Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Le préfet de la Somme interdit la consommation de protoxyde d'azote sur la voie publique

Afin de lutter contre les usages détournés du protoxyde d’azote, communément appelé gaz hilarant ou proto, et les risques qu’ils font peser sur la santé publique et la sécurité, le préfet de la Somme, Rollon Mouchel-Blaisot, a pris un arrêté réglementant strictement sa détention et sa consommation dans l’espace public.

© D.R.
© D.R.

À compter du mardi 30 décembre 2025 et jusqu’au mercredi 1er juillet 2026 inclus, la consommation de protoxyde d’azote est interdite sur la voie publique dans l’ensemble du département de la Somme. La détention, le port et le transport sans motif légitime de cartouches, bonbonnes ou bouteilles contenant ce gaz sont également interdits dans les espaces publics.

L'Observatoire français des drogues et des tendances addictives présente le protoxyde d'azote comme «un gaz incolore utilisé dans le milieu médical pour ses propriétés anesthésiques et analgésiques. Il est également employé comme gaz de pressurisation d’aérosol alimentaire, comme par exemple dans les cartouches pour siphon à chantilly ou les aérosols d’air sec».

Depuis les années 2000, le dispositif de veille sur les évolutions et les phénomènes émergents dans le champ des drogues de l’OFDT met en évidence des usages récréatifs de ce produit, dont les effets euphorisants durent quelques minutes. Le contenu de la cartouche est vidé dans un ballon de baudruche puis inhalé par l’usager. «Du fait de son usage industriel, le protoxyde d’azote n’est pas classé sur la liste des produits stupéfiants. Dans la plupart des cas, de petites cartouches de gaz destinées à la fabrication de crème fouettée sont utilisées pour remplir des ballons de fête, d’où le gaz est inhalé». Les cartouches sont achetées dans des magasins physiques (supermarchés, épiceries, bars et boîtes de nuit) et en ligne.

Jusqu'à 15 000 euros d'amende

La décision de la préfecture de la Somme fait donc suite à une augmentation des usages récréatifs, notamment chez les jeunes, et à de nombreux signalements de troubles à l’ordre public, de comportements dangereux, y compris en situation de conduite, et de pollution de l’espace public liée à l’abandon de cartouches usagées. «Les risques sanitaires associés à l’inhalation de protoxyde d’azote sont importants : perte de connaissance, asphyxie, brûlures, chutes, mais aussi atteintes neurologiques graves en cas de consommation répétée», précise la préfecture.

Le non-respect de cet arrêté expose les contrevenants à des sanctions pénales, pouvant aller jusqu’à 15 000 euros d’amende en cas d’incitation d’un mineur à la consommation. «Cette mesure s’inscrit dans une démarche globale de prévention, de protection des jeunes publics et de préservation de la sécurité et de la salubrité publiques».

La Ville d'Amiens a précédé la préfecture de quelques jours en interdisant depuis le 10 décembre, la consommation récréative du protoxyde d'azote sur son territoire, ainsi que la détention, la cession ou la revente de ces cartouches. Plusieurs villes picardes avaient déjà pris les mêmes mesures, comme Compiègne depuis 2020 ou Beauvais depuis 2020 pour les mineurs et 2025 pour les majeurs. Toujours dans l'Oise, Pont-Sainte-Maxence a fait figure de pionnière en la matière, en interdisant la gaz hilarant dès 2019.