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La dynamique entrepreneuriale, au cœur des Assises nationales des commissaires aux comptes

Alors que la Commission européenne a revu ses ambitions à la baisse en matière de reporting extra-financier, la profession de commissaire aux comptes entend mettre en avant son rôle d’« allié » et sa valeur ajoutée auprès des dirigeants d’entreprises.


 Philippe Vincent, président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC),
Philippe Vincent, président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC),

« Tout le travail que nous avons entrepris sur la durabilité a été totalement remis en question par la Commission européenne », a déclaré le président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC), Philippe Vincent, lors de la présentation à la presse du programme de la 36e édition des Assises nationales des commissaires aux comptes, les 4 et 5 décembre à Bordeaux. Mais tout ce travail de préparation a néanmoins permis à la profession de se positionner sur ce terrain, de développer ses réseaux dans cet écosystème et « nos liens avec les clients, les entreprises ».

Coup de frein sur la certification des informations de durabilité

Le report des échéances fixées par la directive CSRD en ce qui concerne la publication d’informations en matière de durabilité a en effet un peu coupé l’élan des commissaires aux comptes qui ont beaucoup investi sur l’audit et la certification de ces informations extra-financières, ces dernières années.

Mais si « la situation a évolué, la dynamique de fond reste intacte », a expliqué le président de la CNCC. Tout d’abord, « les entreprises qui ont déjà adopté le reporting de durabilité ne reviendront pas en arrière ». Ensuite, « la contrainte ne vient plus seulement de la loi, mais du financement » : « les banques, les assureurs et les fonds d’investissement exigent ces critères de durabilité pour mesurer la pérennité de l’entreprise et accorder des financements » et « ils ont besoin de confiance sur ces données ». Or, aujourd’hui, avec plus de 3 000 professionnels formés et inscrits en tant qu’auditeurs de durabilité auprès de la Haute Autorité de l’audit, « notre profession est prête ».

Devenir « de véritables alliés » pour les dirigeants

Cette année, c’est « la dynamique entrepreneuriale » qui est la thématique centrale des Assises nationales des commissaires aux comptes. « Notre rôle est de mettre les entreprises en situation de réussite, notamment à travers la fiabilité des informations financières qu’elles publient », a-t-il relevé, après avoir rappelé l’importance des informations financières, qui « servent de base à tout un type d’opérations financières et commerciales ».

Le fil rouge de ces deux journées d’assises nationales est « le dirigeant d’entreprise et ce qu’il peut attendre du commissaire aux comptes, a poursuivi Fabienne Mathieu, membre de la CNCC et co-rapporteur de l’évènement. « Nous voulons aider nos confrères à devenir de véritables alliés pour leurs clients ». Des alliés et « des acteurs clés de leur réussite entrepreneuriale, en assurant la pérennité de leur entreprise », a souligné Olivier Arthaud, lui aussi membre de la CNCC et co-rapporteur des Assises nationales. « Dirigeants et auditeurs partagent des objectifs communs : assurer la pérennité de l’entreprise et le respect des lois, tout en préservant la capacité d’innovation. (…) Notre rôle est de structurer, sécuriser et anticiper les difficultés. »

Réduire « l’expectation gap » et démontrer sa valeur ajoutée

Autre préoccupation actuelle de la profession, qui se penchera sur le sujet au cours de cette réunion annuelle : « il nous faut réduire ‘l’expectation gap’, c’est à dire l’écart entre les attentes du client, qui espère parfois une garantie zéro fraude ou une exactitude absolue, et la réalité de notre mission, qui offre une assurance raisonnable », a expliqué Fabienne Mathieu. « On ne peut pas garantir zéro fraude et zéro erreur. » Or, « cet écart crée des malentendus. Nous devons faire preuve de pédagogie pour transformer cette incompréhension en confiance et démontrer notre véritable valeur ajoutée. »

La multiplication et la superposition des normes ces dernières années font également partie des difficultés auxquelles sont confrontés les commissaires aux comptes dans leur relation avec les entreprises. « La sur-normalisation pousse parfois au réflexe plutôt qu’à la réflexion », a regretté Olivier Arthaud. Et malgré « ce cadre déontologique et normatif très strict, il faut démontrer la valeur ajoutée que l’on peut apporter à nos clients avec nos avis et recommandations ».

La santé physique et mentale du dirigeant – et le risque clé que cela représente pour les PME – figure parmi les nombreux sujets à l’ordre du jour de ces Assises nationales, de même que la question du nécessaire renforcement des fonds propres des PME françaises, souvent sous-capitalisées, pour pouvoir investir – et de la possible ouverture du capital à un fonds de private equity.