trois camarades d'école de sa classe de CM2", a souligné lundi dans un communiqué le procureur de Sarreguemines, Olivier Glady.

Sara ne possédait pas de téléphone portable ou de tablette grâce auxquels elle aurait pu être une utilisatrice habituelle des réseaux sociaux, a-t-il précisé.

"L'hypothèse privilégiée", confirmée par le médecin légiste de l'Institut Médico-légal de Strasbourg, "est celle d'un suicide", selon le procureur. La fillette, dont le corps a été trouvé dans la chambre d'un de ses frères, "avait laissé auparavant en évidence, déposé sur le lit, un court billet d'adieu et d'affection à l'attention de sa famille", a précisé le magistrat.

Lundi matin, une dizaine de parents se sont rassemblés devant l'école Montagne Supérieure, située à Beausoleil, un quartier parsemé de logements sociaux entourés de verdure.

"On a passé un weekend horrible, on n'arrive pas à dormir", témoigne une mère de famille, refusant de donner son nom. "J'ai vu une photo de son visage. Et depuis, je m'imagine, je me mets à la place de sa mère. Comment elle va vivre avec cette douleur?", ajoute-t-elle.

Insultes

Devant son école, un bâtiment orange d'un étage, des parents d'élèves se sont regroupés "en soutien" à sa famille mais aussi pour exprimer leur "inquiétude" et leur "colère" après le drame qui a frappé cette ville de 20.000 habitants située non loin de la frontière allemande.

"En classe, elle rigolait, elle était joyeuse un peu, mais des fois (d'autres enfants) l'insultaient", témoigne Abnor, 9 ans, camarade de classe de Sara.

"C'était souvent pas en classe, mais après l'école, quand on partait vers la route", raconte-t-il, ajoutant, "ils se moquaient".

"C'est pas gentil (...) On est dans un établissement scolaire, c'est pour apprendre, pour avoir un bon métier, avoir des sous, c'est pas un endroit pour harceler. Ni ici ni partout dans le monde", commente l'enfant.

Selon une proche de la famille de Sara, qui a voulu garder l'anonymat, un signalement du harcèlement avait déjà été effectué auprès de l'établissement.

"Je souhaite évidement que tout l'éclairage soit fait. Il y a une enquête de police, il y aura des conclusions, et il est hors de question que quoi que ce soit, s'il y a quoi que ce soit, reste sous le tapis", a déclaré à la presse le recteur de Nancy-Metz, Pierre-François Mourier.

Ca ne bouge pas

La police de Sarreguemines, chargée de l'enquête, se penchera en particulier sur "les circonstances de la vie scolaire de l'enfant depuis la rentrée" et "les événements susceptibles d'être intervenus dans sa vie hors du temps scolaire", selon le procureur.

Pour la mère d'Abnor, "les enfants et les parents doivent être entendus".

"Quand nos enfants reviennent et nous disent qu'ils se sont fait embêter, on a beau leur dire de le dire au maître ou à la maîtresse, ça ne bouge pas. On va plus loin, on voit la directrice, on fait ce qui est en notre pouvoir. Mais on ne peut pas faire plus", déplore une autre mère.

Des roses blanches ont été accrochées aux grilles de l'établissement avant d'être retirées dans la matinée.

Yoann Simon, un habitant de Forbach, à une vingtaine de km de là, est de ceux qui ont apporté une rose. "Il faut faire bouger les choses, le harcèlement ça devrait être puni", observe-t-il.

Selon une vaste enquête menée en novembre 2023, dans le sillage d'un plan interministériel contre le harcèlement scolaire, 5% des écoliers du CE2 au CM2, 6% des collégiens et 4% des lycéens sont considérés comme victimes de harcèlement.

Mère de deux enfants en CE1, Elsa Deichel-Bohrer est venue devant l'école pour soutenir "la famille de la petite", mais aussi "les élèves, parce qu'ils ne doivent pas comprendre ce qu'il s'est passé". 

Pour elle, il faudrait "leur parler plus que trois heures par an de harcèlement".

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