À Wimille, un parc solaire citoyen voit le jour
Chemin du Houlouve, à Wimille, un champ de plus de deux hectares est en train de se transformer en un symbole local de la transition énergétique. D’ici l’automne 2025, 512 panneaux photovoltaïques seront installés par la SAS Énergie Citoyenne d’Opale (ECO). Ce projet, unique en son genre dans les Hauts-de-France, s’appuie sur une gouvernance citoyenne et une approche environnementale exigeante.

Le terrain, autrefois occupé par des baraquements canadiens après-guerre, est aujourd’hui une «dune plaquée», impropre à toute construction ou culture. Mais pour Nicolas Huret, directeur général de la SAS ECO, ce handicap est devenu une opportunité : «Ce terrain ne peut être dédié à l’agriculture, ni à la construction. Les tables que nous allons installer pour soutenir les panneaux seront démontables. Cela signifie que le site pourra être rendu à l’identique une fois le projet terminé». Sur un demi-hectare, 32 structures porteront les 512 panneaux photovoltaïques, pour une production estimée à 320 MWH par an, soit l’équivalent de la consommation électrique de 100 foyers hors chauffage.
Une gouvernance réellement citoyenne
La singularité de ce parc solaire réside autant dans son modèle énergétique que dans sa gouvernance. Fondée sous forme de SAS, ECO regroupe aujourd’hui 83 sociétaires, parmi lesquels figurent des particuliers, des entreprises, mais aussi des collectivités locales, dont la commune de Wimille. «Notre gouvernance est citoyenne, explique François Mulet, président de la SAS. Chacun a une voix, peu importe son poids financier». Une manière de replacer les habitants au cœur des enjeux énergétiques, tout en créant un modèle économique indépendant. «La prochaine révolution industrielle passe par la massification de la transition écologique. Ce projet citoyen est un acte fort, et nous espérons qu’il fera des émules», affirme un représentant de la SEM Hauts-de-France, partenaire engagé dans la dynamique REV3.
Le projet est d’autant plus remarquable qu’il a été monté sans subvention publique. Son coût – 288 000 euros – est couvert par les apports des sociétaires et un emprunt bancaire. Pour garantir la rentabilité sur le long terme, ECO a signé un partenariat avec Enercoop Hauts-de-France. «Nous avons travaillé ensemble le modèle économique afin de garantir un contrat d’achat de la production pour les 30 ans à venir», précise Maxime Durand, représentant de la coopérative.
Une attention particulière portée à la biodiversité
Au-delà de l’énergie verte, ECO mise sur un impact écologique positif. Le site, développé et initié par le Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale, a été repensé pour favoriser la biodiversité locale. Des haies ont été replantées, des clôtures installées et le reste du terrain, non utilisé pour les panneaux, servira d’espace naturel. Des moutons seront bientôt introduits pour entretenir l’herbe, sans machines ni intrants. «Nous mettons en place un vrai laboratoire pour favoriser la transition écologique», affirme Nicolas Huret. Une démarche saluée par les acteurs institutionnels.
Pour la municipalité de Wimille, engagée depuis plusieurs années sur les questions de développement durable, ce projet coche toutes les cases. «Nous sommes sensibles à ces questions, notamment sur les énergies renouvelables et la gestion de l’eau, souligne le maire Antoine Logié. Ce projet présente une belle mise en valeur écologique, donc c’est parfait». Le chantier avance à bon rythme. Les fourreaux d’électricité attendent déjà les câbles de raccordement, et les premières installations devraient entrer en service à l’automne.
Une prise de participation symbolique et engagée
Mais l’engagement d’Enercoop ne s’est pas limité à un rôle de conseil ou de prestataire. La coopérative est entrée au capital social d’ECO à hauteur de 41 000 euros, devenant ainsi l’un des sociétaires du projet. Un geste fort qui matérialise son soutien à la dynamique citoyenne, en cohérence avec sa mission. Prochainement, la SAS ECO intégrera à son tour la SCIC Enercoop Hauts-de-France, rejoignant le collège des 35 producteurs régionaux déjà membres. Une manière de renforcer les liens entre porteurs de projets citoyens et producteurs d’énergies renouvelables en région.