Logements insolites au camping de Roy-Boissy

«Mon père voulait créer un camping dans sa vie, raconte Pascale Maes. En 1992, il a arrêté les vaches laitières et a aménagé 33 emplacements dans ce qui était une pâture d’un hectare et demi. Il a continué d’élever des poulets mais a beaucoup souffert quand est arrivée la grippe aviaire. Heureusement qu’il avait son camping pour survivre. Il n’avait qu’une seule ambition, obtenir une étoile…»

Malheureusement, son étoile, son père ne la verra jamais. Il est décédé avant. Après sa disparition en 2012 puis celle de sa mère, le camping du Vieux moulin a été abandonné durant cinq ans. Directrice commerciale informatique dans l’évènementiel à Paris, leur fille avait pour ambition de revenir un jour dans son village natal. La pandémie, qui a permis un développement du télétravail, et la naissance de son petit garçon, auront donné le coup d’envoi de cette nouvelle vie.

Deux petites cabanes d’Estonie tout confort

Désormais, le camping, entouré d’arbres et de haies, ne compte que six emplacements de passage. Car Pascale Maes a fait installer quatre logements insolites : «J’aspirai à revenir en Picardie tout en ayant besoin de garder du lien social», confie t-elle. Elle a porté son choix sur deux petites cabanes d’Estonie en bois de mélèze de 23 m3, dotées d’un chauffage au sol, avec chambre, salon, salle de bain, petite kitchenette et large baie vitrée sur la campagne. Elles ont été nommées La Charmeuse et L’heureuse.

Maisons de hobbits ou de télétubbies, igloos… leurs formes laissent parler l’imagination. Les clients sont toujours étonnés par la présence à l’extérieur du bain nordique et du sauna : «Quand les clients arrivent, le bain nordique est chauffé à 38 °C au bois, développe-t-elle. C’est écologique mais cela implique que les personnes doivent l’alimenter. C’est la même chose pour le sauna. Le bois donne une chaleur dense et intense. On peut mettre de l’eau sur les pierres pour avoir de la vapeur».

Elle a misé aussi sur une cabane en bois sur pilotis baptisé La Cosy de 27 m² avec jacuzzi sur la terrasse et, enfin, une second plus imposante L’observatoire, de trente mètres carrés avec jacuzzi sur la terrasse et chauffé par un poêle à pellets : «Ici, c’est la déconnexion totale assurée, pointe t-elle. Le matin, les touristes sont réveillés par le chant des oiseaux. Certains touristes sont équipés de jumelles. Beaucoup sont originaires de la région, ont fait la route depuis Lille ou Paris, où habitent juste à côté. Je reçois de plus en plus de Belges. Ils peuvent voir des hérissons, des écureuils, des poules en liberté ainsi que mes ânes, poneys, moutons, oies…»

Place aux produits de la région...

Quand elle raconte que parfois, les clients se trompent et arrivent avec une journée d’avance, nous sommes à moitié étonnés… Le matin, pour le petit déjeuner, Pascale Maes leur apporte une corbeille pleine de produits locaux comme le jus de pomme de la Ferme de la Mottelette à Saint-Thibault, le miel Des ruchers des becs à miel de Fontenay-Torcy, des yahourts de la Ferme de la vieille rue à Lachapelle-aux-Pots, du pain de Marseille-en-Beauvaisis, des confitures maison, des fruits de la Compagnie du légume à Grémévillers… Si les clients le désirent, elle peut leur proposer la venue de prestataires pour des massages des cinq continents ou de la médecine douce (réflexiologie, kinésiologie, soins énergétiques…) : «Je dispose d’une table de massage. Quand il fait beau, les prestations peuvent être réalisées dehors», précise t-elle.

Traversé par le Therinet, le village de Roy-Boissy possédait autrefois six moulins, dont le plus ancien, celui de la famille de Pascale Maes, aurait été construit en 1492. Il servait au tannage du cuir. C’est tout naturellement qu’en référence, son père avait baptisé le camping Le Vieux moulin. Elle caresse l’espoir de pouvoir le restaurer un jour en changeant la turbine.

... et au tourisme local 

Pascale Maes a concocté plusieurs circuits de balades pour permettre à ses clients de découvrir ce patrimoine insolite dans la commune. Les plus amoureux de la marche n’hésitent à se rendre à pied jusque Gerberoy distant de 7 km. Elle leur conseille aussi se se rendre sur le plan d’eau du Canada à Beauvais, jusque Crèvecoeur-le-Grand, de prendre le train à vapeur du Beauvaisis, de visiter le moulin de Cleutin à Fontenay-Torcy.

Pour se restaurer, elle les oriente vers la brasserie Le Grand Blamont à Marseille-en-Beauvaisis qui propose des plats à emporter, Le Vieux Logis à Gerberoy, le Raphaëllo à Songeons ou le Jardin de Catherine à Mesnil-Conteville. Elle peut aussi leur concocter des planches découvertes composées avec des légumes de la Compagnie du légume à Grémévillers, des fromages de la Chapelle Saint-Jean) à Grémévillers…

Heureuse d’avoir redonner vie au camping de son père, elle nourrit déjà de nouveaux projets pour le site : «J’aime vraiment le contact avec les clients, conclut-elle. Ils sont touchés par l’histoire des lieux et me demandent de la raconter».