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À Senlis, Le Verbe et l'Objet : le pari réussi d'une librairie indépendante

Relancée il y a trois ans par Fannie Renault, la librairie indépendante senlisienne a retrouvé un nouveau souffle grâce à une ligner éditoriale et une programmation culturelle exigeantes.

Fannie Renault a repris Le Verbe et l'Objet il y a trois ans. © Aletheia Press / DLP
Fannie Renault a repris Le Verbe et l'Objet il y a trois ans. © Aletheia Press / DLP

Installée depuis plus de 25 ans à Senlis, la librairie indépendante « Le Verbe et l'Objet» devait fermer définitivement ses portes en décembre 2022. Mais, par un «concours de circonstances», elle a finalement été reprise par Fannie Renault, Senlisienne depuis 18 ans. «J'avais envie de créer un lieu où l'on puisse trouver ce que l'on cherche, mais surtout ce que l'on ne cherche pas», explique-t-elle. Avec patience, elle a su gagner la confiance d'une nouvelle clientèle qui apprécie autant le conseil que l'offre composée avec exigence par la libraire.

«Faire du volume grâce à un auteur à succès n'est pas une priorité. J'ai choisi de construire une proposition différente, pour provoquer des rencontres entre des lecteurs et un objet», poursuit la libraire. Ainsi, une attention toute particulière est accordée à la qualité des éditions choisies. «Aujourd'hui, certains disent “je vais chez Fannie”. Ce n'est pas encore gagné, mais on tient quelque chose» se réjouit-elle. Au cœur de cette maison dédié aux mots, se déroulent des conférences, des rencontres avec des auteurs, des cours d'aquarelle ou encore des expositions photo. «2026 sera l'affirmation des projets culturels que je vais cadencer de façon à privilégier la qualité plutôt que la quantité», annonce-t-elle.

Reconstruire et avancer

En reprenant un commerce dont la proposition ne correspondait plus aux attentes de ses clients, Fannie Renault avait conscience que la tâche serait rude. La première année, elle a donc décidé de se consacrer uniquement à la construction de nouvelles fondations. «Il s'agissait vraiment de remettre en ordre techniquement l'entreprise : reconstituer un fichier clients, retrouver la confiance des éditeurs, et transformer l'image de la librairie», résume-t-elle. Ouvert du mardi au samedi, de 10 h à 19 h, et le dimanche jusqu'à 13 h, le Verbe et l'Objet a progressivement imprimé sa différence avec sa façade orange et la personnalité de sa dirigeante.

«Il n'y a rien d'égocentrique dans ma démarche. Mais tenir une librairie indépendante, c'est aussi proposer une ligne éditoriale singulière, défendre des propositions fortes» souligne Fannie Renault. Ainsi un espace dédié au livre jeunesse, « du berceau au young adult », a vu le jour, tandis que les rayons se ouverts au développement personnel et aux ouvrages religieux. Enfin, le rayon érotique a été renforcé. «J'ai aussi amplifié la partie papeterie en quadruplant les propositions de carterie et j'ai renouvelé le matériel d'écriture avec une sélection plus premium» détaille la gérante.

Créer une proximité avec le lecteur

Cette transformation profonde s'est accompagnée d'un réaménagement de l'espace. «C'est un peu comme une vieille maison que l'on rénove progressivement», sourit Fannie Renault. Le petit cagibi du fond est ainsi devenu un boudoir noir et or dédié aux romans graphiques, qui s'ouvre désormais sur «la maison des mots». Donnant sur le jardin, ce lieu mi-salon, mi-atelier, reçoit lecteurs et auteurs dans un cadre unique. «Cela incarne vraiment le Senlis derrière les murs dont on parle régulièrement», note-t-elle.

Fannie Renault a également ouvert des pages sur les réseaux sociaux et lancé un site internet. Une digitalisation nécessaire pour offrir un service supplémentaire et renforcer le lien avec ses interlocuteurs. «Je suis un commerce de proximité, y compris en ligne : quand je poste une story, cela me permet d'être en contact avec mes clients, de rester proche d'eux», analyse-t-elle avant de se réjouir d'avoir bâti un lieu cohérent. «Cela me ressemble, sur le fond comme sur la forme. Ma priorité désormais, c'est d'asseoir économiquement une possibilité d'exister», conclut-elle.