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Brigitte Bardot, icône du 7e art et de la cause animale, est décédée

Star planétaire, incarnation mythique de la femme libre puis passionaria de la cause animale coutumière des sorties polémiques: Brigitte Bardot est décédée dimanche à l'âge de 91 ans, longtemps après avoir tiré un trait sur...

L'actrice française Brigitte Bardot donne une conférence de presse en décembre 1965 à Hollywood © -
L'actrice française Brigitte Bardot donne une conférence de presse en décembre 1965 à Hollywood © -

Star planétaire, incarnation mythique de la femme libre puis passionaria de la cause animale coutumière des sorties polémiques: Brigitte Bardot est décédée dimanche à l'âge de 91 ans, longtemps après avoir tiré un trait sur la célébrité et le monde du cinéma.

L'actrice de "Et Dieu... créa la femme" et du "Mépris" est décédée à l'aube dans sa célèbre résidence de La Madrague à Saint-Tropez, aux côtés de son mari Bernard d'Ormale, selon Bruno Jacquelin, directeur des relations publiques de la fondation qu'elle avait créée.

Il était 05H55. "Elle lui a dit tout doucement son petit mot d'amour qui est +piou piou+. Et c'était fini", a-t-il relaté sur BFMTV.

Sur place, quelques habitants sont venus lui rendre hommage, comme Julia Gangotena, 36 ans, qui a "couru" à la Madrague pour déposer quelques roses blanches, juste avant que les gendarmes ne barrent le chemin de terre.

"Elle a tout le temps été là", a confié, en larmes, Nathalie Dorobisze, une Tropézienne de 50 ans.

C'est dans la matinée que la fondation Brigitte Bardot, dédiée à la cause animale, a annoncé le décès de celle qui a aussi été chanteuse, avec des tubes  comme "La Madrague".

Même quand ça dérange

"Nous pleurons une légende du siècle", a réagi le président Emmanuel Macron sur X.

Sur le même réseau social, Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement national avec lequel Brigitte Bardot ne cachait pas sa proximité, a rendu salué une femme "incroyablement française: libre, indomptable, entière".

Ces dernières années, Brigitte Bardot, qui avait incarné la libération des moeurs dans la France d'avant mai 1968, se distinguait surtout par ses déclarations sur la politique, l'immigration, le féminisme, les chasseurs... dont certaines lui ont valu des condamnations pour injure raciale.  

"La liberté, c'est d'être soi, même quand ça dérange", proclamait-elle, bravache, en exergue d'un livre intitulé "Mon BBcédaire", sorti début octobre. 

Avant de faire parler d'elle pour ses prises de position, celle qu'on surnommait par ses initiales B.B. fut rien de moins qu'un mythe.

Celui d'une femme affranchie, des codes moraux, vestimentaires, amoureux et sexuels et... de ce qu'on attendait d'elle. Une femme qui n'avait "besoin de personne", comme lui faisait chanter Serge Gainsbourg en 1967, connue à Cannes comme sur les plages brésiliennes.

Deux scènes de légende

Première personnalité à avoir prêté ses traits au buste de la Marianne républicaine, Brigitte Bardot fut une sorte de Marilyn Monroe à la française, comme elle blonde, à la beauté explosive et à la vie privée tumultueuse.

B.B., Marilyn, "je suis sûr que leurs deux étoiles forment le plus beau duo du ciel", a salué auprès de l'AFP Francis Huster, qui avait tourné avec Bardot en 1973.

Marilyn était "une femme qui a été exploitée, que personne n'a compris, qui en est morte du reste", se souvenait Bardot.

Une erreur qu'elle ne reproduira pas en prenant la tangente à 39 ans, laissant derrière elle une cinquantaine de films et deux scènes entrées au panthéon du 7e art: un mambo enfiévré dans un restaurant de Saint-Tropez ("Et Dieu... créa la femme", 1956) et un monologue où elle énumérait, nue, les différentes parties de son corps, en ouverture du "Mépris" (1963).

Plus qu'une actrice, "c'était la France", a salué le cinéaste Claude Lelouch sur BFMTV: "Je me rappelle très bien le général De Gaulle, que j'avais rencontré un jour, il m'avait dit : +La France, c'est moi et Brigitte Bardot+".

Rien ne prédestinait la jeune Brigitte à ce destin: née dans une famille bourgeoise parisienne en 1934, elle se passionne pour la danse et s'essaie au mannequinat. 

Elle épouse à tout juste 18 ans son premier amour, Roger Vadim, qui lui confie le rôle de Juliette dans "Et Dieu... créa la femme", qui va bousculer l'ordre établi et lui coller l'étiquette de sex-symbol.  

Face au succès du film, elle enchaîne les tournages, déchaîne les passions et se brûle aux feux de la rampe. 

En 1960, au faîte de sa gloire, elle accouche d'un garçon, Nicolas, son seul enfant, sous l'oeil inquisiteur de la presse. Se disant dénuée d'instinct maternel, l'actrice laisse son mari Jacques Charrier élever leur fils. 

Elle épousera ensuite le millionnaire allemand Gunter Sachs puis l'industriel Bernard d'Ormale, proche du Front national. 

Bébés phoques

Elle devient alors une autre Bardot, figure de la cause animale. Le déclic a lieu sur le tournage de son dernier film, "L'histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise" (1973), face à une chèvre qu'elle achète et installe dans sa chambre d'hôtel.  

Défense des éléphants, opposition aux abattages rituels, à la corrida ou à la consommation de viande de cheval... le combat ne fait que commencer.

Elle se rend sur la banquise en 1977 pour alerter sur le sort des bébés phoques, une séquence ultra-médiatisée qui fera la Une de Paris Match et lui laissera des souvenirs amers.

L'essentiel de sa deuxième vie se déroule à l'abri des regards, dans le sud, entre La Madrague et une deuxième résidence plus discrète, La Garrigue. Elle y recueille des animaux en perdition et gère la fondation à son nom, créée en 1986.  

Dans une interview accordée en mai à BFMTV, elle confiait avoir envie "de la paix, de la nature" et vivre "comme une fermière". Cet automne, elle avait été hospitalisée pour une intervention chirurgicale dont la nature n'avait pas été révélée. 

Evoquant la mort, elle avait prévenu vouloir éviter la présence "d'une foule de connards" à son enterrement. 

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