Gaza: l'UE a des cartes en main pour sanctionner Israël mais hésite à les jouer
Les chefs de la diplomatie des pays de l'UE examinent mardi un ensemble de mesures à prendre éventuellement contre Israël pour sanctionner la violation des droits humains à Gaza, mais avec peu de chances de...

Les chefs de la diplomatie des pays de l'UE examinent mardi un ensemble de mesures à prendre éventuellement contre Israël pour sanctionner la violation des droits humains à Gaza, mais avec peu de chances de passer aux actes, selon des diplomates à Bruxelles.
"Je ne peux pas prédire comment la discussion se déroulera", a prudemment reconnu la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, avant le début de cette réunion à Bruxelles.
Un rapport de la Commission européenne, présenté fin juin aux Vingt-Sept, estime qu'Israël a violé l'article 2 de l'accord d'association qui l'unit à l'UE, en matière de respect des droits de l'homme.
En conséquence, Kaja Kallas a préparé une liste d'options possibles: suspension de l'accord tout entier, interdiction des exportations en provenance des territoires palestiniens occupés, révision de la politique de visas ou encore suspension de la partie commerciale de l'accord d'association.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a plaidé de son côté pour des sanctions contre les colons extrémistes en Cisjordanie, souhaitant que l'UE "cesse toute forme de soutien financier direct et indirect à la colonisation".
Le gouvernement israélien doit mettre "fin à la colonisation de la Cisjordanie et en particulier au projet funeste du projet E1 qui, avec 3.400 logements, menace de couper en deux la Cisjordanie et de porter un coup fatal à la solution à deux Etats", a affirmé M. Barrot.
Mais, selon plusieurs diplomates européens, il est peu probable que les ministres prennent une décision, et même qu'ils discutent le détail des mesures proposées par Bruxelles.
Et cela d'autant plus depuis l'annonce la semaine dernière par Mme Kallas d'un accord avec Israël censé permettre la livraison de davantage d'aide humanitaire à Gaza.
Pour certains pays, cette supposée amélioration sur le terrain, qui reste toutefois à vérifier, éloigne toute perspective de sanctions à l'encontre d'Israël, au moins dans l'immédiat.
Progrès important
"Je suis sûr qu'aucune (mesure) ne sera adoptée par les Etats membres", a assuré lundi à Bruxelles le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar, venu participer à l'invitation de Mme Kallas à une réunion avec des responsables de la région, égyptien, palestinien et syrien.
Cet accord sur l'extension de l'aide humanitaire représente un "progrès important", a souligné un diplomate européen, et ce n'est "pas le moment" de discuter d'une éventuelle suspension de l'accord d'association.
Les 27 se sont montrés particulièrement divisés sur l'attitude à adopter vis-à-vis d'Israël depuis le début de sa guerre à Gaza contre le Hamas, en réplique à l'attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 sur le sol israélien par ce mouvement islamiste palestinien.
Plusieurs Etats membres, dont l'Allemagne, insistent sur le droit d'Israël à se défendre, dans le respect du droit international, tandis que d'autres, comme l'Espagne, dénoncent un "génocide" à l'encontre des Palestiniens de Gaza.
Les 27 devraient toutefois trouver mardi un terrain commun pour réaffirmer la nécessité d'appliquer pleinement sur le terrain l'accord négocié par l'Union européenne afin d'accroître l'aide humanitaire à Gaza, selon ces diplomates.
Cet accord prévoit entre autres une "augmentation substantielle du nombre de camions transportant quotidiennement des produits alimentaires et non alimentaires entrant à Gaza", ainsi que l'ouverture de "nouveaux points de passage" au nord et au sud de la bande de Gaza, selon un communiqué rendu public par Mme Kallas.
Les livraisons de carburant au bénéfice des organisations humanitaires seront également reprises, "jusqu'à un niveau opérationnel", selon cet accord.
"Nous voyons des signes encourageants: davantage de camions acheminent plus de fournitures à la population de Gaza. Mais bien sûr, nous savons que ce n'est pas suffisant", a reconnu lundi soir la cheffe de la diplomatie européenne.
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