Photovoltaïque : une matinée pour guider les entreprises vers l’autoconsommation
Les acteurs d’Ambition Matériaux Hauts-de-France ont organisé un événement clé pour accompagner les entreprises dans leur transition énergétique. Objectif : faire de l’autoconsommation photovoltaïque une opportunité.

Réduire ses coûts, stabiliser le prix de l’énergie, limiter son empreinte carbone… Les atouts de l’autoconsommation photovoltaïque ne sont plus à démontrer. Partant de ce constat, le réseau Ambition Matériaux Hauts-de-France, a réuni, ce 6 mai, les entreprises industrielles et tertiaires lors d’un temps fort dédié à ce sujet, avec pour objectif de leur fournir toutes les clés pour réussir leur projet.
La rencontre, sous le format d'un webinaire co-animé par Christophe Paul, chef de projet photovoltaïque pour le groupe EDF et Manon Fruit, consultante ENR au CD2E, a passé en revue les solutions techniques, les contraintes réglementaires et les perspectives de marché. «Nous voulons que les entreprises repartent avec des réponses concrètes, prêtes à l’emploi, souligne Christophe Paul. «Aujourd'hui, produire sa propre énergie est un véritable levier de compétitivité».
Le photovoltaïque séduit
Plusieurs facteurs expliquent l’essor du solaire : la hausse du prix de l’électricité (jusqu’à 1 000 euros en 2020 sur la facture annuelle d'une entreprise), la baisse drastique du coût des panneaux (-80 % en dix ans), leur durabilité (rendement supérieur à 80% après 25 ans) et un cadre réglementaire de plus en plus incitatif. «Une installation en toiture peut être amortie en huit à dix ans, 15 ans pour une ombrière. Et le temps de retour énergétique est d’à peine un an et demi en Hauts-de-France», précise Manon Fruit. «La technologie est fiable, recyclable à 96% et permet de valoriser l'image verte de l’entreprise».
Trois options s’offrent à ces dernières : autoconsommation individuelle, collective ou vente totale. L’autoconsommation individuelle est pour le moment particulièrement prisée dans l’industrie. «Elle permet de sécuriser une partie de l’approvisionnement, d’être exonéré de taxes d’acheminement et de baisser la facture», explique Christophe Paul. La vente totale est simple à mettre en œuvre, mais moins avantageuse. «On valorise au maximum les surfaces, mais le prix de vente reste plus bas que celui d’achat», poursuit Manon Fruit.
Quant à l’autoconsommation collective, elle se développe, notamment chez les bailleurs ou sur des sites industriels mutualisés. «72 opérations sont déjà recensées dans la région. Ce modèle permet de partager la production entre plusieurs consommateurs situés dans un rayon de deux kilomètres», précise Manon Fruit. Son homologue Christophe Paul complète : «Cela peut être utile pour une entreprise qui possède une partie logistique et une partie production proches. Le bâtiment logistique produit pour envoyer l’énergie au bâtiment de production, plus énergivore».
Des questions à se poser avant de se lancer
Mais attention, tout projet mérite une étude approfondie. Orientation des toitures, absence d’ombres, solidité de la charpente, présence d’amiante, contraintes assurantielles ou environnementales… «Il faut aussi s’assurer que le bâtiment peut supporter la charge des panneaux qui représente, en moyenne, 15 kilogrammes par mètre carré», rappelle la consultante. En toiture, on peut produire entre 60 et 180 kWc/m². Une ombrière sur un parking de 100 places peut produire, quant à elle, jusqu’à 250 kWc/m². Mais certaines surfaces sont soumises à des contraintes réglementaires qui limitent les aides ou imposent des études d’impact.
Depuis la loi climat et résilience, la loi Énergie ou encore la loi Aper, les obligations de solarisation se renforcent. «Les nouveaux bâtiments doivent, d'ores et déjà, intégrer 30 à 50% de panneaux photovoltaïques selon leur taille. Et dès 2028, même les bâtiments existants devront respecter ces seuils lors de rénovations lourdes», indique Christophe Paul.
Le bon moment pour investir
Malgré une récente baisse du prix de l’électricité, le marché du solaire reste dynamique : la France a raccordé plus de 3 000 MW en 2023. «Le prix de livraison pour 2025 est d’environ 75 € par MWh, bien loin des pics de 2021 à 1 000 €. Mais rien ne garantit que les prix restent bas, prévient le chef de projet photovoltaïque pour le groupe EDF. Donc investir aujourd'hui, c’est se prémunir des incertitudes de demain». Ce rendez-vous d’Ambition Matériaux s’inscrit dans cette volonté d’anticipation. «Nous avons voulu démontrer que les solutions existent, qu'elles sont accessibles et qu'elles permettent de concilier performance économique et responsabilité environnementale», conclut Manon Fruit.