Dans la loge de Thierry Wilson alias Zize Dupanier, "reine des cagoles"
Du fond de teint, des faux-cils pour sublimer le regard, une perruque à la Marilyn délicatement ajustée et une ultime touche de rouge à lèvres : quand tombe la nuit, le comédien transformiste Thierry Wilson devient la truculente Zize Dupanier, son personnage...

Du fond de teint, des faux-cils pour sublimer le regard, une perruque à la Marilyn délicatement ajustée et une ultime touche de rouge à lèvres : quand tombe la nuit, le comédien transformiste Thierry Wilson devient la truculente Zize Dupanier, son personnage fétiche, pour un nouveau spectacle à Paris cet automne.
"Zize, je l'ai rêvée et imaginée à partir de femmes que j'ai rencontrées tout au long de ma vie, parmi les clientes du salon de coiffure de ma maman", raconte Thierry Wilson, 54 ans, dans sa loge où l'AFP assiste aux soixante-dix minutes de sa métamorphose.
Pure Marseillaise volcanique dans l'esprit des caricatures de l'illustrateur Albert Dubout, l'autoproclamée "reine des cagoles et sosie officielle de Madonna" est à l'affiche de la Comédie Bastille jusqu'au 4 janvier avec un nouveau "one woman show" désopilant dans le cadre d'une grande tournée.
"Zize est trop blonde, trop maquillée, un brin mal élevée, donnant son avis sur tout sans qu'on le lui demande et voyant les défauts des autres mais pas les siens. La gouaille de Zize, je l'ai apprise dans le bistrot de mon père", ajoute Thierry Wilson, qui perpétue au féminin la tradition des comiques provençaux pittoresques au verbe haut et à l'humour populaire.
Apparue pour la première fois en 2005 dans un cabaret du Vieux-Port, Zize Dupanier, devenue sociétaire des "Grosses Têtes" de RTL, a réuni plus de 300.000 spectateurs avec son précédent spectacle, selon la production, et livre cette fois avec "IrréZIZEstible !" ses états d'âme de femme trahie.
"Non seulement elle apprend qu'elle est cocue, mais en plus qu'elle va devenir grand-mère. Zize profite de la ménopause pour vider son sac", explique celui qui lui a donné vie.
Jouer une femme, la chose la plus difficile
Ancien élève du Conservatoire d'art dramatique de Marseille dans la classe d'Irène Lamberton, Thierry Wilson, qui a eu aussi comme parrain le metteur en scène Raymond Acquaviva, a découvert le cabaret "Madame Arthur" à l'âge de 17 ans, lors d'un stage d'été au Cours Florent.
"Pour la première fois, je découvrais un spectacle avec des garçons transformistes imitant Mireille Mathieu ou Sylvie Vartan. C'était merveilleux !", se souvient-il. "J'(y) ai appris que jouer une femme est la chose la plus difficile pour un comédien. Michel Serrault, qui a joué Zaza Napoli dans +La Cage aux folles+, me l'a confirmé des années plus tard".
En 1988, le jeune comédien qui, adolescent, rêvait "d'être (l'actrice) Jacqueline Maillan", rencontre chez "Madame Arthur" l'artiste Coccinelle, chanteuse et meneuse de revue née garçon, première femme transgenre française assumée à la fin des années 1950 avec changement d'état-civil, devenue icône des questions de genre et fondatrice plus tard de l'association "Devenir femme".
Avec le soutien de Coccinelle qu'il épousa en 1996, Thierry Wilson a fait ses classes notamment chez Michou en incarnant Lara Fabian, Régine, Muriel Robin, Lââm ou Tina Arena. Le couple a ensuite géré un cabaret à Marseille jusqu'au décès de Coccinelle en 2006.
"Coccinelle a compris très tôt que le transformisme d'imitation allait disparaître avec l'apparition des drag-queens qui créent leurs propres personnages. C'est elle qui m'a convaincu d'inventer Zize, inspirée aussi du personnage joué par l'actrice américaine Renée Taylor dans la série +Une Nounou d'enfer+", ajoute Thierry Wilson.
Et de préciser: "un transformiste se glisse dans la peau d'un personnage, comme le fait un comédien. Le travesti, lui, prend plaisir à se féminiser". "Je n'ai aucune envie de vivre la féminité en dehors de la scène".
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