Bâtiment
Apprendre par les gestes : la clef de la réussite
«Parcours vers les métiers du bâtiment : plaquistes-maçons» vient de se clôturer dans la Meuse avec à la clef 11 stagiaires formés et prêts à être embauchés. Financée par la Région Grand est et portée par l’organisme Afolor en partenariat avec la Capeb de la Meuse, cette opération vise à faciliter la mise en relation entre des personnes éloignées de l’emploi et des entreprises artisanales.

Une édition exceptionnelle qui se termine sous les chapeaux de roue. Pour cette troisième et dernière année, le parcours de formation vers les métiers du bâtiment : plaquistes et maçons se finit sur une note positive et un enthousiasme collectif. Démarré le 3 février dernier avec douze stagiaires, le cursus a pris fin le 13 juin dernier. Seule une personne a arrêté prématurément en mai dernier mais pour une bonne raison ; en l’occurrence la signature d’un contrat à durée déterminée avec l’entreprise artisanale qui l’accueillait. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de cette action de formation financée par la Région Grand Est, dans le cadre d’un appel d’offres remporté en 2023 par Afolor. Pour faire face à une pénurie de main-d’œuvre sur ces métiers en tension spécifiques et faciliter le recrutement des entreprises artisanales, le programme s’appuie sur un réseau de partenaires que ce soient la Capeb de la Meuse, les Missions locales, France Travail ou encore la Communauté de communes des Portes de Meuse.
Employabilité renforcée
En seulement quatre mois, les stagiaires ont suivi une formation individualisée avec 434 heures en salle et 245 heures sur le plateau technique d’Écurey mais également 175 heures soit cinq semaines de stages en entreprise. Neuf artisans locaux du réseau Capeb 55-52 et 51 ont joué le jeu et ont donc accueilli les professionnels en devenir. «On a tenu notre rôle principal qui est de transmettre avec des entreprises toujours volontaires et impliquées», confie Jean-François Régnier, le président de la Capeb Meuse, satisfait de cette dernière édition qui a su fédérer «une équipe qui avait envie de travailler et d’apprendre. Tous avaient un profil intéressant et adaptés aux métiers du bâtiment.» Ce parcours affiche, depuis sa création, des objectifs ambitieux avec une préparation à l’employabilité des stagiaires en leur apportant les bases techniques des métiers, en les accompagnant dans leurs démarches et en les formant aux modules nécessaires pour leur emploi futur avec une dizaine d’habilitations (sauveteur secouriste du travail, échafaudages fixes et roulants, habilitation électrique FEEBAT, Praxibat…). L’autre spécificité de ce cursus court est de s’appuyer sur l’apprentissage par les gestes. Au bout de quatre mois, ces stagiaires âgés de 21 ans à 56 ans ne repartent pas avec un diplôme mais un livret de compétences et de nombreuses réalisations (coffrages linteaux, poses d’enduits traditionnels, chainages horizontaux…) . Certains ont déjà contractualisé avec les entreprises artisanales qui les ont accueillis que ce soient avec un contrat d’apprentissage, un contrat à durée déterminée ou une mission d’intérim, d’autres devraient être rappelés dans les prochaines semaines, dès que de nouveaux chantiers seront signés.
Des freins identifiés
Si
les métiers en tension sont toujours d’actualité, en revanche, la
conjoncture s’est détériorée aux cours des derniers mois.
L’heure est à la frilosité. «On
navigue à vue, dans le brouillard. Avec des règles du jeu qui
changent constamment. Les dernières décisions du Gouvernement
concernant notamment ma Prime Rénov’ n’invitent pas à
l’optimisme alors que nous créons de l’emploi sur tout le
territoire»,
se désole Jean-François Régnier qui rappelle les dernières
données alarmantes avec des faillites multipliées par trois dans la
région et une progression des redressements judiciaires. En
attendant les prochains arbitrages gouvernementaux, le président
meusien met en avant «des
subventions qui profitaient aux ménages les plus fragiles et des
métiers autour de la rénovation énergétique qui intéressent les
jeunes en quête de sens».
Au-delà du contexte économique, l’autre frein est l’absence de
permis de conduire pour certains stagiaires. Dans un département
rural, comme la Meuse, la question de la mobilité est centrale pour
un retour à l’emploi durable.