L'administration Trump promet un contrôle aérien "de pointe" d'ici fin 2028

L'administration Trump a présenté jeudi la cure de jouvence inédite que le système de contrôle aérien des Etats-Unis, dont certains équipements datent des années 1960, va suivre pendant les trois prochaines années pour assurer "la...

L'aéroport Newark Liberty International Airport (New Jersey), le 7 mai 2025 © kena betancur
L'aéroport Newark Liberty International Airport (New Jersey), le 7 mai 2025 © kena betancur

L'administration Trump a présenté jeudi la cure de jouvence inédite que le système de contrôle aérien des Etats-Unis, dont certains équipements datent des années 1960, va suivre pendant les trois prochaines années pour assurer "la sécurité et l'efficacité" de l'espace aérien américain.

"C'est une modernisation complète qui va bientôt se dérouler", a annoncé le président Donald Trump, s'adressant par téléphone portable sur haut-parleur à l'auditoire assistant à la présentation à Washington de ce plan par le ministre des Transports Sean Duffy.

Outre la "reconstruction de certaines tours de contrôle", le projet - dont aucun détail financier n'a été précisé - prévoit que "tout ce qui contrôle l'espace aérien sera flambant neuf", a assuré M. Duffy, promettant un système "de pointe" tout en raillant des équipements informatiques très anciens, dont certains ont été montrés lors de la conférence de presse.

Il a notamment mentionné le déploiement de la fibre optique pour les télécommunications en remplacement de câbles en cuivre ainsi que des nouveaux radars et capteurs dans les tours et sur les tarmacs.

Le projet comprend quatre pôles, avec un calendrier précis pour chacun: communications, surveillance, automatisation et infrastructures.

"Nous allons faire tout cela en trois ou quatre ans (...) et, pour ce faire, nous allons avoir besoin du Congrès", qui tient les cordons de la bourse, "car nous allons avoir besoin de l'argent immédiatement", a poursuivi le ministre, accompagné sur scène par des dirigeants des régulateurs aériens et de compagnies aériennes, et des parlementaires.

La Maison Blanche multiplie les coupes budgétaires drastiques pour réduire les dépenses fédérales.

La documentation diffusée par le ministère précise que le budget annuel de la FAA en la matière est figé par le Congrès autour de trois milliards de dollars depuis plus de quinze ans. Il pourrait passer à quatre milliards.

Plus de 30 milliards

La commission des Transports de la Chambre des représentants a, par ailleurs, proposé fin avril d'allouer 12,5 milliards spécifiquement au lancement de la modernisation du système de contrôle aérien (ATC), mais cela doit encore suivre le parcours parlementaire.

La Modern Skies Coalition, qui regroupe plus de 50 organisations et dont la création a été annoncée pendant la présentation, a estimé dans un communiqué que 18,5 milliards de dollars supplémentaires seraient nécessaires pour mener à bien cette métamorphose.

Nick Calio, président de l'association Airlines for America - qui représente les plus grandes compagnies américaines (passagers et fret) - l'a qualifiée d'"opportunité historique".

S'exprimant comme lui lors de la conférence de presse, la directrice de l'agence de sécurité dans les transports (NTSB) Jennifer Homendy a estimé cette remise à niveau "absolument nécessaire pour assurer la sécurité" du ciel américain, et le patron de la compagnie American Airlines, Robert Isom, a salué une "journée véritablement historique".

Les problèmes du trafic aérien aux Etats-Unis ne sont pas nouveaux tant au niveau de l'infrastructure - qui fonctionne parfois encore avec des disquettes des années 1980 - que du manque de main-d'oeuvre, amplifié par la pandémie de Covid-19.

Le régulateur de l'aviation FAA mène depuis plusieurs années des actions pour accélérer le recrutement de contrôleurs aériens.

En septembre 2023, l'organisation du trafic aérien et le syndicat national des contrôleurs aériens (NATCA) évaluaient la pénurie à plus de 3.000 postes.

"Cela fait au moins dix ans qu'il manque 3.000 contrôleurs aériens", a relevé M. Duffy, attribuant notamment aux équipements obsolètes le manque de vocations chez les jeunes générations.

Une collision le 29 janvier entre un avion de ligne en approche finale de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington et un hélicoptère militaire Sikorsky Black Hawk, qui a fait 67 morts au total, a propulsé le sujet sur le devant de la scène.

Les critiques républicaines envers l'administration de Joe Biden, accusée d'incompétence, ont été ravivées après un incident le 28 avril à l'aéroport de Newark Liberty International, l'un des plus fréquentés des Etats-Unis: le système de contrôle aérien a été coupé pendant 90 secondes.

D'après des médias américains, les contrôleurs aériens — stationnés à l'aéroport de Philadelphie et gérant les vols en approche à Newark, situé à 160 km au nord-est — n'ont pu communiquer avec les avions du fait d'une interruption de la détection radar et des communications radio.

Aucun détail n'a été fourni par les autorités, la FAA faisant simplement référence mercredi à des "problèmes d'effectifs et technologiques" au centre de contrôle TRACON de Philadelphie.

"La FAA prend des mesures immédiates pour améliorer la fiabilité des opérations" à Newark, notamment "l'accélération des améliorations technologiques et logistiques et l'accroissement du personnel de contrôle aérien", a-t-elle indiqué.

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