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Exposition Odette Pauvert à La Piscine à Roubaix

Alors que La Piscine célèbre le 100e anniversaire de l’Art déco, le musée roubaisien propose une exposition consacrée à l’œuvre d’Odette Pauvert (1903-1966) qui fut la première femme peintre auréolée du prestigieux Grand Prix de Rome en 1925.

Portrait de femme dit de Mata-Hari ou Autoportrait de l’artiste. 1921. Huile sur toile 46x48 cm. Collection particulière © Alain Leprince
Portrait de femme dit de Mata-Hari ou Autoportrait de l’artiste. 1921. Huile sur toile 46x48 cm. Collection particulière © Alain Leprince

Portrait d'une artiste méconnue

Fille et soeur d’artistes, Odette Pauvert baigne dès son plus jeune âge dans un milieu qui lui ouvre la voie d'une singulière carrière. Après ses années de formation à l’École des Beaux-Arts de Paris où elle suit l’enseignement du peintre Ferdinand Humbert, elle devient, en 1925 et à seulement 22 ans, la première femme peintre à obtenir le Grand Prix de Rome avec son tableau La Légende de Saint Ronan. Ce prix prestigieux lui ouvre les portes de la Villa Médicis, Académie de France à Rome, où elle séjourne de 1926 à 1929 en tant que pensionnaire. Sa peinture connaît alors une transformation radicale. 

Au contact des maîtres du Quattrocento, de la lumière et des paysages romains, l’artiste façonne son style. Dans de puissantes compositions à la frontalité parfois surprenante, la touche vigoureuse des débuts laisse place à des contours précis, qui viennent cerner des couleurs évoquant les fresques de la Renaissance. D'ailleurs, quelques années plus tard, Odette Pauvert parlera d’un véritable «enivrement» à propos de son séjour romain, qui influencera durablement sa peinture. 

Si l’autoportrait accompagnera Odette Pauvert tout au long de sa carrière, son retour à Paris marque un basculement vers le grand décor. Cependant, son mariage en 1937 et la Seconde Guerre mondiale freinent son ascension et, dans les années 1950, l’émergence des avant-gardes relègue à l’arrière-plan les chantres du classicisme. Odette Pauvert poursuivra durant toute sa carrière une ambition résolument classique et décorative. Injustement oubliée, l’artiste a laissé une œuvre à contre-courant d’une certaine vision de la modernité et pourtant profondément ancrée dans son époque. Pour La Piscine, cette exposition est aussi l’opportunité de célébrer les artistes femmes de l’entre-deux-guerres, omniprésentes au sein de ses collections.

Vue du jardin de la Villa Médicis. 1928. Huile sur toile. 46,4x54,8 cm. Collection particulière © Alain Leprince

Odette Pauvert. La peinture pour ambition au temps de l’Art déco jusqu'au 11 janvier 2026 à La Piscine à Roubaix.

Un ouvrage passionnant


Dirigé par Adèle Taillefait, commissaire général de l’exposition, cet ouvrage retrace les débuts précoces et le riche parcours artistique d'Odette Pauvert au cœur du XXe siècle, mais aussi sa place dans une époque où les femmes artistes étaient souvent reléguées au second plan. Soit la mise en lumière d'une artiste méconnue avec les contributions, entre autres, d’Hélène Duret, directrice conservatrice des musées de Roubaix, Thibaut Gemignani, petit-fils d’Odette Pauvert, Julie Schowing, et Bruno Gaudichon, ancien directeur de La Piscine-Musée d’art et d’industrie André Diligent de Roubaix, qui fut le premier à lui consacrer une rétrospective au musée Sainte-Croix de Poitiers, en 1986. 

Norma éditions.