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Claire Bizet, directrice du Mouvement associatif Hauts-de-France

«Ne faites pas des associations les variables d’ajustement des politiques budgétaires»

Face au contexte budgétaire actuel, Le Mouvement associatif, le Réseau National des Maisons des Associations (RNMA) et Hexopée ont mandaté l’Observatoire Régional de la Vie Associative (ORVA) des Hauts-de-France pour réaliser une étude visant à évaluer l’impact des baisses de financement annoncées sur le secteur associatif. Et le constat est alarmant...


Claire Bizet et Thierry Coulomb, directrice et président du Mouvement associatif Hauts-de-France.
Claire Bizet et Thierry Coulomb, directrice et président du Mouvement associatif Hauts-de-France.

Le Mouvement associatif, le Réseau National des Maisons des Associations (RNMA) et Hexopée ont mandaté l’Observatoire Régional de la Vie Associative (ORVA) des Hauts-de-France pour réaliser une étude visant à évaluer l’impact des baisses de financement annoncées. Menée en mars 2025, cette enquête a recueilli près de 5 557 témoignages de dirigeants associatifs, constituant un échantillon national représentatif d’associations de toutes tailles, tous secteurs d’activités et toutes régions. Dans les Hauts-de-France, ce sont plus de 527 acteurs qui y ont participé.

Une trésorerie et des financements à rude épreuve

Le premier enseignement de l’étude porte sur la trésorerie : près d’un tiers des associations employeuses (31%) disposent d’une marge de manœuvre inférieure à trois mois, les rendant particulièrement vulnérables. Plus de la moitié signalent des problèmes de trésorerie (23% de manière récurrente, 31% de manière ponctuelle) et 69% déclarent que le montant de leurs fonds propres en mars 2025 est fragile ou nul. Pour répondre à ces problématiques, beaucoup d’associations demeurent sans réponse (38%), tandis que d’autres cherchent des solutions par la négociation (68%) ou se tournent vers des emprunts bancaires (35%).

Les financements sont également dans le flou. Alors que près de la moitié des renouvellements de subventions n’ont pas encore abouti, 5% des demandes ont d’ores et déjà été refusées, selon l’étude. Et parmi les subventions attribuées, 25% sont en légère baisse et 20% en forte baisse. Une conjoncture qui oblige les associations à réduire leurs activités comme l’affirment 28% des associations, tandis que 22% des associations non employeuses vont jusqu’à annuler certaines de leurs actions. Près de 15% augmentent ainsi la participation financière de leurs usagers, bien que le modèle associatif vise à rester le plus accessible à tous.

200 000 emplois menacés en région

Pour les associations en difficulté, le principal levier d’ajustement reste la réduction des dépenses en ressources humaines : 18% ne remplacent pas les départs de salariés, 16% annulent ou retardent leurs recrutements, 8% mettent en place un plan de sauvegarde de l’emploi ou procèdent à des licenciements économiques et 7% ne remplacent pas les départs temporaires. Seul un quart des associations excluent, pour l’instant, toute réduction de leur masse salariale. «La situation est compliquée pour le monde associatif depuis de nombreuses années, mais le contexte actuel nous incite à réagir car nous craignons d’atteindre aujourd’hui un seuil critique», expliquait Claire Bizet, directrice du Mouvement associatif Hauts-de-France, lors de la présentation de l’étude. «Les subventions baissent, les coûts de fonctionnement et les besoins sociaux augmentent, et les associations sont également confrontées à une surcharge administrative… nous arrivons véritablement au bout en terme de marge de manœuvre et ce sont 200 000 emplois dans les Hauts-de-France qui sont menacés. L’impact est par ailleurs important sur l’engagement associatif car sa vocation première est mise de côté pour rentrer dans des logiques de survie qui sont épuisantes au quotidien».

Le Mouvement associatif, Hexopée, et le Réseau National des Maisons des Associations appellent ainsi à sept mesures fortes de soutien aux associations pour leur permettre de faire face à la situation : simplifier les démarches bancaires avec des outils adaptés aux modèles associatifs ; renforcer les acteurs de l’accompagnement qui interviennent auprès des associations ; fournir des données précises sur les baisses de financement au monde associatif ; donner davantage de visibilité financière aux associations ; développer les outils d’une gouvernance mixte du financement des associations ; renforcer les financements pour le monde associatif lors du prochain projet de loi de finance ; et adopter une fiscalité davantage favorable aux associations. «Ne faites pas des associations les variables d’ajustement des politiques budgétaires», appelle Claire Bizet. «Nous portons des missions d’intérêt général qui mériteraient des aides structurelles pérennes et davantage de visibilité à long terme, comme davantage de dialogue et une simplification administrative».