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Enfant tondu dans un foyer à Paris: deux inspectrices sur place, la Défenseure des droits s'autosaisit

Deux inspectrices ont entamé un contrôle du foyer parisien Jenner, après la révélation de maltraitances sur un enfant de huit ans placé, filmé en train d'être rasé malgré lui par des éducateurs, des faits dont...

Deux inspectrices ont entamé un contrôle du foyer parisien Jenner, après la révélation de maltraitances sur un enfant de huit ans placé, filmé en train d'être rasé malgré lui par des éducateurs © Thibaud MORITZ
Deux inspectrices ont entamé un contrôle du foyer parisien Jenner, après la révélation de maltraitances sur un enfant de huit ans placé, filmé en train d'être rasé malgré lui par des éducateurs © Thibaud MORITZ

Deux inspectrices ont entamé un contrôle du foyer parisien Jenner, après la révélation de maltraitances sur un enfant de huit ans placé, filmé en train d'être rasé malgré lui par des éducateurs, des faits dont la Défenseure des droits a annoncé s'autosaisir.

"Une inspection administrative est en cours sur place, elle va durer deux à trois jours", a indiqué mercredi à l'AFP la Ville de Paris, confirmant une information de franceinfo.

Deux inspectrices "habilitées, dont la responsable de la cellule d'appui, d'évaluation et de contrôle, réalisent cette mission (...) dans le cadre des missions d'inspection et de contrôle confiées aux départements", a précisé la Ville.

Il s'agit notamment de comprendre si d'autres violences ont pu être commises par des éducateurs de cet établissement du XIIIe arrondissement (sud de Paris), qui héberge une soixantaine de mineurs et jeunes majeurs placés par l'Aide sociale à l'enfance (ASE).

"Leur rapport permettra à la Ville de prendre toutes les mesures d'injonction ou de recommandation nécessaires vis-à-vis de l'association", a-t-on précisé de même source.

Les conclusions "sont attendues par la maman (...) pour connaître et apprécier pleinement les dysfonctionnements qui pourront être constatés", a fait savoir dans un communiqué l'avocat de la famille, Axel Delaunay-Belleville.

Les faits impliquent des éducateurs ayant pris la décision de raser le crâne d'un enfant de huit ans placé sous leur responsabilité, tout en le filmant à des "fins évidentes d'humiliation", selon la Ville, et en se moquant de lui.

Sur des images filmées en février, l'enfant apparaît torse nu, recroquevillé sur une chaise les bras croisés, tandis qu'une personne lui rase la tête à l'aide d'une tondeuse, prétextant une sanction. La vidéo a ensuite été partagée sur un groupe WhatsApp d'éducateurs. En guise d'explication, la direction a évoqué la présence de poux.

Violence inouïe

"Depuis la Deuxième Guerre mondiale, il n'y a pas un parent qui s'est dit que pour échapper aux poux dans la tête de ses enfants, il fallait lui raser la tête. C'est une violence inouïe, et ça s'est passé dans nos institutions", a déclaré la maire PS de Paris Anne Hidalgo à l'occasion de l'inauguration d'un premier centre de soins en France dédié aux enfants confiés à l'ASE.

L'élue, qui a assuré n'avoir été mise au courant que la veille, a reconnu des "dysfonctionnements". "Nous ferons tout pour qu'il y ait des sanctions très très fortes contre (...) ceux qui ont commis ces faits, mais aussi contre tous ceux qui n'ont pas signalé et joué leur rôle d'alerte".

Mardi, le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert une enquête pour "violences volontaires sur mineur de quinze ans par personne ayant autorité".

Selon la Ville de Paris, ces faits "gravissimes" se sont déroulés en février 2025 au foyer éducatif Jenner, géré par l'association Jean-Coxtet, et les "premiers éléments de réponse de l'association" ont déjà conduit au "renouvellement de l'équipe" encadrante.

La Défenseure des droits Claire Hédon a annoncé mercredi "s'autosaisir", dénonçant une situation "épouvantable".

"Il y a l'acte lui-même qui est effectivement monstrueux, il y a le groupe Whatsapp (sur lequel la vidéo a été diffusée, ndlr) avec quasiment personne qui réagit sauf une éducatrice, on ment à la maman, c'est toute cette chaîne qui a dysfonctionné", a-t-elle déclaré sur RMC.

Pour le militant pour les droits des enfants et ancien enfant placé Lyes Louffok, il "faut aller regarder pourquoi cette chaîne de dysfonctionnements n'a pas permis à ces faits d'être révélés beaucoup plus tôt".

La ministre de la Santé Stéphanie Rist a saisi la procureure de Paris, dénonçant une "atteinte grave à la dignité" de l'enfant.

Pour le groupe des députés LFI, "ces nouvelles violences n’ont rien d'un fait divers" mais "reflètent l’état d’effondrement dans lequel s’enfonce la protection de l’enfance depuis des années".

Le groupe a indiqué avoir déposé une proposition de loi pour "instaurer un Contrôleur général des lieux de placement" qui pourra "visiter de manière inopinée des lieux de placement".

La Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) de Paris a également fait part de sa "profonde indignation" et rappelé que "la protection de tous les enfants doit être une priorité absolue, par tous et partout".

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