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Qui est Philippe Aghion, Prix Nobel français d'économie ?

Le lauréat français du prestigieux prix décerné lundi - une première pour l'Hexagone depuis 2019 -, ex-conseiller du Président, veut davantage réguler le capitalisme, en favorisant une politique industrielle basée sur l'innovation. Portrait.

Philippe Aghion, Prix Nobel d'économie 2025.
Philippe Aghion, Prix Nobel d'économie 2025.

Le Français Philippe Aghion, lauréat du prix Nobel d'économie lundi 13 octobre - une première pour l'Hexagone depuis 2019 avec Esther Duflo -, veut davantage réguler le capitalisme, en favorisant une politique industrielle basée sur l'innovation. Le prix vient récompenser ses travaux d'inspiration schumpetérienne sur la croissance et l'innovation, développés avec Peter Howitt dans l'ouvrage "Théorie de la croissance endogène" (1998).

"La croissance, c'est l'innovation"

A 69 ans, Philippe Aghion, disciple de l'économiste autrichien Schumpeter, diplômé de Normale Sup Cachan et d'Harvard, croit dans "le pouvoir de la destruction créatrice", qui est le titre de son dernier ouvrage. "L'idée, c'est de dire que la croissance, au long terme, c'est l'innovation. Et pas l'accumulation de capital, qui au bout d'un moment s'essouffle", plaidait-il il y a six ans. 

Proche du président français depuis qu'ils se sont rencontrés en 2007, Philippe Aghion a aidé Emmanuel Macron à élaborer son programme économique, avant de critiquer en 2024 "une dérive vers la droite" et un "pouvoir vertical".

Aragon, Eluard...

Né le 17 août 1956, il a grandi jusqu'à dix ans entre deux parents issus de familles juives d'Alexandrie. Sa mère Gaby Aghion, née Gabrielle Hanoka, célèbre fondatrice de la marque de prêt-à-porter de luxe Chloé, et son père Raymond, qui, propriétaire d'une galerie d'art, a joué un rôle important dans l'avènement du mouvement surréaliste et communiste égyptien. De ce père qu'il admire tant, il retient la révolte contre les inégalités et la misère, qui le pousse vers le communisme de 1973 à 1984.

Contre la taxe Zucman

Il ne voit pas cet engagement comme une contradiction avec ses positions actuelles : "Je crois dans les mêmes valeurs, mais je ne crois plus au grand soir", explique-il. "On ne peut pas dépasser le capitalisme, en revanche on peut le réguler", selon cet économiste opposé à la taxe Zucman et en faveur de la suspension de la réforme des retraites jusqu'à la présidentielle de 2027. 

"Je pense que je suis un homme de gauche. Mais je ne suis pas un économiste de gauche"

Selon lui, "l'important, c'est d'adopter des politiques qui renforcent l'innovation, mais en même temps de construire un système avec une réelle mobilité sociale", à la manière des modèles scandinaves, un capitalisme qui doit "penser aux plus vulnérables".

Il a approuvé nombre de réformes ou de projets de réforme de libéralisation d'Emmanuel Macron, - comme la "flat-tax", l'impôt forfaitaire sur les revenus du capital, ou le remplacement de l'impôt sur la fortune (ISF) par l'impôt sur la fortune immobilière (IFI).

Philippe Aghion plaide pour une politique industrielle, mais profondément rénovée, au service de l'innovation. Il a en outre co-présidé un comité interministériel sur l'intelligence artificielle, préconisant en 2024 des investissements massifs, et a estimé dans un entretien récent au quotidien français Le Monde que "le facteur-clé de la puissance économique, c'est le leadership technologique". Ce social-libéral réfute la qualification d'économiste de gauche : "Je pense que je suis un homme de gauche. Mais je ne suis pas un économiste de gauche"...