Près de sept entreprises sur 10 passent le cap des cinq ans
Cinq ans après leur immatriculation, 69 % des entreprises françaises tiennent encore debout, selon l’Insee, mais les disparités restent fortes selon les secteurs et la forme juridique. La crise sanitaire a accentué les écarts, révélant la fragilité des micro-entrepreneurs face à la résilience des sociétés.

Confrontées à la crise sanitaire, elles ont montré leur capacité de résilience. Selon une étude de l’Insee parue le 3 septembre dernier, 69% des entreprises créées au premier semestre 2018 (hors micro-entrepreneurs), sont encore actives cinq ans après. Ce chiffre, bien qu’il semble encourageant, masque des disparités selon la forme juridique et le secteur d’activité. Les sociétés dépassent nettement les entreprises individuelles classiques avec 71% d’entre elles encore en activité à cette échéance, contre 63%. Les secteurs financiers et d’assurance se distinguent par leur solidité, 77% des entités étant toujours actives après cinq ans, tandis que le commerce affiche la performance la plus modeste, à 64%
L’analyse du profil des créateurs montre que les projets prévus pour durer seulement quelques années survivent souvent au-delà des intentions initiales. Même dans les secteurs où l’on anticipait une activité temporaire, comme le conseil ou la restauration traditionnelle, une majorité des entreprises (61%) perdurent au-delà de cinq ans. La forme juridique est un facteur clé : les sociétés sont plus résilientes que les entreprises individuelles et elles bénéficient d’une meilleure pérennité dans presque tous les secteurs, à l’exception du transport-entreposage.
La crise sanitaire a réduit les chances de survie
L’impact de la crise sanitaire sur les entreprises a été variable. 90 % de celles encore debout après trois ans, poursuivaient leur activité deux ans plus tard, mais la baisse d’activité subie durant la pandémie a réduit les chances de maintien à horizon de cinq ans. Logiquement, les sociétés dont l’activité est resté stable ou a augmenté pendant la crise présentent 1,3 à 1,4 fois plus de probabilité de perdurer que celles ayant connu un arrêt complet ou une forte chute du chiffre d’affaires. Le recours aux aides publiques, comme l’allocation d’activité partielle (ou chômage partiel), a contribué à soutenir les entreprises, en particulier parmi celles employeuses dont l’activité avait diminué.
L’Insee confirme une nouvelle fois que la présence de salariés à la création, des moyens financiers suffisants et une expérience professionnelle préalable favorisent également la longévité des structures. Et au terme de cinq ans, près de la moitié des sociétés encore actives emploient au moins un salarié en plus du dirigeant, contre seulement un cinquième des entreprises individuelles classiques.
Le chiffre d’affaires révèle aussi de fortes disparités : 14% des entreprises ont déclaré moins de 15 000 euros lors du dernier exercice comptable, plus fréquemment au sein des sociétés que chez les entrepreneurs individuels. En revanche, près d’un quart des structures déclarent un chiffre d’affaires supérieur à 300 000 euros et une proportion de 12 % de sociétés dépassent les 777 000 euros, (seuil du régime réel normal de TVA). Parmi les petites entreprises, la moitié de dirigeants jugent leur chiffre d’affaires satisfaisant, souvent parce qu’ils disposent d’autres sources de revenus ou d’une retraite complémentaire.
Micro-entrepreneurs : une pérennité plus fragile
En revanche, les chances de survie à cinq ans des micro-entrepreneurs sont nettement plus réduites que celles des autres régimes, révèle une autre étude de l’Insee. Sur quelque 400 000 micro-entrepreneurs immatriculés en 2018 (53 % des créations d’entreprises), moins de trois sur 10 (28%) sont encore actifs cinq ans plus tard. Le secteur de la santé humaine et l’industrie présentent les meilleurs taux de survie, tandis que le conseil, le commerce et la livraison sont les plus fragiles.
L’expérience professionnelle et un investissement initial conséquent contribuent aussi à renforcer les chances de prospérer des micro-entrepreneurs. Ou encore, le soutien extérieur, qu’il soit en conseil, information ou appui logistique (+7 points). Par contre, ceux qui combinent le micro-entrepreneuriat avec une autre activité à temps complet voient leur pérennité diminuer, leurs projets étant souvent de nature ponctuelle.
Si la crise sanitaire n’a pas impacté la pérennité des micro-entrepreneurs, elle a pesé sur leurs revenus. En 2023, le chiffre d’affaires moyen de ceux actifs atteint 20 000 euros avec un revenu annuel équivalent à environ 60% du SMIC net. Deux tiers des micro-entrepreneurs ont vu leur chiffre d’affaires affecté par la crise sanitaire. Plus particulièrement dans les arts, spectacles et activités récréatives (83%), tandis que le secteur de l’information et de la communication a été moins touché (55%) ; 9 % ont même perdu tout leur chiffre d’affaires.
AÏcha BAGHDAD et B.L