Hauts-de-France : une logistique multimodale en pleine révolution

Lors d’un afterwork organisé fin avril par Norlink à Lille, une trentaine de décideurs portuaires et logistiques ont échangé sur les projets d’envergure visant à dynamiser la logistique multimodale dans les Hauts-de-France, de Dunkerque à Lille, en passant par Denain et Longueil-Sainte-Marie.

Les décideurs portuaires et logistiques des Hauts-de-France échangent lors de l'afterwork organisé par Norlink à Lille. © Aletheia Press / L.Péron
Les décideurs portuaires et logistiques des Hauts-de-France échangent lors de l'afterwork organisé par Norlink à Lille. © Aletheia Press / L.Péron

Rassembler une trentaine de décideurs portuaires et logistiques, c’est ce qu’a réalisé la fédération Norlink, lors d’un afterwork qui s’est déroulé au Village by C&A à Lille. «L’idée, durant cette soirée, c’est que les ports fluviaux, les ports maritimes et les opérateurs de transports combinés dévoilent leurs projets afin de créer des synergies et de promouvoir le report multimodal», introduit Fabien Becquelin, directeur opérationnel chez Norlink Ports. Ce soir-là, des projets à fort impact économique, tous tournés vers la performance environnementale et l’optimisation logistique, ont été présentés.

Dunkerque change d’échelle...

Et dans les ports des Hauts-de-France, les projets ne manquent pas… À Dunkerque par exemple, un nouveau projet stratégique qui doit s’étendre jusqu’en 2029 va prochainement être voté. Guy Bourbonnaud, chef du département Marketing et Transports terrestres au Grand Port Maritime de Dunkerque, évoque «une véritable mutation». Ce programme prévoit 15 projets phares pour cinq grandes ambitions, parmi lesquels l’extension du bassin Atlantique avec un nouveau quai de 1 000 mètres destiné à accueillir un second terminal à conteneurs.

Autre chantier d’envergure : Dunkerque Logistique International (DLI), une zone de 150 hectares qui accueillera 600 000 m² d’entrepôts. Le port verra aussi naître, début 2026, un terminal de ferroutage que fera tourner l’opérateur Modalis. «Si ces projets ne sont pas encore lancés, d’autres sont en cours : l’entreprise Ziegler construit un entrepôt relié au fer de 20 000 m2, Verkor inaugure sa première gigafactory et envisage déjà deux autres unités et Prologium commencera ses travaux en 2026», liste encore Guy Bourbonnaud. 

... Et les ports intérieurs montent en puissance

Mais il n’y a pas que les infrastructures de Dunkerque qui sont en effervescence. Les plateformes logistiques fluviales et ferroviaires montent toutes en puissance, chacune à leur manière. À Lille, les ports investissent dans deux reach-stackers hybrides (ou grues télescopiques) pour verdir leurs opérations et forment leurs opérateurs au métier de «rateur». «C’est-à-dire capables de lancer eux-mêmes un train chargé. Les premiers seront diplômés fin 2025, après 2,5 ans de travail», complète Xavier Perrin, Responsable commercial multimodal Ports de Lille. En parallèle, le port entend dynamiser les trafics export par barge et se diversifier vers la manutention de colis lourds. Un dynamisme qui culminera le 2 octobre prochain, avec les dix ans du port.

À Denain, les extensions successives du port traduisent l’essor de l’activité, avec des quais déjà prêts à accueillir l’industriel Lesaffre. À Longueil-Sainte-Marie, le jeune port fluvial continue de structurer son offre tri-modale, en misant sur l’accompagnement des entreprises privées encore peu familiarisées avec le rail et la voie d’eau. «Chaque port en Hauts-de-France apporte une solution différente. C’est une richesse qu’il faut valoriser», insiste Bruno Fontaine, président du syndicat mixte Docks Seine Nord Europe/Escaut

Vers un fret combiné plus moderne

Alors que la pression monte pour une logistique plus fluide et plus durable, Eurotunnel et Novatrans multiplient les initiatives pour moderniser le fret ferroviaire. Eurotunnel investit 60 millions d’euros dans l’amélioration de ses services, avec en point d’orgue le lancement, en septembre 2024, de Track Value, une solution de traçabilité connectée par satellite grâce à Kinéis, qui permettra un suivi en temps réel des marchandises. À cela s’ajoutent des aménagements pour le confort des chauffeurs — restauration, espaces de repos, blanchisserie — afin de fluidifier l’expérience logistique dans son ensemble.

En parallèle, Novatrans fait rouler 40 trains hebdomadaires entre la France, l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni, et cherche à étendre ce réseau via de nouveaux partenariats. Mais son directeur, Tristan Ziegler, pointe un frein majeur : «Notre secteur n’est pas attractif, les jeunes ne viennent pas frapper à nos portes. Toute notre filière devra relever se défi du renouvellement des générations pour accompagner la montée en puissance du fret combiné».

Norlink : connecter les acteurs pour l’avenir

Des ports aux plateformes ferroviaires, en passant par le tunnel sous la Manche, les projets logistiques foisonnent dans les Hauts-de-France. Tous visent une même ambition : renforcer le report modal, fluidifier les échanges et réduire l’empreinte carbone.

Au cœur de cette dynamique, Norlink joue un rôle de fédérateur. «Une boîte à outils indispensable», selon Xavier Perrin, qui permet de vulgariser les métiers et de créer du lien entre infrastructures. «Norlink, c’est l’endroit où elles apprennent à se connaître», résume Bruno Fontaine. Pour relever les défis environnementaux et logistiques, la région dispose d’atouts solides. Reste à mieux les faire connaître et à embarquer les talents de demain.