Impact environnemental : plus de 3 milliards d’euros investis par l’industrie en 2023
Plus de la moitié des industries françaises de 20 salariés ou plus ont consacré 3,1 milliards d’euros, en 2023, à réduire l’impact environnemental de leur activité. En particulier dans l’énergie et les équipements antipollution, avec un soutien public pour près d’un établissement sur cinq.

L’engagement des industriels, majoritairement porté par les grandes entreprises, en faveur de la transition écologique se poursuit. Selon une étude de l’Insee, parue le 9 septembre, sur un total de 23 000 établissements industriels, 54% ont réalisé, en 2023, des investissements ou des études relatives à la gestion de l’eau, au traitement des déchets, aux économies d’énergie ou encore à la protection de l’air et du climat. Si cette proportion est en baisse par rapport à 2022 (58%), elle reste largement supérieure à celle de 2019 (38%).
Et l’enveloppe globale dédiée à ces dépenses progresse de 13% par rapport à 2022 pour atteindre 3,1 milliards d’euros. La croissance est tirée principalement par les investissements antipollution qui représentent 2,7 milliards d’euros (+16%). Les études, quant à elles, connaissent un léger recul (-2%).
Investissements spécifiques et machines moins polluantes
Les trois quarts des dépenses se concentrent sur des investissements dits «spécifiques» : entièrement destinés à limiter l’impact environnemental des activités industrielles (bassins de traitement des eaux usées, systèmes de collecte pour le recyclage des déchets ou filtres pour réduire les émissions dans l’atmosphère), ils pèsent 2,4 milliards d’euros.
Et 16% des établissements ont choisi d’acquérir des machines de production moins polluantes. Ces équipements, qui consomment moins d’énergie, d’eau ou rejettent moins de gaz à effet de serre, ont mobilisé 297 millions d’euros, en surcoût lié à leur performance écologique supérieure.
Les études, qui constituent 14% des dépenses antipollution (427 millions d’euros), se répartissent entre études préalables à des investissements et études réglementaires ou de contrôle .
L’énergie au cœur des investissements
En 2023, 46% des montants investis visent l’énergie. Les dépenses consacrées à la réduction de la consommation d’énergie « représentent le quart de l’ensemble des investissements antipollution », totalisant 664 millions d’euros (+15%) avec, dans le détail, 447 millions pour des machines et systèmes de production plus sobres, 178 millions pour l’isolation des bâtiments et 39 millions pour le contrôle et la mesure de l’énergie.
En parallèle, la production d’énergie renouvelable bénéficie de 568 millions d’euros, en forte progression (+25%). Dans le détail, les installations solaires connaissent une hausse remarquable de 88%, tandis que les pompes à chaleur augmentent de 26%. La biomasse, elle, reste la première source d’investissement avec 315 millions d’euros (+7%).
D’autres domaines, enregistrent aussi des dynamiques significatives, comme le recyclage des déchets (+58%), le biodiversité et l’aménagement du paysage (+42%) ou la gestion de l’eau (+27%). En revanche, les dépenses dédiées à la protection des sols et à celle de l’air et du climat reculent ( à respectivement, -30% et -13%) .
Quatre secteurs concentrent la majorité des dépenses
Deux tiers des investissements verts sont réalisés dans quatre secteurs : la production et distribution d’énergie (26%), l’agroalimentaire (16%), la chimie (12%) et la métallurgie (12%). Dans le secteur de l’énergie, un tiers des dépenses est consacré aux renouvelables et un cinquième à la biodiversité. Les économies d’énergie dominent dans l’agroalimentaire, la chimie et la métallurgie, tandis que la gestion des eaux usées représente plus de 20% des dépenses dans les deux premiers secteurs. La métallurgie se distingue par sa part élevée d’investissements pour la protection de l’air et le recyclage des déchets (19% vs 9% dans l'ensemble de l'industrie).
Les grands établissements sont les plus actifs : 93% des structures de 500 salariés ou plus ont engagé des investissements antipollution en 2023, contre 59 % des PME de 50 à 99 salariés et 44% des plus petits établissements (20 à 49 salariés). Deux tiers des entreprises de 250 salariés ou plus disposent d’au moins un spécialiste entièrement dédié à l’environnement, contre seulement 9% pour les plus petites structures.
Un soutien public ciblé
Enfin, 19% des établissements bénéficient de l’aide publique couvrant en moyenne 30% du montant d’un investissement ou d’une étude. Parmi les dispositifs actionnés, ceux de l’Ademe, Agence de la transition écologique, se placent en tête (23% des aides), suivis des aides des agences de l’eau (19%), du dispositif Certificat d’économies d’énergie (14%), des aides régionales (10%) et du plan France Relance (7%). Ces soutiens favorisent l’innovation, la transition énergétique et la modernisation des infrastructures industrielles.
AÏcha BAGHDAD et B.L