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Préserver les chemins ruraux, un enjeu des communes

Depuis 2004, l'association les Chemins ruraux des Hauts-de-France aide et accompagne les communes à recenser leurs chemins ruraux. Liés à de nombreux enjeux, ces chemins font partie du patrimoine communale... et l'association apporte des conseils juridiques tout en propulsant des projets de développement.


Nadia Buttazzoni (à dr.), présidente des Chemins ruraux Hauts-de-France, et explique Charline Stadtfeeld, chargée de mission Hauts-de-France.
Nadia Buttazzoni (à dr.), présidente des Chemins ruraux Hauts-de-France, et explique Charline Stadtfeeld, chargée de mission Hauts-de-France.

La préservation et la protec tion des chemins ruraux. Ce sont les rôles fonda teurs de l’association des Chemins ruraux des Hauts-de-France. Créée en 2004 par des bénévoles de la fédération des chasseurs et de la fédération des randonneurs dans le départe ment de l’Aisne, elle est désormais présente à l’échelle régionale depuis quelques années. Professionnelle, elle emploie un chargé de mission par département afin d’apporter une réelle expertise. «Les communes n’ont pas l’obligation d’entretien des chemins ruraux, mais l’obligation de conservation. Ce sont des chemins du domaine privé à usage du public, explique Nadia Buttazzoni, présidente de l’association, dont le siège social est à Laon, au sein de Naturagora. L’objectif premier est qu’ils ne disparaissent pas». Propriétés des communes depuis 1836, les chemins ruraux ont évolué en fonction des progrès techniques, et sous la pression de l’industrie agro-alimentaire (et maintenant de l’éolien) et un grand nombre d’entre eux ont été stabilisés, quand d’autres ont été abandonnés ou annexés par les riverains.

Et l’enjeu est de taille : depuis 2017, 19% (soit 1 037 hectares) des chemins ruraux ont disparu dans la région, un triste constat, selon l’association. «Il faut que les communes prennent conscience qu’elles perdent du patrimoine important», note encore Nadia Buttazzoni. Et ce constat a été fait il y a 20 ans par un chasseur de l’Aisne, par ailleurs élu de sa commune, rejoint rapidement par les randonneurs. «Certains chemins deviennent inaccessibles, ou sont préemptés ou perdus après 30 ans et peuvent totalement disparaître», explique la présidente de l’association. Ces chemins ruraux représentent pourtant un patrimoine naturel précieux car ils permettent les promenades, des liens aux parcelles agricoles ou de chasse et maillent un territoire. 

Un inventaire complet 

De ce constat, l’association Les Chemins ruraux des Hauts-de-France (qui comptabilise 30 administrateurs) établit un recensement de ce patrimoine pour les communes, de façon très précise. Cet inventaire donne une cartographie fine et apporte une connaissance grâce à des études réalisées sur place, produisant Les chemins ruraux font partie du patrimoine communal. une base d’une réflexion municipale. L’évolution des modes de vie et les préoccupations environnementales portent aujourd’hui des nouveaux intérêts aux chemins ruraux et montrent l’importance de leur conservation. Très active dans ce domaine, l’association a déjà aidé 769 communes, relevant ainsi 5 500 hectares, grâce notamment à une méthode mise en place depuis 2017. Les problématiques de ces chemins sont par ailleurs réelles. Problème d’accès, d’érosion, d’aménagement, de préservation de biodiversité... «les chemins ruraux touchent à de nombreux sujets et utilisateurs, explique Charline Stadtfeeld, chargée de mission Hauts-de-France. Le monde des randonneurs, équestre, des cyclistes, de la chasse et le monde agricole».

Propulsion de projets

Si le recensement détermine concrètement les chemins ruraux, cet inventaire a aussi l’ambition de déclencher des projets de territoire à plus grande échelle, car la connaissance des chemins ruraux développe des projets d’aménagement. Et là aussi l’association est active et productive. «Nous sommes capables d’accompagner les communes dans les réflexions de projets», indique Charline Stadtfeeld. Le développement du tourisme, de trames verte et noire pour la préservation de la biodiversité ou encore la création de maillages stratégiques d’un territoire composent ces projets. Par exemple, l’association relève des points de vues remarquables dans le but de valoriser les points forts d’une zone et y apporter une offre touristique. De là, la création de nouveaux circuits de randonnées peuvent être envisages. 

De tous ces services, Les Chemins ruraux Hauts-de-France apportent également des conseils juridiques. Très au fait du cadre législatif, elle accompagne aussi les communes dans ce sens. «La préservation des chemins ruraux est l’un des objectif du SRADDET régional et c’est inscrit dans le Code rural également. Pour l’heure, c’est un conseil mais la législation devrait évoluer», précise Nadia Buttazzoni. Le schéma régional entend garantir des paysages, un cadre de vie de qualité et d’œuvrer à la reconquête des chemins ruraux... l’intérêt, in fine, de l’association.

En chiffres

769 communes recensées

5 500 ha, surface théorique

4 438 ha de chemins ruraux ouverts