Budget de la Sécu: le pari réussi d'Olivier Faure
Olivier Faure misait gros. En mettant tout son poids dans la balance pour faire adopter par l'Assemblée le budget de la Sécu, que peu souhaitaient endosser il y a encore quelques jours, le patron du PS a réussi son...
Olivier Faure misait gros. En mettant tout son poids dans la balance pour faire adopter par l'Assemblée le budget de la Sécu, que peu souhaitaient endosser il y a encore quelques jours, le patron du PS a réussi son pari, celui du compromis avec les macronistes.
Un rejet du budget de la Sécu "serait un échec personnel pour moi", reconnaissait-il pendant la journée de mardi, quand l'issue du vote était encore incertaine et qu'il cherchait, de son propre aveu, "à convaincre des gens de toutes formations politiques" de voter pour ce texte. Poussant ainsi le député RN Laurent Jacobelli à ironiser: "Olivier Faure devient officiellement ministre des Relations avec le Parlement".
Car lundi matin, le dirigeant socialiste avait fait tapis en appelant les députés de son groupe à voter pour ce budget "de compromis" de la Sécurité sociale afin qu'il puisse être adopté, faute de majorité par ailleurs.
C'était là un - léger - tabou qui sautait, tant les socialistes n'osaient admettre qu'il faudrait donner un feu vert à ce budget, pour que soit validée notamment la suspension de la réforme des retraites, véritable victoire à leurs yeux. Et sans usage du 49.3 par le gouvernement, comme ils l'avaient demandé.
"On cherche la possibilité de s'abstenir", promettait encore il y a moins de deux semaines un cadre PS.
Mais les abstentions annoncées des Républicains et de Horizons - qui font pourtant partie du "socle commun" avec le parti présidentiel Renaissance - ont poussé les socialistes à franchir le Rubicon: sous l'impulsion d'Olivier Faure, 63 des 69 députés socialistes ont finalement endossé le budget de la Sécu mardi soir.
"C'est une victoire politique qu'il a su construire de manière patiente, précise et inédite pour améliorer la vie des Français", se félicite auprès de l'AFP Pierre Jouvet, le secrétaire général du PS.
Affirmation socialiste
Malgré les habituels procès en trahison des Insoumis - qui reprochent à Olivier Faure d'être devenu un supplétif de la Macronie et un soutien du gouvernement - les socialistes se vantent d'avoir "nettoyé le musée des horreurs" que constituait à leurs yeux le projet initial du gouvernement.
Pour ce faire, le flegmatique député de Seine-et-Marne, réputé fin tacticien mais difficilement sondable, a pu compter sur la bonne relation qu'il a su nouer avec le Premier ministre Sébastien Lecornu - alors que ses rapports avec l'ancien locataire de Matignon François Bayrou étaient bien plus mauvais.
"Faure et Lecornu ils ont une histoire d'amour. Ils s'appellent le matin pour se dire +ça va t'as bien dormi?+", raconte avec humour un cadre socialiste.
Mais pour quels gains finaux?
Le budget de la Sécu n'est pas encore officiellement voté par le Parlement, et doit retourner au Sénat avant de revenir une dernière fois à l'Assemblée, pour être adopté définitivement.
Et sur le budget de l'Etat (PLF), encore à l'examen par le Parlement, la partition s'annonce encore plus compliquée tant la version initiale du gouvernement semble difficilement acceptable pour les socialistes.
"Si le gouvernement veut reproduire l'exploit de faire voter un PLF comme le PLFSS, il faut qu'il ait la même approche" de compromis, a résumé Olivier Faure mardi soir.
"Pour l'instant, il n'y a aucune voie de passage pour arriver", a-t-il cependant mis en garde sur BFMTV, prédisant le recours par le gouvernement d'une "loi spéciale" sur ce budget.
Cette méthode a en tout cas permis au PS de reprendre un rôle central sur l'échiquier politique à l'approche des élections municipales, notamment en rompant définitivement avec La France insoumise.
"Avec le budget, le PS veut faire de l'affirmation socialiste en vue des municipales. Ils veulent apparaître le plus éloigné de nous possible. Mais en faisant cela, ils actent leur nouvelle alliance avec les macronistes et surtout entérinent des reculs sociaux terribles", dénonce l'eurodéputée et cadre LFI Manon Aubry.
Outre l'échéance de 2026, la présidentielle de 2027 pourrait-elle également être un objectif pour Olivier Faure? Malgré ses volontés de compromis ces derniers mois, sa cote de popularité n'a pas explosé.
"Ces derniers temps, il a fait plein de JT de 20h et rien n'a changé pour lui dans les sondages. Je ne l'explique pas", note le cadre socialiste susnommé.
L'intéressé, lui, jure ne pas s'en préoccuper.
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