L'annulation d'un colloque sur la Palestine au Collège de France suscite des remous
L'annulation d'un colloque sur la Palestine par le prestigieux Collège de France a suscité des remous académiques et politiques lundi, France Universités exprimant son "incompréhension" et sa "vive inquiétude" face à une décision qui "porte...
L'annulation d'un colloque sur la Palestine par le prestigieux Collège de France a suscité des remous académiques et politiques lundi, France Universités exprimant son "incompréhension" et sa "vive inquiétude" face à une décision qui "porte atteinte à la liberté académique", selon elle.
France Universités "a découvert avec stupeur l'annulation du colloque scientifique +La Palestine et l'Europe: poids du passé et dynamiques contemporaines+", a souligné dans un communiqué cette association, qui regroupe les dirigeants d'universités.
Le Collège de France avait annulé dimanche ce colloque qui devait se tenir de jeudi à vendredi, co-organisé par l'historien Henry Laurens et le Centre arabe de recherches et d'études politiques de Paris (Carep Paris), "en réaction à la polémique entourant la tenue" de l'événement.
Le colloque avait été qualifié d'événement "propalestinien" par plusieurs personnalités.
"Rien n'allait dans ce colloque", avait notamment réagi sur X Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), avait, elle, dénoncé une "foire antisioniste", et évoqué le "dévoiement d'une institution prestigieuse".
L'association avait annoncé vendredi saisir le ministre de l'Enseignement supérieur, Philippe Baptise.
Ce dernier a qualifié dimanche sur X l'annulation de "responsable". "Défendre la liberté académique, c’est défendre un débat libre, respectueux et pluriel", a-t-il souligné.
Lundi, France Universités a exprimé son incompréhension et une vive inquiétude par rapport à cette décision". "Les universités doivent pouvoir continuer, à l’abri de toutes formes de pressions extérieures, à promouvoir des débats éclairés par des travaux de recherche scientifique".
Dans une lettre adressée à l'administrateur du Collège de France Thomas Römer, rendue publique lundi, le sociologue et démographie François Héran, professeur honoraire au Collège de France, a protesté contre cette décision. "Je découvre que, loin d’être l’apanage du wokisme, la cancel culture peut aussi inspirer l'administration du Collège", a-t-il ironisé.
Le principal syndicat de l'enseignement supérieur, le Snesup, a, lui, estimé dans un communiqué que ce colloque devait "impérativement se tenir". "Faisant l’objet de pressions pour obtenir son annulation, le ministre de l’Enseignement supérieur (...) a choisi de céder", a-t-il déploré.
À gauche, plusieurs élus LFI ont critiqué cette annulation, et la cheffe de ses députés Mathilde Panot a écrit lundi une lettre à l'administrateur du Collège de France pour lui proposer "d'organiser ce colloque dans l'enceinte de l'Assemblée nationale".
Le premier secrétaire du PS Olivier Faure avait estimé dimanche "inadmissible" cette annulation "après intervention du ministre de l'Enseignement supérieur".
Le Grand rabbin de France Haïm Korsia a jugé lundi sur X ce colloque "scandaleusement biaisé".
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