Le Béguinage Solidaire, une aventure collective au service des seniors
Le Béguinage Solidaire de Grandvilliers permet à des seniors aux revenus modestes de vivre en collectif tout en restant autonomes. Un projet très demandé : 160 candidatures pour 20 logements, dont les derniers T2 et T3 seront livrés en janvier.
En octobre dernier, les 13 premiers habitants du Béguinage Solidaire de Grandvilliers ont investi leur logement, des T2 et T3 conçus à partir de matériaux écologiques particulièrement performants. Dans quelques mois, ils seront rejoints par neuf autres locataires. Une étape décisive dans ce projet initié dès 2019 par l’ancien maire de la commune, Jacques Larcher. «C’est lui qui nous a contactés. Il était très intéressé par ce que nous développions et souhaitait offrir aux seniors locaux une alternative concrète à l’Ehpad», se souvient Tristan Robet, cofondateur de Béguinage Solidaire.
Après Valognes (50) et Nantes (44), Grandvilliers est le troisième projet à aboutir. «Béguinage Solidaire repose sur deux principes : le plaisir et la liberté. Les habitants sont acteurs de leur vie et de la cité. C’est fondamentalement différent de ce qui est proposé en maison de retraite», souligne Tristan Robet. Les locataires doivent être âgés d’au moins 60 ans, être issus du territoire et être éligibles aux logements sociaux. Cette initiative a nécessité 6 millions d’euros d’investissement et l’association a lancé un appel aux dons pour réunir 300 000 euros. Cette somme servira à la construction d’une maison commune et à l’aménagement d’un jardin nourricier.
Une aventure collective
Avant même le début des travaux de l’ancienne ferme grandvilloise, Béguinage Solidaire a mené ses premières rencontres «hors des murs» afin de présenter son projet, d’identifier de futurs locataires, mais aussi de fédérer une communauté autour de cette initiative singulière. «Cela permet à tous les acteurs de se rencontrer et aux futurs habitants de tisser des liens», souligne Florence Barthélémy. «Nous continuons à organiser ces rendez-vous», indique celle dont la mission est d’accompagner les envies exprimées par les habitants. «Je ne fais pas à leur place, je les aide simplement. Par exemple, nous venons de nous rapprocher de l’association L’Outil en main et, l’année prochaine, nous participerons à des ateliers au sein de l’école primaire», précise-t-elle.
Florence Barthélémy animera également le tiers-lieu installé dans la maison commune, qui ouvrira ses portes en janvier prochain. «Le Béguinage Solidaire repose vraiment sur ce concept de vivre ensemble : être bien chez soi, mais aussi bien ensemble», note-t-elle. Un mode de vie qui permet de rompre la solitude tout en préservant l’autonomie de chacun. «C’est une nouvelle histoire pour tous les habitants, qui peuvent rester ici jusqu’à la fin», sourit-elle.

Offrir une alternative aux Ehpad
Ancien directeur d’Ehpad, Tristan Robet a souhaité créer un autre modèle pour les seniors. «J’ai commencé à travailler sur ce projet en 2012. Je suis allé en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas, où le béguinage est un modèle déjà bien implanté», explique-t-il. Bien décidé à sortir du schéma économique classique, Tristan Robet crée une association, Béguinage Solidaire, pour la gestion quotidienne des structures, ainsi qu’une foncière à but non lucratif, Béguinage Solidaire, en charge de la partie immobilière. Après avoir rencontré de nombreuses collectivités, c’est finalement celle de Valognes qui décide la première de franchir le pas. «Il est encore nécessaire de faire beaucoup de pédagogie pour convaincre les élus comme les financeurs, mais je suis convaincu que ce que nous proposons fait sens», analyse Tristan Robet. Une dizaine d’autres béguinages devraient voir le jour dans les prochaines années sur l’ensemble du territoire, dont un dans l’Oise.