Accord commercial UE-USA: les Bourses mondiales circonspectes
Les marchés boursiers mondiaux ont finalement accueilli lundi avec scepticisme l'annonce d'un accord commercial entre Washington et Bruxelles, les places européennes craignant notamment les...

Les marchés boursiers mondiaux ont finalement accueilli lundi avec scepticisme l'annonce d'un accord commercial entre Washington et Bruxelles, les places européennes craignant notamment les conséquences d'un compromis jugé déséquilibré.
A la Bourse de New York, le Dow Jones a reculé de 0,14% tandis que les indices Nasdaq (+0,33%) et S&P 500 (+0,02%) ont grappillé quelques points pour atteindre de nouveaux records.
Interrogé par l'AFP, Angelo Kourkafas, d'Edward Jones, évoque "une réaction plus modérée que mitigée" à l'annonce de l'accord entre l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis.
En cause, selon l'analyste, la réception d'une "bonne nouvelle attendue" dont "une grande partie avait déjà été anticipée" vendredi.
Après une solide hausse à l'ouverture, l'enthousiasme s'est rapidement effrité en Europe: Francfort a cédé 1,02%, Paris 0,43% et Milan est restée stable (+0,01%) en clôture. Hors UE, Londres a perdu 0,43%.
Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont conclu dimanche en Ecosse un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis seront taxés à 15%.
Cet accord "permet avant tout d’échapper au scénario catastrophe: des droits de douane américains à 30 %, une escalade chaotique des représailles et une guerre commerciale totale", estime Apolline Menut, économiste chez Carmignac.
Mais la France, comme plusieurs pays européens, s'est dit déçue du compromis, le Premier ministre François Bayrou évoquant même un "jour sombre" pour l'Europe, qui "se résout à la soumission".
Paris a plaidé pour que l'Europe se montre plus ferme lors des négociations à venir sur ses modalités d'application.
"Cet accord évite certes le pire des scénarios, mais il installe un environnement économique international structurellement moins favorable pour les prochaines années", explique à l'AFP Stanislas de Bailliencourt, responsable allocation d'actifs chez Sycomore AM.
Il subsiste en outre "des doutes à moyen terme sur la viabilité politique et économique" de cet "accord tarifaire déséquilibré" au détriment de l'Union européenne, résument les analystes d'Edmond de Rotschild AM.
Le dollar s'envole
Dans ce contexte, le dollar reprenait du galon face à la monnaie européenne, grimpant de 1,31% à 1,1589 dollar pour un euro vers 20H50 GMT.
"Les nouveaux flux commerciaux seront positifs pour le dollar et les États-Unis, au détriment de l'euro et des entreprises européennes", justifie Kathleen Brooks, de XTB, interrogée par l'AFP.
Demi-tour pour l'automobile
Si le secteur automobile européen a débuté la séance dans le vert, soulagé par l'accord, il a rapidement basculé dans le rouge.
A Francfort, BMW (-3,28%), Mercedes (-3,17%), Volkswagen (-3,56%) et Porsche (-4,09%) ont perdu du terrain après avoir pourtant débuté la séance dans le vert. Même chose à Paris, Stellantis cédant 2,57% (et 4,24% à New York), et à Stockholm, avec Volvo en baisse de 1,15%.
La directrice générale du lobby européen des constructeurs automobiles ACEA, Sigrid de Vries, a pointé du doigt "l'effet négatif pour le secteur" de droits de douane à 15%, même si elle a salué une "désescalade".
Ils coûteront "des milliards chaque année aux entreprises automobiles allemandes", a déclaré Hildegard Mueller, présidente de la fédération des constructeurs automobiles allemands VDA.
La défense européenne voit rouge
En plus des droits de douane imposés aux produits européens, l'UE s'engage à 750 milliards de dollars d'achats d'énergie et à 600 milliards d'investissements supplémentaires aux Etats-Unis ainsi qu'à acquérir du matériel militaire américain.
De quoi plomber les valeurs de la défense en Europe: à Paris, Thales a reculé de 4,33%. A Francfort, Rheinmetall a cédé 3,46% et Hensoldt 5,05%. Saab a perdu 3,79% à Stockholm et Leonardo 0,97% à Milan.
Les spiritueux dans le flou
L'incertitude n'a pas été totalement levée pour certains secteurs: les exportateurs de vins et spiritueux doivent bénéficier d'une exemption mais attendent encore les détails.
A Paris, le géant Pernod Ricard a perdu 3,49% et Rémy Cointreau 3,45%. A Milan, Campari a cédé 2,62%.
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