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Municipales à Nice: la bataille des frères ennemis Estrosi/Ciotti prend toute la place

Ils avaient promis une campagne d'idées au-dessus des querelles personnelles mais à trois mois des municipales, la rivalité à droite entre les anciens amis Christian Estrosi...

Eric Ciotti, à gauche, et à sa droite Christian Estrosi, le 18 avril 2024, à Nice, dans les Alpes-Maritimes © Valery HACHE
Eric Ciotti, à gauche, et à sa droite Christian Estrosi, le 18 avril 2024, à Nice, dans les Alpes-Maritimes © Valery HACHE

Ils avaient promis une campagne d'idées au-dessus des querelles personnelles mais à trois mois des municipales, la rivalité à droite entre les anciens amis Christian Estrosi et Eric Ciotti tourne à l'affrontement.

Les camps du maire Horizons et du député de l'Union des Droites (UDR), allié au Rassemblement national (RN), occupent le terrain en distillant des éléments de programme au compte-goutte mais surtout en multipliant les petites piques.

C'est parfois cocasse, comme quand M. Ciotti promet de transformer un supermarché désaffecté en bowling quelques jours avant la validation en conseil municipal d'un projet similaire. Ou quand les services sanitaires de la mairie viennent inspecter -- et fermer -- un restaurant où le député a prévu une réunion de campagne.

Un petit montage de vidéos anciennes d'Eric Ciotti, 60 ans, faisant l'éloge de Christian Estrosi, 70 ans, quand il était son bras droit a bien plu aux partisans du maire lors d'un meeting de lancement de campagne il y a deux semaines. Mais étaient-ils 3.000 ou 800 ? La bataille des chiffres a fait rage pendant plusieurs jours.

Le débat tombe parfois plus bas. Fin novembre, un proche de M. Ciotti a traité M. Estrosi, qui brigue un 4e mandat, d'"analphabète". Et lundi, un proche du maire a qualifié le député de "petit candidat aussi rabougri que sa vision de Nice".

Sur le plan des idées, c'est encore flou. Les candidats multiplient les réunions en petit comité, à l'écoute des habitants. 

M. Estrosi a distribué un questionnaire pour recueillir doléances et propositions, promettant, parmi une série d'engagements participatifs, d'intégrer les auteurs des deux idées les plus intéressantes en position éligible sur sa liste pour qu'ils les mettent eux-mêmes en oeuvre.

Où il veut, comme il veut

Côté Ciotti, les premières mesures évoquées portent sur l'annulation de la hausse de près de 20% de la taxe foncière votée en 2024, ou encore sur un projet de logements pour policiers sous la houlette de Jean-Pierre Rivère, ancien président du club de football de l'OGC Nice et recrue de poids pour sa liste.

Le député UDR assure d'ailleurs que cette liste officiellement sans étiquette intègrera, outre quelques membres du RN, des personnalités du centre et même de la gauche. Si c'est le cas, les listes des deux frères ennemis risquent de se ressembler, puisque que M. Estrosi compte d'anciens FN/RN parmi ses proches.

La lutte sera donc surtout personnelle, et M. Ciotti semble avoir hâte d'en découdre avec son ancien mentor, réclamant un débat avec le maire "où il veut, comme il veut".

Dans le camp Estrosi, on explique que ce n'est pas le moment et qu'il ne faut pas oublier les autres candidats. Mais lors d'une réunion de campagne en petit comité il y a quelques jours, en présence d'une journaliste du quotidien Libération, le maire est sorti du script: "Il le regrettera son débat. Il va se retrouver, lui l'élève, en face du maître (...). Les coucougnettes vont s'agiter dans tous les sens".

Dans ce tintamarre, les autres têtes de liste, dont plusieurs ont déjà assuré qu'elles ne donneraient pas de consigne de vote pour le second tour, voyant peu de différences entre les deux candidats de droite, ont du mal à se faire entendre: Juliette Chesnel-Le Roux (PS-PCF-Verts), Mireille Damiano (LFI-liste citoyenne), Hélène Granouillac (écologiste), Jean-Marc Governatori (écologiste centriste), Nathalie Dloussky (souverainiste), Cédric Vella (Reconquête).

Et la presse a pris les devants, échaudée par de nombreux dérapages récents: des journalistes insultés sur le terrain, pris à partie sur les réseaux sociaux, snobés par tel ou tel candidat, court-circuités par une équipe qui appelle leur direction pour tenter d'infléchir un article...

Le club de la presse de Nice a ainsi présenté cette semaine une "charte de respect mutuel". Beaucoup de journalistes et tous les candidats déclarés l'ont signée. A voir si elle sera respectée.

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