Projet Response à Dijon : premiers bilans pour le quartier à énergie positive
À Dijon, deux ans après son lancement, l’expérimentation Response visant à transformer un quartier d’habitat social en quartier à énergie positive commence à porter ses fruits. Sans toutefois livrer toutes les clés de sa réplicabilité à grande échelle.

À la Fontaine-d’Ouche, quartier emblématique de l’habitat social dijonnais, les chiffres affichés par les promoteurs du programme européen Response sont impressionnants : 30 % d’économies d’énergie par logement, 75 % de dioxyde de carbone en moins émis par les deux îlots concernés, et des factures allégées de 45 à 80 euros par mois pour les habitants. Mais au-delà de ces premiers résultats, présentés lors de l'inauguration le 23 mai dernier, l’expérience reste en phase exploratoire.
Initié en 2020 et officiellement lancé à l’automne 2022, Response entend faire de Dijon un modèle de ville durable, en transformant une partie de son parc immobilier des années 1970 en quartier à énergie positive. Pour l’heure, seules 618 habitations, soit environ 1100 habitants, sont concernées. Un peu plus de 10 % des habitants du quartier.
"L’écologie ne doit pas être réservée aux beaux quartiers"
L’ambition est à la mesure des investissements engagés : 36 millions d’euros, dont près de 14 millions pour la collectivité et plus de 16 millions portés par les bailleurs sociaux Orvitis et Grand Dijon Habitat. Le projet fait partie des deux seuls en Europe retenus dans le cadre du programme européen integRated Solutions for Positive eNergy and reSilient CitiEs (Response). La communication institutionnelle ne s’y trompe pas : un train spécial a été affrété depuis Paris pour la presse, venue assister à l’inauguration. "L’écologie ne doit pas être réservée aux beaux quartiers. Ici, on montre qu’elle peut être un levier social", souligne Nathalie Koenders, maire de Dijon.
Sur le plan technique, Response repose sur une combinaison de leviers : 4 559 panneaux photovoltaïques bifaces installés sur les toits des logements et des équipements publics (écoles Buffon et Anjou), raccordement au réseau de chaleur urbain alimenté à 75 % par des énergies renouvelables, isolation renforcée et optimisation de la consommation des logements via des capteurs intelligents.
Des outils de pilotage numériques développés par EDF permettent de coordonner ces flux en temps réel. "C’est un système centralisé qui régule production, consommation et stockage d’énergie. Il constitue l’épine dorsale de notre dispositif ", décrit Xavier Ursat, directeur exécutif d’EDF en charge de la stratégie et de l’innovation.
"Nous devons encore observer ces systèmes dans le temps pour mesurer leur efficacité"

L’un des pans de Response concerne des capacités de stockage temporaires de l’énergie produite. Trois techniques de stockage sont en test : batteries de haute technologie neuves, batteries issues du recyclage automobile, et stockage thermique via les ballons d’eau chaude.
Mais sur leur capacité réelle de stockage, leur durée de vie ou leur rentabilité, peu d’éléments filtrent. "Nous devons encore observer ces systèmes dans le temps pour mesurer leur efficacité et leur résilience. La seconde année d’expérimentation sera décisive", reconnaît Jean-Patrick Masson, vice-président de la métropole en charge de la transition écologique.
Si la métropole revendique un statut de pionnière, le périmètre de l’expérimentation reste modeste : deux îlots sur les cinquante-cinq hectares du quartier. Les promesses de généralisation, portées par la communication institutionnelle, devront attendre des résultats consolidés. Pour l’heure, Dijon joue la carte du démonstrateur, avec prudence et méthode.
Pour Aletheia Press, Arnaud Morel