Delphine Jubillar avait "peur" de Cédric, témoigne l'amant de la disparue
Delphine Jubillar avait "peur" de son mari Cédric, a affirmé lundi l'amant de l'infirmière disparue fin 2020 dans le Tarn, ajoutant avoir "l'intime conviction" que c'est bien son époux...

Delphine Jubillar avait "peur" de son mari Cédric, a affirmé lundi l'amant de l'infirmière disparue fin 2020 dans le Tarn, ajoutant avoir "l'intime conviction" que c'est bien son époux qui a "attenté" à sa vie.
"Delphine, au bout d'un moment, a reçu des menaces de son mari", a déclaré Jean, 44 ans, avec lequel la jeune mère de famille comptait refaire sa vie.
"Ce que je constate, c'est qu'aujourd'hui elle a disparu", a-t-il ajouté, devant l'accusé agité de mouvements nerveux dans le box vitré.
"Je savais qu'elle avait peur de lui", a poursuivi le quadragénaire, expert automobile, ajoutant avoir "l'intime conviction que c'est Cédric Jubillar qui a attenté à la vie de sa femme".
Les traits tirés, l'accusé, polaire noire sur le dos, a suivi sa déposition sans le lâcher du regard, un sourire en coin à son apparition dans la salle d'audience du palais de justice d'Albi où il est jugé pour le meurtre de Delphine, dont le corps n'a jamais été retrouvé.
Vers la fin de l'audition de l'amant, la défense a affirmé que les enquêteurs avaient "volontairement caché" le bornage du téléphone de Jean, la nuit de la disparition de l'infirmière, à Cagnac-les-Mines (Tarn) où se trouve le domicile des Jubillar.
Les avocats de Cédric Jubillar ont accusé les enquêteurs d'avoir "falsifié" la procédure au terme de laquelle leur client a été renvoyé devant les assises. Selon eux, le numéro de téléphone de l'amant figure parmi les centaines de numéros détectés par le relais téléphonique couvrant le domicile des Jubillar la nuit de la disparition.
Pire, selon eux, les gendarmes ont isolé plus de 200 numéros appartenant à des personnes domiciliées loin du village et donc potentiellement suspectes, et le numéro de l'amant y figurait. Or une fois des réquisitions téléphoniques émises, le procès verbal concernant son numéro est, toujours selon Mes Emmanuelle Franck et Alexandre Martin, le seul manquant.
Jamais à Cagnac
"Je n'ai jamais été à Cagnac-les-Mines", avait assuré auparavant cet homme domicilié à Montauban. Il y a "forcément une explication informatique" à ce phénomène, a-t-il réagi après les affirmations de la défense.
Ni avocats généraux, ni parties civiles n'ont immédiatement réagi à cette accusation. A la reprise de l'audience, plusieurs avocats des parties civiles ont regretté que la défense ne leur ait pas communiqué à l'avance leurs conclusions et leur demande d'expertises complémentaires afin de permettre de débattre de ce sujet très technique.
La défense a réclamé que l'on entende le gendarme auteur de la liste des 216 numéros et que l'on recouvre le PV manquant via une "tierce personne".
La demande de la défense a été mise en délibéré, a indiqué la présidente Hélène Ratinaud.
En marge de l'audience, Laurent de Caunes, avocat d'un frère de Delphine, a estimé que la défense essayait ainsi "d'utiliser des non-dit et de ne pas poser, quand il le faudrait, certaines questions pour en faire a posteriori des scandales".
Très à genoux
Jean avait par ailleurs constaté avant la disparition de Delphine, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, une "prise de conscience de la part" de Cédric Jubillar, "que cette fois-ci" sa femme allait le quitter.
Se disant touché par des lettres de Cédric que Delphine lui avait fait lire, il a estimé que le peintre-plaquiste était "très à genoux", "prêt à faire tous les efforts du monde pour la récupérer".
Delphine Jubillar, née Aussaguel, ne lui a "jamais parlé" de violences psychiques ou physiques de la part de Cédric, a-t-il encore affirmé.
La salle d'audience, comble comme depuis le début des débats, le 22 septembre, avait d'abord entendu lundi un autre homme résidant dans le Gard, que la disparue avait rencontré antérieurement sur l'application de rencontres extraconjugales Gleeden.
Entre Delphine et lui, a-t-il raconté, "le courant passait bien, donc on a continué d'échanger", notamment à propos des enfants de Delphine, Louis et Elyah, qui avaient six ans et 18 mois lors de sa disparition, ce qui a conduit ce témoin à spontanément exclure, lui aussi, l'hypothèse d'un départ volontaire de la jeune femme au vu de l'amour qu'elle portait à ses enfants.
Cédric Jubillar a toujours nié avoir tué son épouse, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Le verdict est attendu le 17 octobre, après quatre semaines d'audience.
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