Sur le chantier de l'A69, reprise des travaux timide et sous surveillance policière
Des ouvriers s'activent autour d'une pile de pont, quelques pelleteuses remodèlent des fossés: sur le chantier de l'autoroute A69 Toulouse-Castres, interrompu depuis fin février, les travaux reprennent timidement et sous surveillance policière, à...

Des ouvriers s'activent autour d'une pile de pont, quelques pelleteuses remodèlent des fossés: sur le chantier de l'autoroute A69 Toulouse-Castres, interrompu depuis fin février, les travaux reprennent timidement et sous surveillance policière, à quelques jours d'une nouvelle mobilisation des opposants.
Sous un chaud soleil, une dizaine d'uniformes orange casqués s'affairent autour des structures grises d'un pont en construction, une grue déplace des blocs de béton et des camions-bennes sillonnent la large bande de terre qui coupe en deux Saint-Germain-des-Près, petite commune du Tarn.
"Aujourd'hui, ils ont refait des talus, nettoyé, ça a l'air de vouloir reprendre, il nous tarde que ce soit fait", a indiqué à l'AFP Raymond Frède, le maire du village.
Sur d'autres points du tracé, des pelleteuses travaillent des fossés de terre sous le regard de quelques ouvriers, ont également constaté des journalistes de l'AFP, qui ont croisé de nombreux véhicules de gendarmerie et de CRS sur la route nationale qui serpente entre les morceaux de l'autoroute en construction.
Une colonne de fourgons des forces de l'ordre était également stationnée, non loin du siège provisoire d'Atosca, le futur concessionnaire de l'autoroute et actuel maître d'oeuvre du chantier.
assainissement
Le 28 mai, la cour administrative d'appel de Toulouse a autorisé une reprise des travaux, interrompus par un jugement du tribunal administratif qui avait annulé fin février l'autorisation environnementale accordée à ce projet controversé d'autoroute.
Dans la foulée de la décision des juges d'appel, le ministre des Transports Philippe Tabarot avait évoqué une reprise du chantier à la mi-juin, sans qu'elle soit véritablement perceptible jusque-là sur le terrain.
Contacté par l'AFP, le ministère a confirmé en ce début de semaine qu'elle était effective depuis le 17 juin mais qu'elle se faisait progressivement.
"Ça redémarre avec les mesures d'aménagement environnemental, notamment tout ce qui a trait à l'assainissement", a-t-on ainsi expliqué au ministère.
"Il nous faut le temps, maintenant, de nous remettre en marche", avait déclaré dans un entretien à l'AFP début juin, Martial Gerlinger, directeur général d'Atosca.
A la mi-juin, avait-il précisé, devaient ainsi démarrer "l'état des lieux, y compris environnemental, de l'ensemble du tracé dans sa configuration actuelle", une évaluation de "la situation des équipements de protection de l'environnement" et des équipements d'assainissement.
nouvelle procédure
Les opposants à l'A69 constataient également plus de mouvements sur le chantier ces derniers jours mais y voyaient une reprise plus "symbolique" que réelle.
"Depuis cette semaine, il y a peut-être une dizaine de pelleteuses qui sont arrivées mais de toute façon, il y a de telles mises en conformité à faire qu'avec l'effectif actuel, il leur faudra des mois avant de revenir à l'état du chantier de février", a expliqué à l'AFP Geoffrey Tarroux, membre du groupe d'opposants La Voie est libre (LVEL).
Sur le terrain juridique, en dépit de l'autorisation de reprise, ce collectif n'entend pas désarmer et a annoncé le dépôt lundi d'une citation directe devant le tribunal correctionnel de Toulouse, mettant en cause Atosca pour son "cortège d'atteintes illégales à l'environnement" sur le chantier.
La procédure s'ajoute à celle engagée devant la cour administrative d'appel de Toulouse, qui doit se prononcer sur le fond en fin d'année, et à la bataille qui se joue au Parlement, où un texte validant le projet d'autoroute -sans attendre cette décision sur le fond de la justice administrative- doit être examiné mercredi soir en commission mixte paritaire (CMP).
Dans ce contexte, des mouvements d'opposition à l'autoroute, dont les Soulèvements de la Terre, ont appelé à une grande "fête d'enterrement" de l'A69 les 4, 5 et 6 juillet dans le Tarn.
Trois grands rassemblements contre ce projet de création de 53 km d'autoroute entre Castres et Toulouse ont déjà réuni localement plusieurs milliers d'opposants: en avril puis octobre 2023 et enfin, en juin 2024, les deux derniers étant marqués par des affrontements avec les forces de l'ordre.
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