Douai : pour la gigafactory AESC, un raccordement électrique stratégique !
La mise en service du raccordement électrique de la gigafactory AESC de Douai est une étape symbolique mais non moins majeure pour l’industrialisation de la batterie dans les Hauts-de-France.

Fondé au Japon en 2007 et basé à Yokohama, AESC est aujourd’hui un acteur mondial majeur des technologies de batteries avec plus de 12 000 collaborateurs dans le monde et des sites de production sur quatre continents. A Lambres-lez-Douai, l’entreprise a relevé un défi industriel de taille : construire et mettre en production, en un temps record, une gigafactory dédiée aux batteries électriques de Renault, notamment pour la nouvelle R5.
Un raccordement surdimensionné pour sécuriser l’avenir
Lancée en septembre 2022, la construction du site s’est achevée avec un démarrage de la production en mars 2025. Implantée sur 10 hectares, l’usine compte six lignes de production et vise une capacité annuelle de 100 000 cellules et 700 000 modules afin d’équiper entre 180 000 et 200 000 véhicules par an. Près de 1 000 salariés y travaillent déjà, pour un investissement supérieur à 1,3 milliard d’euros dans cette première phase.
Mais un tel outil industriel ne peut fonctionner sans une alimentation électrique massive, stable et décarbonée. «Dès les premières discussions avec nos partenaires, la question du raccordement électrique a été identifiée comme stratégique» explique Ayumi Kurose, directeur des opérations d’AESC France. «Nous savions que la performance industrielle de l’usine dépendrait directement de la fiabilité de cette infrastructure».
Le raccordement mis en place repose sur une ligne souterraine de plus de 13 kilomètres, capable de fournir jusqu’à 220 mégawatts. «Nous avons fait le choix de surdimensionner le raccordement» poursuit-il, «mais cette capacité supplémentaire est essentielle pour accompagner les futures extensions du site». Avec en toile de fond un engagement environnemental inscrit dans l’ADN de l’entreprise asiatique. «Nous avons fait le choix de la France aussi en prenant en compte les enjeux de décarbonation. En se connectant à un réseau électrique majoritairement bas carbone, nous réduisons sensiblement l’empreinte carbone de nos batteries. C’est un critère de plus en plus déterminant pour les constructeurs automobiles et pour nous une exigence industrielle et commerciale, un levier concret pour atteindre nos objectifs environnementaux et ceux de nos clients, en premier lieu Renault.»
La mise en service de la nouvelle ligne (AESC est aujourd’hui connecté au réseau de l’usine Renault de Douai, ndlr) nécessitant une semaine complète d’arrêt de production pour les deux sites, AESC et Renault doivent désormais s’accorder sur une date commune. Elle devrait intervenir dans les prochaines semaines.
Un chantier qui se veut exemplaire, mené par RTE
Garant de l’alimentation électrique à haute et très haute tension, RTE a joué un rôle central dans ce projet. Pour Pierrick Tanguy, délégué de RTE Hauts-de-France, ce raccordement illustre ainsi la mission de l’entreprise de service public. «Notre rôle est d’accompagner la relance industrielle et l’implantation d’activités décarbonées, en tenant des délais souvent très contraints, et le raccordement de l’usine AESC est un exemple emblématique de cette mobilisation».
La liaison, réalisée en un peu plus de trois ans depuis le début des études jusqu’à l’achèvement des travaux et mobilisant jusqu’à 50 personnes issues de six entreprises, repose sur une ligne de 225 000 volts partant du poste électrique Gavrelle sur la commune éponyme. Un délai qualifié d’ «exploit» par Pierrick Tanguy «au regard de la complexité du tracé et des contraintes locales. Le chantier a nécessité une coordination étroite avec la région Hauts-de-France, le département du Pas-de-Calais, les syndicats agricoles, mais aussi des archéologues, en raison de zones marquées par l’histoire de la première guerre mondiale». Pour franchir des obstacles comme l’autoroute et la ligne à grande vitesse, RTE a notamment eu recours à des techniques innovantes de mini-tunnels. «Nous avons tout fait pour limiter l’impact sur les activités agricoles et l’environnement, en privilégiant les chemins existants plutôt que les traversées de champs» précise-t-il.
Une étape majeure dans l’avènement de la vallée de la batterie qui est un signal fort envoyé au marché conclut Ayumi Kurose : «Ce projet démontre que l’industrie de la batterie peut se développer rapidement en France, avec des partenaires engagés et une vision de long terme».