Plastique, aluminium: vers la consigne des bouteilles et canettes en France
La France devra généraliser la consigne pour bouteilles et canettes dans les mois à venir, pour rattraper son retard européen en matière de recyclage du plastique et de l'aluminium, et lutter contre la pollution plastique notamment dans les océans...

La France devra généraliser la consigne pour bouteilles et canettes dans les mois à venir, pour rattraper son retard européen en matière de recyclage du plastique et de l'aluminium, et lutter contre la pollution plastique notamment dans les océans, estime le principal acteur de la filière Citeo.
Après un appel lancé samedi par Emmanuel Macron exhortant le gouvernement à "maintenir" le cap sur l'écologie, l'éco-organisme qui gère la collecte et le tri des ordures ménagères en France s'est déclaré mardi tout à fait favorable à la généralisation d'un système de consigne pour les bouteilles en plastique PET (polytéréphtalate d'éthylène) et les canettes de boisson en aluminium.
"La consigne est un levier puissant en faveur du recyclage et va certainement faire l'objet de nombreuses discussions dans les semaines qui viennent", a souligné Anne-Sophie Louvel, directrice opérations et territoires de Citeo, lors d'un briefing téléphonique avec la presse.
Ce dispositif, "absolument clé", selon le chef de l'Etat, doit permettre notamment de lutter contre la pollution plastique qui envahit la planète. Le sujet, débattu actuellement à Nice au sommet de l'Onu sur l'Océan (Unoc), sera au centre d'une nouvelle série de négociations internationales début août à Genève, après l'échec des discussions de Busan en Corée du Sud fin novembre sur la réduction des déchets plastiques.
Evoqué depuis plusieurs années, le projet de consigne en France a finalement été reporté aux calendes grecques en 2023 devant l'hostilité des collectivités, qui financent les centres de tri des déchets.
- France, mauvais élève -
Contestant l'utilité d'une mesure qu'il estime portée par le lobby des industriels des boissons, le réseau de collectivités Amorce a redit mercredi son hostilité à une mesure qui viendrait selon lui menacer les "investissements colossaux" des collectivités "pour moderniser" leurs centres de tri et "simplifier le geste de tri".
Amorce a indiqué que "les élus locaux sont capables aussi d'aller dans la rue, quand on met en péril un service public de proximité comme la gestion des déchets".
Entre temps, la consigne s'est quand même installée à bas bruit ces dernières années, à l'instigation des producteurs de boissons qui ont installé un millier de machines de récupération dans les centres commerciaux: les consommateurs y rapportent leurs bouteilles contre une rétribution de quelques centimes.
Samedi, Emmanuel Macron a appelé le gouvernement à "continuer le combat sur la consigne" du plastique. Car la France fait figure de mauvais élève aussi bien sur la collecte des déchets que sur leur recyclage.
Alors que l'Europe s'est fixé pour objectif de parvenir à collecter 90% des bouteilles et canettes de boissons d'ici 2029, la France en est "à peine à 53%", a souligné Mme Louvel.
Côté recyclage, les statistiques ne sont guère meilleures. Face à un objectif de 55% de recyclage dans l'UE en 2029, la France en est à "à peine 28, voire 30%" cette année, souligne Mme Louvel. Pour les emballages en aluminium, l'objectif européen est de 60% de recyclage et la France plafonne à 37%.
Malgré les consignes de tri élargies et simplifiées du bac jaune édictées il y a deux ans par Citeo (tous les emballages, qu'ils soient en papier, carton, plastique, alu ou acier, doivent être jetés dans la poubelle jaune), les premiers résultats ne montrent pas de progression massive des taux de collecte et de recyclage.
- "Equilibré" -
En revanche, en quelques mois, l'Irlande a quasiment atteint 75% de taux de collecte, grâce à la consigne, note Citeo.
Mais le dispositif doit rester "complémentaire" à celui des bacs jaunes, il "ne doit pas se faire au détriment d'une partie prenante et doit être (...) équilibré entre les différents acteurs", avertit Laurent Grave-Raulin, secrétaire général de Citeo.
Il pourrait être étendu à l'espace public, les poubelles de rues n'étant pas associées au recyclage, alors qu'elles reçoivent près de 60.000 tonnes de matière recyclable chaque année (contre six millions de tonnes dans les poubelles jaunes).
Pour mettre en oeuvre la consigne, un décret est nécessaire selon le dirigeant de Citeo.
Citeo favorise aussi parallèlement la consigne pour réemploi, c'est-à-dire le retour d'emballages qui vont être lavés, reremplis et réutilisés. Une expérimentation avec des bouteilles et bocaux en verre va ainsi être lancée cette semaine dans plusieurs régions.
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