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Milipol 2025: quand l'innovation défie les menaces hybrides

Drones, désinformation, intrusions: face aux conflits hybrides, la sécurité ne se joue plus seulement au bout d'un fusil, comme le montrent les innovations présentées cette semaine au salon international de...

Le ministre français de l'Intérieur Laurent Nunez inaugure le salon de la sécurité intérieure Milipol à Villepinte, près de Paris, le 18 novembre 2025 © Thibaud MORITZ
Le ministre français de l'Intérieur Laurent Nunez inaugure le salon de la sécurité intérieure Milipol à Villepinte, près de Paris, le 18 novembre 2025 © Thibaud MORITZ

Drones, désinformation, intrusions: face aux conflits hybrides, la sécurité ne se joue plus seulement au bout d'un fusil, comme le montrent les innovations présentées cette semaine au salon international de la sécurité intérieure Milipol près de Paris.

- "Bulle" anti-drones-

La start-up française Alta Ares présente sa "bulle" anti-drones inspirée du Dôme de fer israélien, une solution intégrale combinant radar, imagerie sur drone et drones intercepteurs. 

Il est utilisé en Ukraine où Alta Ares est implantée depuis 2023 pour arrêter les drones Shahed qui terrorisent les villes ukrainiennes, précise Eloi Delort, chargé des affaires publiques. 

Doté de l'IA intégrée, le système permet d'arrêter 5 à 6 drones sur 10, contre 3 sur 10 sans IA, précise-t-il en ajoutant que la technologie a été "validée sur le terrain". 

Entraîner l'IA avec de la donnée réelle "fait la différence".

Les clients manifestent un intérêt croissant, "parce que malheureusement, c'est un sujet qui va préoccuper au-delà de l'Ukraine".

L’entreprise estonienne Defsecint, spécialisée dans la lutte contre les drones, a le même atout ayant installé dès 2022 un hub technologique en Ukraine. 

Face à la "guerre hybride", le système anti-drone doit être "permanent ou déployable en très peu de temps" pour protéger frontières, infrastructures critiques (ports, centrales électriques) ou évènements publics comme festivals ou matchs de foot, dit à l'AFP Viido Naruskberg, responsable des programmes spéciaux de Defsecint.

Le système intègre différents capteurs — radar, caméras, acoustique, radiofréquence — pour obtenir une vision complète du ciel avant de suggérer à l'opérateur la meilleure solution d'interception (drones, brouillage, leurrage...). 

La solution cumule les technologies émergentes d'Ukraine et celles d'Europe occidentale permettant de "réagir en quelques semaines aux nouvelles menaces", souligne le responsable. 

Selon Marianne Rénaux, membre du jury Milipol innovation Awards qui a sélectionné ces entreprises, "combiner les capteurs multiples, détecter les signaux faibles et entraîner l'IA en environnement réel" constitue une avancée majeure. 

- Déjouer la désinformation -  

L'entreprise israélienne Brinker décompose les récits malveillants et propose des contre-mesures à ses clients (gouvernements, ONG ou entreprises): retrait de contenus, démarches juridiques ou contre-récits basés "sur l'intelligence émotionnelle". 

"Les faits ne comptent plus malheureusement" pour contrebalancer la désinformation, déclare à l'AFP Daniel Ravner, cofondateur et patron de Brinker.

"Les campagnes d'influence basées sur la désinformation représentent le plus grand problème au monde" et manipuler l'information est "un front de guerre", estime-t-il, citant parmi les "champions" Russie, Chine, Iran et Corée du Nord.   

Brinker ne se limite pas aux outils classiques de vérification: elle s'intéresse aux discours problématiques, vrais ou faux, et à leur potentiel de création de chaos.

- Ballon dirigeable - 

Pour surveiller les sites industriels sensibles, la start-up française Lium a développé un ballon dirigeable Horis "avec des systèmes de caméras embarquées et de l'IA qui va détecter départ de feu, fuite de gaz et intrusion", explique le cofondateur Guilain Yvon.  

Avec une résolution bien supérieure à celle des satellites et une autonomie de plusieurs semaines, le ballon envoie les alertes aux agences de sécurité et peut être utilisé à la fois en surveillance permanente et en gestion de crise.

L'objectif est d'éviter les catastrophes comme l'incendie de Lubrizol à Rouen en 2019 ou l'explosion du port à Beyrouth en 2020, souligne Guilain Yvon.

Mini-caméra portable

Connectée au smartphone, la mini-caméra portable du néerlandais Phonecam filme et localise celui qui la porte, puis transmet en temps réel les menaces le visant, à un prix de 160 euros. 

"La Phonecam utilise la batterie et les capteurs de votre smartphone. Elle ne devient pas obsolète" car est mise à jour avec le téléphone, explique Jorge Iribarren, un responsable. 

Tissu ignifuge qui respire

La norvégien Daletec innove dans les tissus ignifuges, mélange de fibres naturelles et synthétiques.

Agréables au toucher, ces tissus de camouflage sont plus robustes tout en restant légers et confortables pour policiers ou militaires "qui passent toute la journée sur le terrain", souligne le responsable du groupe, Erlend Hesjedal-Johannessen.

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