«Le Sud-Artois conjugue dynamisme économique et transition écologique»
Maire de Bapaume et président de la Communauté de communes du Sud-Artois, Jean-Jacques Cottel décrypte les projets en cours et les ambitions d’un territoire situé au carrefour de la logistique, de la transition énergétique et du tourisme de mémoire. Entretien.

Le Sud-Artois affiche un vrai dynamisme économique, en atteste un taux de chômage bas, autour de 5 à 6%. Quels en sont les moteurs ?
Nous avons la chance de disposer de zones d’activités dynamiques et attractives, mais aussi d’un atout majeur : l’éolien. Notre territoire est d’ailleurs «à énergie positive», c’est-à-dire qu’il produit plus d’énergie qu’il n’en consomme, et des entreprises de rang mondial du secteur comme Vestas ou Nordex s’y sont implantées, créant des emplois dans la fabrication et la maintenance… Le Sud-Artois conjugue dynamisme économique et transition écologique ! Et grâce à sa position idéale sur l’autoroute A1 et à la proximité de deux gares TGV, Bapaume est le siège de nombreuses entreprises !
La proximité du futur Canal Seine-Nord-Europe est également un levier fort et nous préparons déjà les compétences nécessaires grâce à un centre de formation (ELF) spécialisé dans le BTP. L’installation d’un grand parking sécurisé pour poids lourds à la sortie de l’autoroute, porté par les entreprises Gardien et Bray, confirme la vocation logistique de notre territoire. Et le commerce de proximité se porte bien : rien qu’à Bapaume, 12 commerces ont vu le jour l’an dernier !

En parallèle du parc éolien, quels projets concrets sont engagés par la communauté de communes et votre ville en termes de transition écologique ?
Notre urbanisme intègre la protection des zones naturelles et bocagères comme le verdissement de Bapaume avec, notamment, des potagers scolaires, une mare pédagogique et la plantation d’arbres. Côté énergie, nous allons mettre en service d’ici 2027 un réseau de chaleur biomasse pour les grands consommateurs comme la prison et les collèges, et nous serons également alimentés en biogaz grâce à un méthaniseur situé quelques kilomètres. L’eau est également une autre priorité et nous devons avoir une grande réflexion sur les problématiques de qualité et du prix de l’eau.
Nous avons également rénové plusieurs bâtiments publics avec plus de 2 millions d’euros de subventions, et nous accompagnons aussi les particuliers dans leurs projets de rénovation, même si cela reste difficile pour les ménages modestes. Enfin, nous travaillons sur un Projet Alimentaire Territorial pour favoriser les circuits courts et renforcer la restauration collective locale.

Vous êtes confrontés à une demande importante de logements, comment y répondez-vous ?
Nous avons plusieurs projets. Sur la friche de l’ancienne caserne, ce sont 80 logements qui ont vu le jour, et 13 supplémentaires sur l’ancienne gendarmerie. Un projet d’une centaine de nouveaux logements est également en cours à proximité de la gare, en partenariat avec Flandre Opale Habitat, et pour lequel nous devrions bénéficier du dispositif Fonds friche. Il reste deux verrues, deux friches industrielles, nous y travaillons mais la dépollution et l’administratif ralentissent ces opérations. Notre PLU est en cours de révision pour 2027-2028, afin d’intégrer les contraintes de la loi ZAN et préserver les terres agricoles, tout en répondant aux problématiques de logement et d’accueil des entreprises.
Il faut savoir que Bapaume accueille quotidiennement plus de 2 500 élèves et plus de 3 000 salariés, soit plus que sa population (3 718 habitants, ndlr) ! Cela exige des services adaptés (EHPAD, MAS, antennes de France Travail et mission locale, sans oublier gendarmerie et pompiers) et d’améliorer la mobilité dans une zone à dominante rurale. Nous avons ainsi développé le transport à la demande en partenariat avec la Région, accessible pour 3€ par trajet, qui dessert notamment les gares et hôpitaux, mis en place une navette gratuite les jours de marché, subventionné l’achat de vélos et développé les pistes cyclables.

Le tourisme de mémoire et de passage connaît par ailleurs un bel essor ! Nous avons donc ouvert une aire de camping-cars qui a affiché 97% de fréquentation cet été, si bien qu’une extension est déjà envisagée. Nous accueillons aussi les pèlerins de la Via Francigena avec des projets d’hébergement dédiés.
Un dernier mot sur la santé, une préoccupation majeure des français. Quelle est la situation locale ?
La santé demeure en effet une préoccupation quotidienne, bien que hors de notre compétence directe. Un nouveau bâtiment sera construit pour renforcer l’hôpital de Bapaume et accueillir davantage de spécialistes. Les efforts portent aussi sur l’attractivité médicale : les maisons de santé sont vraiment dynamiques et accueillent de jeunes praticiens et des stagiaires, vecteurs d’installation future. Malgré tout, le manque de médecins généralistes reste un problème sur le territoire et des dispositifs comme la télémédecine sont envisagés afin de mieux couvrir les besoins des habitants.