Facture électronique : le compte à rebours est lancé
Elle deviendra obligatoire dès septembre 2026 pour toutes les entreprises. Une modernisation majeure conçue pour simplifier les démarches, sécuriser les flux et lutter efficacement contre la fraude à la TVA. La CCI Hauts-de-France a accueilli à Lille, jeudi 10 juillet, une réunion d’information à destination des entreprises régionales à ce sujet.

Jeudi 10 juillet, la CCI Hauts-de-France a accueilli à Lille une réunion d’information à destination des entreprises régionales, co-organisée avec la Direction régionale des finances publiques (DRFiP) des Hauts-de-France et du Nord. Au cœur des échanges : l’obligation prochaine de passer à la facturation électronique, une réforme structurelle qui s’imposera progressivement à l’ensemble des entreprises à partir de septembre 2026. Une révolution administrative et technologique censée renforcer la lutte contre la fraude à la TVA — estimée entre 20 et 25 milliards d’euros par an — tout en simplifiant les obligations déclaratives.
Mais dans les faits, les acteurs économiques ne sont pas encore prêts. «Il reste des milliers de structures dans la région qui n’ont amorcé aucune démarche», a alerté Franck Mordacq, directeur régional des finances publiques des Hauts-de-France. Pourtant, toutes les entreprises assujetties à la TVA — y compris les micro-entrepreneurs — seront concernées, qu’elles émettent ou non des factures. D’où la volonté d’informer.
Les PME s’inquiètent du coût et de la complexité
Le calendrier est clair : dès septembre 2026, toutes les entreprises devront être capables de recevoir des factures électroniques. Les grandes entreprises et ETI devront aussi les émettre à cette date. Les petites entreprises, elles, auront un sursis jusqu’en septembre 2027 pour cette seconde étape. Mais l’anticipation est vivement recommandée. Or, c’est là que le bât blesse. «On nous avait promis une plateforme publique gratuite, et finalement on nous impose de passer par des plateformes privées, donc payantes», dénonce un représentant de la CPME. L’abandon en octobre 2024 du module de facturation du portail public de facturation (PPF) a en effet rebattu les cartes. L’État mise désormais sur des plateformes de dématérialisation partenaires (PDP), privées, mais régulées, pour orchestrer la réforme. «L’écosystème est aujourd'hui suffisamment mature pour garantir un service de qualité», affirme Sébastien Rabineau, directeur du projet facturation électronique, qui tient à rassurer tous les entrepreneurs.
Aujourd’hui, près de 100 plateformes sont déjà immatriculées, dont une dizaine gratuites, les autres payantes. Ces PDP doivent permettre d’émettre, recevoir, gérer le cycle de vie des factures et transmettre les données à l’administration. «C’est un calcul à faire pour les entrepreneurs. Certaines plateformes gratuites n’offrent pas autant de services que d’autres qui sont payantes. Tout dépend de ce que nécessite l’entrepreneur en fonction de la taille de son entreprise et de son activité», poursuit Sébastien Rabineau. Son conseil : se tourner vers ses partenaires, qui sont déjà en charge de la facturation et qui proposent souvent des solutions intégrées.
Une transition numérique à marche forcée
Avec 400 000 entreprises concernées dans le nord, le défi est colossal. D’autant que la transition ne se résume pas à un changement de format : elle implique une réorganisation profonde des processus de gestion. Pourtant, cette modernisation est inévitable. Dans un monde où l’Italie a déjà basculé en 2019, et où l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne suivront en 2026, la France ne peut rester à la traîne. «D’ici 2030, c’est toute l’Europe qui passera à la facture électronique», affirme le directeur du projet facturation électronique.
Un frémissement se fait sentir : les premières factures électroniques ont commencé à circuler la semaine dernière. Mais à l’échelle mondiale, seuls 15 à 20% des flux de facturation sont aujourd’hui numériques. Il reste un long chemin à parcourir. Après plusieurs reports de calendrier, la conférence de la CCI avait le mérite de clarifier : la réforme aura bien lieu, les outils existent, et l’État – après plusieurs faux départs – ne reculera plus. Les entreprises sont prévenues.