Rugby: enquête ouverte après des accusations de propos lesbophobes au Stade français, un dirigeant suspendu
Une enquête a été ouverte contre le directeur sportif de la section féminine du Stade français, visé par une plainte pour harcèlement et propos lesbophobes, alors qu'il a également été suspendu...

Une enquête a été ouverte contre le directeur sportif de la section féminine du Stade français, visé par une plainte pour harcèlement et propos lesbophobes, alors qu'il a également été suspendu par la FFR, a appris l'AFP mardi.
Le parquet de Paris a confirmé "que cette plainte reprochant des faits de harcèlement moral et des propos homophobes par la direction du Stade Français a été reçue au parquet de Paris le 14 janvier, et confiée en enquête à la Brigade de Répression de la Délinquance aux Personnes (BRDP)".
Mediapart avait révélé il y a quelques semaines ces accusations, venant de Laura, 27 ans, directrice bénévole de l'équipe féminine de rugby.
Après avoir subi ce qu'elle considérait comme "une énième humiliation" lors des vacances de la Toussaint à l'automne dernier, Laura, avait d'abord fait un signalement à la Fédération Française de Rugby (FFR) en décembre, démarche dont elle a informé le bureau exécutif du Stade français.
Dans l'attente de la décision de la commission de discipline, saisie par le secrétaire général de la FFR, le directeur sportif de l'association du Stade français a été suspendu à titre conservatoire de ses fonctions sportives, a appris l'AFP de sources concordantes.
Soulagée
Une enquête interne au Stade Français a aussi été menée et début janvier le dirigeant a écopé d'un blâme. Il a été depuis suspendu de ses fonctions auprès de l'équipe féminine, mais a conservé le reste de ses prérogatives au sein de l'association. Selon Mediapart, les propos homophobes et sexistes ainsi que le harcèlement n'ont pas été "retenus" contre le directeur sportif.
Laura, qui n'a pas souhaité donner son nom, a ensuite porté plainte mi-janvier contre les "propos dérangeants, homophobes et sexistes" dont elle accuse le dirigeant.
"Je suis soulagée que le parquet fasse le nécessaire", a-t-elle déclaré à l'AFP mardi soir.
Jeudi 22 mai, les joueuses des Pink Rockets, l'équipe féminine du Stade français, ont appelé dans un communiqué à la démission du directeur sportif, dont les paroles "participent à un système de domination et d'exclusion", et critiqué "l'inaction et les tentatives de dissimulation" du bureau de l'association, gérant la structure non-professionnelle du club.
"J'espère que les choses vont aller dans le bon sens et que ses propos vont être punis, au moins ce ne sera plus du ressort de l'association", a estimé Laura mardi soir.
Le secrétaire de l'association du Stade français François Davoine estime auprès de l'AFP que l'organisation, "a fait le maximum qu'on pouvait faire. On n'est pas des enquêteurs professionnels, on est des bénévoles. On a fait notre enquête pour que la lumière soit faite, et on a rendu une sanction avec les éléments qu'on avait."
Il reconnaît cependant "des erreurs de communications" envers les joueuses sur les sanctions qui ont été rendues contre le dirigeant. Une réunion de deux heures s'est tenue lundi entre "une trentaine" de joueuses et des membres du bureau de l'association pour tenter de rapprocher les positions et faire "table rase" des derniers épisodes, assure-t-il.
Laura a d'abord été joueuse dans le club parisien durant une saison, en 2022-2023, puis a ensuite intégré l'encadrement au moment où le directeur sportif a pris ses fonctions au sein de l'association qui gère les catégories de jeunes et féminines du Stade français, en parallèle de la structure professionnelle masculine évoluant en Top 14.
"Dans le dossier que j'apporte à la Fédération, il y a six témoignages (de joueuses), mais il faut savoir qu'il y a des filles qui n'ont pas osé témoigner, par peur que ça entache leur carrière rugbystique", soulignait Laura, affirmant que le dirigeant menaçait les joueuses de "pourrir" leurs carrières si elles quittaient le club.
Les témoignages font état d'insultes lesbophobes, dénigrant la sexualité des joueuses.
Laura questionnait également le rôle de la structure professionnelle dirigée par l'ancien international Thomas Lombard, avec qui elle a eu rendez-vous, mais dont elle juge le soutien "inexistant".
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