Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Dijon Céréales : un changement de gouvernance et de cap

Fragilisée par une campagne déficitaire et une diversification jugée trop coûteuse, la coopérative engage un recentrage stratégique et renouvelle l'ensemble de sa direction pour tenter de retrouver stabilité et crédibilité.

Simon Bilbot, nouveau directeur général de Dijon Céréales. © Dijon Céréales
Simon Bilbot, nouveau directeur général de Dijon Céréales. © Dijon Céréales

La coopérative céréalière Dijon Céréales vit l'une des transitions les plus profondes de son histoire récente. Officiellement, le conseil d'administration évoque une "divergence d'orientation stratégique" pour expliquer le départ conjoint de son directeur général, Christophe Richardot, et de son président, Didier Lenoir. Mais en coulisses, la décision doit beaucoup au lourd déficit qui se profile pour la campagne 2025, estimé à environ 17 millions d'euros, bien au-delà des prévisions annoncées quelques mois plus tôt. Pour la coopérative, qui revendique 33 millions d'euros de fonds propres, ce résultat fragilise un équilibre déjà mis à mal par une moisson 2025 longue, coûteuse et grevée par une désorganisation des marchés internationaux.

Le projet Sécalia a déstabilisé les comptes

Le tandem appelé à reprendre la main — Simon Bilbot, futur directeur général à partir de janvier 2026, et Benoît Collardot, prochain président — symbolise un retour à une ligne plus orthodoxe. Le premier, pilier maison depuis 1994, et le second, élu expérimenté, incarnent un binôme "stable et ancré dans le terrain", selon les termes officiels. Leur feuille de route est claire : consolider les équilibres économiques, remettre le cœur agricole au centre et renforcer les synergies locales, notamment avec la coopérative voisine Bourgogne du Sud. Cette réorientation s'inscrit dans le cadre de l'Alliance BFC, structure conçue pour mutualiser certains projets, mais qui peine encore à atteindre la masse critique promise.

Christophe Richardot quitte la direction de la coopérative. © Dijon Céréales

En toile de fond, ce repositionnement marque aussi le désaveu d'une stratégie de diversification ambitieuse, mais semée d'aléas. Le rachat de la biscuiterie Mistral, l'essor d'un réseau de distribution et surtout le projet Sécalia — l'un des plus grands méthaniseurs de France, à Cérilly — ont déstabilisé les comptes, ce dernier représentant à lui seul près d'un tiers du déficit. L'enthousiasme du directeur général sortant pour les agro-énergies et les projets innovants se heurte désormais à une forme de réalisme économique. Les investissements consentis, dans un contexte de volatilité internationale et de contraction des débouchés export, ne sont plus jugés soutenables.

Un rapprochement à l'étude

Cette fragilisation financière a attiré l'attention de plusieurs grands acteurs du secteur en vue d'un rachat potentiel. Selon nos informations, Axiane Meunerie, EMC2 Lorraine ou encore la coopérative Vivescia ont étudié de près la situation. Les discussions avancées avec cette dernière — poids lourd affichant 4,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires, contre 530,7 millions pour Dijon Céréales — auraient pesé lourd dans la décision du conseil d'administration d'opter pour une transition rapide. Un rapprochement de cette ampleur aurait probablement acté la disparition de l'entité dijonnaise.

À l'heure où les marchés agricoles demeurent instables et où les coopératives de taille moyenne cherchent à préserver leur autonomie, Dijon Céréales joue une partie déterminante. Son recentrage stratégique, couplé à un rapprochement avec Bourgogne du Sud, pourrait dessiner le début d'un nouvel équilibre régional. À condition que les comptes se redressent rapidement et que ce changement de gouvernance parvienne à restaurer la confiance.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel