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Mort d'une centenaire qui avait échappé au massacre d'Oradour-sur-Glane

Elle avait échappé de justesse au massacre d'Oradour-sur-Glane avant de devenir responsable syndicale et militante féministe: Camille Senon est décédée jeudi à l'âge de 100 ans, a-t-on appris auprès du...

Camille Senon chez elle à Limoge le 6 septembre 2017 © PASCAL LACHENAUD
Camille Senon chez elle à Limoge le 6 septembre 2017 © PASCAL LACHENAUD

Elle avait échappé de justesse au massacre d'Oradour-sur-Glane avant de devenir responsable syndicale et militante féministe: Camille Senon est décédée jeudi à l'âge de 100 ans, a-t-on appris auprès du maire du village martyr de Haute-Vienne.

Elle avait vingt ans le 10 juin 1944, jour du massacre commis par les SS de la division Das Reich. "Je travaillais à Limoges, mais je rentrais à Oradour les weekends. Ce jour-là, j'ai pris le tramway, comme d'habitude, et rapidement on a vu les fumées noires au loin. La panique a gagné les wagons et en un instant nous étions arrêtés par des soldats allemands", avait-elle raconté à l'AFP en 2017.

"Ils nous ont gardés plusieurs heures, nous expliquant ce qu'ils avaient fait à Oradour et nous laissant croire que, peut-être, ils nous tueraient nous aussi. Ce que j'ai vu ensuite est difficile à raconter: il n'y avait plus âme qui vive", lâchait-elle alors.

Parmi les 642 villageois tués, dont une majorité de femmes et d'enfants, se trouvait toute sa famille.

Figure majeure de la mémoire d'Oradour-sur-Glane - elle avait notamment témoigné au procès de Bordeaux -, elle était ensuite rentrée après-guerre à la CGT et au Parti communiste.

Devenue responsable syndicale de l'une des plus importantes sections féminines de la CGT des PTT à Paris, elle avait inlassablement milité pour les droits des femmes.

"Quand j'ai commencé à travailler, il faut imaginer qu'il n'y avait pas de statut des fonctionnaires, et les femmes devaient encore demander la permission à leur chef de service pour se marier! La misogynie et le sexisme ordinaire étaient partout, y compris dans les milieux syndicaux", s'était alors souvenu cette "éternelle révoltée", qui avait fêté en juin ses 100 ans.

Á plus de 90 ans, en 2014, elle s'était portée candidate aux élections municipales à Limoges sur une liste "Front de gauche" et avait manifesté contre la venue de Dieudonné dans sa ville. 

En 2016, elle avait refusé l'ordre national du Mérite au moment de la promulgation de la loi Travail, pour ne pas "renier toute (sa) vie militante pour plus de justice et de solidarité, de liberté, de fraternité et de paix", selon elle

"C'est important de rappeler aux jeunes qu’il ne faut pas tricher avec ses valeurs, et rester, quelles que soient les circonstances, toujours optimiste", disait-elle. "Parce que même si le monde qui se prépare est inquiétant, la vie m'a prouvé qu'il n'est jamais temps de désespérer".

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