Aveux, nouvelles enquêtes: le procès hors norme de Le Scouarnec en 5 dates clés

Des aveux d'"abus sexuels" sur sa petite-fille à la reconnaissance totale des faits, le procès de l'ex-chirurgien pédocriminel Joël Le Scouarnec a été marqué par cinq moments forts. A la veille du verdict, attendu mercredi, voici les principales dates de...

Joël Le Scouarnec le 22 mai 2025 lors de son procès devant les assises du Morbihan à Vannes © BENOIT PEYRUCQ
Joël Le Scouarnec le 22 mai 2025 lors de son procès devant les assises du Morbihan à Vannes © BENOIT PEYRUCQ

Des aveux d'"abus sexuels" sur sa petite-fille à la reconnaissance totale des faits, le procès de l'ex-chirurgien pédocriminel Joël Le Scouarnec a été marqué par cinq moments forts. A la veille du verdict, attendu mercredi, voici les principales dates de ce procès hors norme et long de trois mois.

- Le 28 février: des "abus sexuels" sur sa propre petite-fille

Fin février, les premiers jours du procès sont marqués par le témoignage de plusieurs proches de Joël Le Scouarnec dont ses trois fils et celle qui fut son épouse pendant près de cinquante ans, Marie-France.

Leurs auditions révèlent au grand jour une famille régie par l'inceste et les non-dits.

Le 28 février, Joël Le Scouarnec avoue des "abus sexuels" sur la fille de son fils aîné, en présence de ce dernier. Des suites judiciaires seront données, annonce dans la foulée l'avocat général, Stéphane Kellenberger.

- Le 20 mars: une enquête pour "victimes non identifiées" ouverte

Collectionneur forcené, l'accusé répertoriait ses victimes dans des fichiers où il décrivait soigneusement les violences sexuelles qu'il leur faisait subir.

Ce sont ces "carnets" qu'une enquêtrice a exploité selon une méthodologie qu'elle doit exposer à la cour. Mais, appelée en visio-conférence alors qu'elle est en arrêt maladie de longue durée depuis cette enquête, la gendarme s'effondre en larmes.

Ce sera le directeur d'enquête qui sera interrogé sans répit, pendant cinq heures, par la cour le 28 février, notamment sur les erreurs ou lacunes des investigations. Avec en point de mire, la question d'éventuelles "victimes oubliées".

Le 20 mars, le parquet de Lorient annonce avoir ouvert une nouvelle enquête concernant "des victimes éventuellement non identifiées ou nouvellement déclarées" d'"agressions sexuelles et viols" perpétrés par l'ex-chirurgien viscéral.

- Le 20 mars: la reconnaissance totale des faits

"Dès le début du procès, un fléchissement véritable" de Joël Le Scouarnec vers un aveu complet est "perçu", affirme lors de ses réquisitions le 23 mai Stéphane Kellenberger.

Ce "fléchissement" est notable dès le 3 mars, quand l'accusé admet avoir violé sa voisine âgée de six ans, alors qu'il avait persisté à le nier tout au long d'un procès à Saintes, en 2020, au terme duquel il avait été condamné à 15 ans de réclusion criminelle.

Puis, le 7 mars, Joël Le Scouarnec est confronté à Amélie Lévêque. Dans ses carnets, il n'a consigné qu'un regard accompagné de pensées pédophiles - elle, pour sa part, se souvient d'un viol. 

"Ça ne peut pas être inventé (...) cela ne peut que correspondre à une réalité", dit-il, admettant qu'il s'agissait d'un viol.

Le 20 mars, Joël Le Scouarnec, accusé de violences sexuelles sur 299 victimes dont une majorité étaient des patients mineurs au moment des faits, annonce reconnaître sa culpabilité pour l'intégralité des faits.

Il ira plus loin encore le 20 mai, disant se sentir "responsable" de la mort de deux victimes, l'une par overdose et l'autre par suicide.

- Le 19 mai: des instances médicales aveugles

Le 19 mai, plusieurs anciens hauts cadres d'institutions médicales sont convoqués devant la cour pour répondre à une question: comment Joël Le Scouarnec, condamné dès 2005 pour détention d'images pédocriminelles, a-t-il pu continuer à être chirurgien et à faire impunément des victimes pendant plus d'une décennie?

Mais la cour n'aura pas de réponse: les uns après les autres, les témoins se défaussent de toute responsabilité, blâmant le "mille-feuille administratif français" et ulcérant les parties civiles.

"S'il y a un seul coupable ici, il n'y a pas un seul responsable", résume Me Thibaut Kurzawa, un des avocats de Joël Le Scouarnec.

- Le 23 mai: Le Scouarnec annonce ne vouloir "aucune mansuétude"

Le 23 mai, au terme de deux jours et demi consacrés aux plaidoiries des parties civiles, l'avocat général requiert contre l'accusé 20 ans de réclusion criminelle assortie de toute une série de mesures de sûreté en raison "de risques très élevés de récidive".

Lundi, Joël Le Scouarnec a annoncé ne demander "aucune mansuétude" mais "simplement le droit de devenir meilleur".

La cour rendra son verdict mercredi.

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