Nouvelle-Calédonie: Macron reprend la main dans l'espoir d'un accord

Une invitation à Paris pour relancer un dialogue bloqué en Nouvelle-Calédonie: Emmanuel Macron va réunir indépendantistes et loyalistes à partir de la mi-juin, après l'échec des récentes négociations sur l'avenir institutionnel de l'archipel...

Emmanuel Macron à Nouméa en Nouvelle-Calédonie le 23 mai 2024 © LUDOVIC MARIN
Emmanuel Macron à Nouméa en Nouvelle-Calédonie le 23 mai 2024 © LUDOVIC MARIN

Une invitation à Paris pour relancer un dialogue bloqué en Nouvelle-Calédonie: Emmanuel Macron va réunir indépendantistes et loyalistes à partir de la mi-juin, après l'échec des récentes négociations sur l'avenir institutionnel de l'archipel, frappé en 2024 par des violences insurrectionnelles.

"Le président de la République invitera, avec le gouvernement, les parties prenantes de la Nouvelle-Calédonie à venir travailler à Paris à partir de la mi-juin, afin de clarifier les sujets économiques, politiques et institutionnels en vue de parvenir à un accord partagé sur l'avenir de l'archipel", a annoncé l'Elysée mardi soir.

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls avait mené en vain début mai trois jours de négociations dans un hôtel de Deva, à Bourail (centre), pour mettre indépendantistes et non-indépendantistes d'accord sur un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie, frappée à partir de la mi-mai 2024 par des émeutes qui ont fait 14 morts et des milliards d'euros de dégâts, sur fond de crise économique et sociale aiguë.

L'ancien Premier ministre s'est rendu trois fois sur le "Caillou" depuis son retour au gouvernement en décembre dernier. Les pourparlers de Deva, des négociations à huis clos et non plus seulement des discussions, étaient les premiers du genre depuis 2019, associant toutes les parties en présence, selon l'entourage de Manuel Valls.

Figure du camp non-indépendantiste dans l'archipel du Pacifique sud, le député Renaissance Nicolas Metzdorf reçu vendredi dernier à l'Elysée, avait annoncé à l'issue de la réunion qu'Emmanuel Macron allait prendre "une initiative afin de relancer les discussions" sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie.

Le parlementaire avait évoqué avec le chef de l'Etat "le blocage politique à l'issue des négociations de Deva".

Ce conclave s'était conclu sur un échec. La frange dure des non-indépendantistes, dont font partie Nicolas Metzdorf et l'ancienne secrétaire d'Etat chargée de la Citoyenneté Sonia Backès, avait estimé que le projet de "souveraineté avec la France" présenté par Manuel Valls, qui prévoyait une "double nationalité, française de droit et calédonienne", ainsi qu'un "transfert et une délégation immédiate des compétences régaliennes", équivalait à "l'indépendance" du territoire océanien.

Situation politique figée

Dimanche, Manuel Valls avait réaffirmé être toujours chargé des discussions. "Celui qui s'occupe, à la demande du chef du gouvernement, du dossier de la Nouvelle-Calédonie, c'est le ministre des Outre-mer. C'est moi. Il n'y en a pas d'autre", avait-il martelé sur LCI.

Le ministre avait en outre réfuté être "désavoué par quiconque".

Pour Sonia Backès, présidente de la province Sud de Nouvelle-Calédonie, "c'est dans la logique des choses que le président de la République prenne cette initiative" de relance du dialogue. 

"Il n'était pas sain que la Nouvelle-Calédonie reste sur l'échec des négociations menées par Manuel Valls. Il a fait une erreur de fond: remettre en cause l'intégrité du territoire national sans l'accord du président, et une erreur de forme en proposant l'indépendance alors que les Calédoniens l'ont rejetée par trois fois. Cela donne raison à ceux qui ont organisé les actes violents de l'année dernière", a-t-elle fait valoir à l'AFP.

Les émeutes, les plus violentes depuis les années 1980, étaient survenues le 13 mai 2024 sur fond de mobilisation contre un projet d'élargissement du corps électoral au scrutin provincial calédonien, contesté par les indépendantistes qui accusaient l'exécutif français de vouloir minorer la population autochtone kanak.

Depuis 2007, le gel du corps électoral exclut des élections provinciales la plupart des personnes arrivées en Nouvelle-Calédonie après novembre 1998, date de la ratification des accords de Nouméa.

Depuis le dernier référendum d'autodétermination de 2021, boycotté par les indépendantistes, la situation politique est figée dans l'archipel.

Les négociations sur le futur statut de la Nouvelle-Calédonie avaient été relancées début 2025. Plusieurs cycles de discussions ont eu lieu et Manuel Valls est parvenu à remettre autour de la table deux camps aux positions difficilement conciliables, sans pour autant arriver à un accord.

Pour le ministre, il y a eu "un échec des discussions et des négociations" mais "le fil du dialogue n'est pas rompu".

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