Quatre personnes interpellées après des incidents lors d'un concert d'un orchestre israélien à Paris
Quatre personnes ont été placées en garde à vue après des incidents jeudi soir à la Philharmonie de Paris, qui ont causé l'interruption à trois reprises d'un concert de l'Orchestre philharmonique d'Israël, dont...
Quatre personnes ont été placées en garde à vue après des incidents jeudi soir à la Philharmonie de Paris, qui ont causé l'interruption à trois reprises d'un concert de l'Orchestre philharmonique d'Israël, dont la présence en France suscitait la polémique.
"La violence n’a pas sa place dans une salle de concert", a dénoncé la ministre de la Culture Rachida Dati, en soulignant que "la liberté de programmation et de création est un droit fondamental de notre République".
Comme la ministre, la Cité de la musique-Philharmonie de Paris a condamné "fermement les graves incidents" survenus dans la grande salle de concert et a annoncé avoir porté plainte.
Des vidéos visibles en ligne témoignent de la confusion dans la salle Pierre-Boulez: plusieurs d'entre elles montrent une personne qui brandit un fumigène depuis les gradins. D'autres personnes tentent de s'interposer et des violences éclatent.
"A trois reprises, des spectateurs en possession d'un billet ont tenté de diverses manières d'interrompre le concert, dont deux fois avec l'usage de fumigènes", a précisé la Philharmonie, dont le dispositif de sécurité avait été renforcé pour cet événement.
"Les fauteurs de troubles ont été évacués et le concert, qui avait dû s'interrompre, a repris et s'est achevé dans le calme" sous la direction du chef d'orchestre Lahav Shani et avec le pianiste Sir András Schiff, a-t-elle poursuivi.
Des policiers "ont permis l'interpellation rapide de plusieurs auteurs de troubles graves à l'intérieur de la salle et de contenir les manifestants à l'extérieur", a indiqué le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, dans un message sur X, en condamnant ces agissements.
Les gardes à vue concernent trois femmes et un homme, dont trois pour participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations et une pour organisation d’une manifestation non déclarée, a détaillé le parquet de Paris.
Déprogrammé en Belgique
"Ce qu'on a vu hier (jeudi), c'était vraiment la preuve que les Français en ont assez parce que dès que ces voyous ont fait sortir des fumigènes, ils se sont fait tabasser. C'était le public qui réagissait naturellement", a déclaré à l'AFP l'ambassadeur d'Israël en France, Joshua Zarka, qui était présent au concert.
Ce ne sont "pas que des Juifs qui ont réagi", a-t-il poursuivi, précisant que dans le public, les spectateurs étaient de toutes les origines.
Manon Aubry, députée européenne LFI, a refusé sur Cnews-Europe 1 de condamner les violences, en soulignant que l'orchestre "représente l'Etat israélien". "Aujourd'hui le meilleur moyen que ce type d'incident ne se reproduise pas, c'est que le gouvernement israélien arrête de massacrer tout un peuple", a-t-elle lancé.
Pour sa part, la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, a dénoncé des actes "intolérables" provoqués par "des activistes antisémites d'extrême gauche" et a appelé à "une réponse judiciaire exemplaire".
En septembre, l'Orchestre philharmonique de Munich avait été déprogrammé d'un festival belge où il devait se produire sous la direction de Lahav Shani, un jeune chef de 36 ans.
Lahav Shani avait alors accusé la direction du festival belge d'avoir cédé "aux pressions politiques". "Elle a exigé que je fasse une déclaration politique malgré mon engagement de longue date et publiquement exprimé en faveur de la paix et de la réconciliation", avait-il déclaré.
Ces derniers jours, la polémique avait enflé sur la venue de l’Orchestre philharmonique d'Israël à Paris.
Des militants propalestiniens avaient demandé l'annulation du concert. Le syndicat de la CGT-Spectacle réclamait que la Philharmonie "rappelle à son public les accusations gravissimes qui pèsent contre les dirigeants" d'Israël, notamment dans la guerre à Gaza.
Lundi, la Philharmonie de Paris avait dit espérer que le concert "puisse se tenir dans les meilleures conditions possibles" et rappelé qu'elle accueillait "aussi bien des artistes israéliens que palestiniens" sans "jamais" exiger de prise de position des artistes sur des enjeux politiques sensibles.
"La violence n'est pas un débat. Et la faire entrer dans une salle de concert est très grave", a-t-elle réaffirmé vendredi.
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