Rencontre avec Bernard Haesebroeck, maire d’Armentières, sur la réhabilitation de la friche Motte-Cordonnier

«Ce projet a su préserver notre patrimoine historique»

C’est l’une des plus vastes et emblématiques friches industrielles d’Armentières, qui s’étend sur 13 hectares le long de la Lys. Une friche qui a entamé sa métamorphose pour devenir un éco-quartier, adossé à un pôle de loisirs. Bienvenue sur le site de l’ancienne brasserie Motte-Cordonnier !

Etendue sur 13 hectares le long de la Lys, la friche Motte-Cordonnier a entamé sa métamorphose pour devenir un éco-quartier, adossé à un pôle de loisirs. © Ville d’Armentières
Etendue sur 13 hectares le long de la Lys, la friche Motte-Cordonnier a entamé sa métamorphose pour devenir un éco-quartier, adossé à un pôle de loisirs. © Ville d’Armentières

La brasserie Motte-Cordonnier, qui a longtemps contribué à la prospérité économique de la ville, est inaugurée en 1923. Le succès de ses bières nécessitera une extension continue du site des années 1930 jusqu’aux années 1990. Après une série de restructuration, la brasserie cesse son activité en 1993 au grand désespoir de toute une ville, et devient un centre de conditionnement et de distribution d’un industriel belge jusqu’en 2002.

La réhabilitation de l’ensemble des bâtiments classés de la Brasserie-Malterie en 130 logements est portée par Histoire & Patrimoine via un investissement de 35 millions €. © Ville d’Armentières

Une architecture inspirée de l’époque industrielle

Désaffectée depuis une vingtaine d’années, l’ancienne usine servait de site d’entrainements aux pompiers. Pour autant, les imposantes façades et l’étoile du brasseur restaient les symboles de ce glorieux passé. La malterie et la brasserie ont d’ailleurs été inscrites au titre des monuments historiques en 1999. Mais l’histoire ne pouvait s’arrêter ainsi, sans offrir à la brasserie une seconde vie. «Il y a beaucoup de friches à Armentières, ce qui implique donc une reconstruction de la ville sur elle-même» explique Bernard Haesebroeck, maire d’Armentières, «mais lorsque l’activité du site s’est définitivement arrêtée, c’était pour nous un énorme caillou dans la chaussure ! Mais nous avons eu la chance que son propriétaire, un groupe Belge, accepte de négocier pour réhabiliter la friche». L’étude du projet est dès lors confiée au Groupe Maes Architectes Urbanistes qui propose dès lors la construction d’un nouveau quartier autour du sport, de la santé et des loisirs.

Composé de 256 logements, d’une cellule commerciale et d’une résidence intergénérationnelle Maisons de Marianne by Clésence, le projet ‘‘Héritage Motte-Cordonnier’’ fait écho à l’histoire du site par une architecture contemporaine qui s’inspire toutefois de l’époque industrielle, de par notamment la présence de briques rouges et de toitures en dents de scie. La promotion immobilière est confiée au Groupe Edouard-Denis, avec une livraison des premiers logements dès avril 2021 pour une remise des dernières clés prévue en 2025. 

Avec un enjeu majeur sur cette opération : la réhabilitation de l’ensemble des bâtiments classés de la Brasserie-Malterie en 130 logements. «Les travaux seront réalisés en deux phases, la phase 1 étant en cours, pour proposer des lofts autour d’une esplanade extraordinaire sur les bords de la Lys, où arrivait auparavant le malt livré par péniches». Une opération menée par Histoire & Patrimoine, entité spécialisée dans la rénovation de bâtiments de prestige, via un investissement de 35 millions € bénéficiant d’une défiscalisation. «Divers assouplissement ont été consentis par les architectes des bâtiments de France, pour créer des ouvertures sur les façades par exemple, et une défiscalisation sans laquelle je ne suis pas certain que l’opération aurait pu être validée par les investisseurs. Et je dois dire que je suis agréablement surpris par ce projet, il a su préserver notre patrimoine historique et le tout par un financement entièrement privé !»

Un pôle de loisirs en 2026

Dans la partie sud de la friche Motte-Cordonnier, un pôle de loisirs sortira de terre d’ici 2026 sur une surface de 30 000 m2. Le lieu combinera des divertissements, des pratiques sportives et des installations dédiées au bien-être, ainsi qu’une offre de restauration et d’hôtellerie. «C’est un projet indoor de grande ampleur porté par la société Vega 1965 dont la philosophie est de proposer de nouvelles expériences de loisirs pour toute la famille» précise Bernard Haesebroeck. «On y retrouvera du karting électrique, une piste de BMX, des terrains de futsal et de nombreuses activités numériques, comme un golf en 3D. L’histoire du site, de la brasserie Motte-Cordonnier, sera également mise en avant dans ce projet très contemporain». Le permis de démolir est en cours d’instruction, tandis que le permis de construire devrait être déposé très prochainement.

Rappelons que la Brasserie Motte-Cordonnier a relancé son activité brassicole en 2019 à quelques encablures de son site historique, sur la ruche d’entreprises des Deux-Lys, une ancienne friche textile. C’est Henry Motte, l’aîné de la 10e génération familiale, qui en tient les rênes depuis le 5 avril 2021 et imagine des recettes qui rendent hommage à ses ancêtres, à l’instar des bières René et Émile. Avec en ligne de mire la relocalisation de la production sur le site historique d’Armentières ? «C’est une possibilité mais ma crainte porte sur les nuisances liées à notre activité et les transports de marchandise pour les habitants de ce nouveau quartier» confie l’entrepreneur. «Nous continuons de grandir et nous avons une réflexion sur un nouveau lieu de vie pour 2025 ou 2026, sur le site de l’ancienne brasserie ou ailleurs sur Armentières». À suivre…